Cet homme riche, était-il si parfait que cela ? Il nous dit qu’il a toujours respecté les commandements. En d’autres termes, il n’a jamais fait le mal. Mais a-t-il fait le bien ? A-t-il rendu service à l’un ou à l’autre ? S’est-il inquiété de l’un ou de l’autre ? Ou a-t-il tout simplement fait son devoir ? Il n’aime pas qu’on le dérange. Il n’aime pas se déranger pour les autres. Sa maison est bien rangée, mais elle est froide. Sa petite vie est bien réglée, mais elle est vide. Et le malheureux se tourne vers le Seigneur et il lui demande : « que dois-je faire pour être heureux ? » Et le Christ lui répond : « quitte tout et suis-moi. »
C’est ce que Mère Teresa et Sœur Emmanuelle ont fait à l’âge de la retraite. Après avoir travaillé tout leur vie, elles ont quitté la chaleur de leur couvent pour aller réconforter les agonisants de Calcutta ou pour accompagner les enfants au milieu des détritus du Caire. Elles ont cassé la certitude du rythme rassurant de tous les jours pour affronter la saleté et le rejet de la société.
Le Christ ne nous demande pas autant. Mais, nous, nous demandons beaucoup et nous avons raison. Nous voudrions avoir une vie pleine et bien remplie. Remplie d’enthousiasme et de nouvelles aventures. Et c’est ce que les apôtres ont connu : une vie bien remplie, pleine d’enthousiasme et de nouvelles aventures. Et cela les a conduits au don suprême de leur vie pour le Bien-aimé.
Et c’est cela sans doute ce qu’exige une vie bien remplie. Cela demande de se vider de ses vieilles rancunes, de ses vieilles désillusions, de se donner à soi-même et aux autres la chance, le risque de vivre à nouveau. Oui, me direz-vous, mais voilà quarante ans que je vis avec la même personne. Peut-être y a-t-il moyen de commencer une nouvelle vie avec cette personne. Il y a peut-être un moyen pour cela. Pendant une semaine, tous les soirs, il s’agirait de repenser à cette personne et lui trouver une qualité ou se rappeler une belle chose qu’il (ou qu’elle) a faite pendant cette journée. Et pour tous ceux qui viennent de loin et qui affrontent la difficile démarche de l’intégration, il s’agit peut-être de se rappeler une belle rencontre avec quelqu’un qui nous a considérés comme un être vivant et digne d’intérêt. Et c’est ainsi que petit à petit, jour après jour, nous changerons notre regard sur le monde, sur les autres. Nous serons alors petit à petit capables de découvrir Dieu présent à l’intérieur de notre vie. Nous serons alors riches de sa présence et de sa sollicitude.