Il y en a qui ne manquent pas d’air et les deux apôtres, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, font partie de ce groupe. Tous deux demandent à Jésus la plus belle place alors qu celui-ci venait d’annoncer pour la troisième fois que lui, le Sauveur, allait être crucifié et mis à mort. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces deux là ne manque pas d’ambition.
Attention ! L’ambition n’est pas toujours un défaut. Le fœtus dans le ventre de sa mère ne demande qu’une chose à un certain moment : sortir et vivre autrement. Le bébé quitte les barreaux étroits de son parc pour partir à la découverte du monde. Avec l’adolescent, c’est autre chose. Quand on lui demande ce qu’il veut faire dans la vie, il répond : bof ! Et on commence à s’inquiéter parce que tous, nous devons avoir un projet dans la vie, une ambition à vouloir réaliser. Evidemment, l’ambition évolue avec l’âge. Aux jeunes années, les grandes entreprises. A l’âge mûr, des buts accessibles et proportionnés. Mais tous, nous avons besoin d’un rêve, d’un idéal, le matin pour nous lever, le midi pour continuer, le soir pour espérer. Et quel est l’idéal que nous propose l’Evangile ? Servir.
Voilà qui refroidit l’enthousiasme ! Servir, cela ne veut-il pas dire aussi se laisser berner, abuser ? Parce que le mot ambition rime avec domination. Et tout le monde se souvient d’un petit caporal allemand avec une petite moustache qui hurlait tout le temps et qui rêvait de grandes choses pour l’Allemagne et qui a conduit le monde à la mort et à la destruction. Alors qu’est-ce que cela veut dire : servir dans ce cas-ci ? L’Evangile nous le dit lui-même. Ce passage d’aujourd’hui se trouve juste après l’annonce de la Passion. Et c’est là sans doute le premier service que nous puissions nous rendre les uns les autres : écouter, entendre mon frère ou ma sœur qui soupire de douleurs ou qui chante de joie. Nous sommes souvent tellement enfermés dans notre ambition, dans notre façon de voir la vie et le monde que nous n’entendons plus notre voisin, notre conjoint. Nous sommes tellement enfermés dans nos propres préoccupations que nous sommes incapables de communiquer. Et il y a tellement de détresses et de solitudes autour de nous.
Mais quel est le passage de l’Ecriture qui nous montre Jésus entouré de deux personnes, comme s’il était sur un trône entouré de deux ministres ? C’est lors de la crucifixion. Jésus est entouré de deux bandits et l’attitude de chacun de ces deux bandits symbolise notre attitude face à la vie, face à l’échec. Le premier hurle ses reproches à Jésus, parce que c’est toujours la faute des autres, la faute de Dieu s’il y a le mal sur la terre. Le second demande simplement à Jésus de pouvoir rester avec lui. Et n’est-ce pas là la plus belle de toutes les ambitions : rester auprès de Bien-aimé quoi que cela puisse coûter, car cette présence, cette amitié, cette complicité avec le Bien-aimé est la plus belle de toutes les choses que l’on puisse espérer et ambitionner.