28ème dimanche, année A

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 12/10/14
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

Jésus n’a décidément pas la manière de se faire des amis. Voilà qu’il nous annonce qu’il nous rejettera comme le roi a rejeté les invités de la noce et qu’il va inviter tous les gens qui traînent dans la rue, les drogués, les prostituées, les bons comme les mauvais.  Ce n’est vraiment pas comme cela qu’il va nous encourager à le suivre.  Mais il est vrai qu’il veut nous réveiller, nous faire sortir de notre torpeur, de nos petites habitudes.  On finit par vivre avec Jésus comme avec n’importe qui.  Dieu fait partie de la liste de nos amis, sans rien de plus, alors que Jésus devrait être au centre actif de notre existence.   Cela me rappelle cette petite histoire de couvent.  C’était au noviciat.  Le noviciat, vous le savez, c’est la première année au couvent.  C’est une année de solitude, de prières et d’approfondissement spirituel.  Il y avait donc dans un couvent un couloir réservé au noviciat.  Les novices étaient répartis de part et d’autre du couloir et au bout du couloir il y avait la chambre, la cellule du père maître.  C’était un vrai père maître, sérieux, vertueux, ennuyeux.  Le père maître préparait sa prochaine conférence spirituelle sur la joie dans les épreuves.  Il entend soudain une porte claquer, des pas précipités dans le couloir des coups portés sur la porte : « père maître, père maître – oui, entrez ».  La porte s’ouvre violemment.  Le frère novice entre précipitamment.  Il est là tout essoufflé, bouleversé.  « Père maître, père maître, le Seigneur … - oui – père maître, Dieu nous aime – oui, et alors ? » Il ne faut certes pas vouloir imiter l’excitation du jeune novice.  On essaie parfois de retrouver des sentiments pour Dieu, mais c’est parfois artificiel, superficiel. Il y a de très belles musiques qui peuvent nous émouvoir.  Mais Dieu est plus que cela.  Et de plus à chaque âge sa passion, ou mieux, à chaque âge sa façon de vivre la passion amoureuse.  Mais le danger est grand de tellement s’habituer à l’amour de Dieu que l’on n’est plus capable d’en voir le caractère révolutionnaire et épanouissant.  Regardez comment l’Evangile parle des invités indifférents : les invités ne voulaient pas venir », « ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent l’un à son champ, l’autre à son commerce ».  La collection de timbres ou les mots croisés sont devenus plus importants que la rencontre avec son conjoint, son enfant, son proche parent.  Et chacun s’enferme dans la solitude et dans l’indifférence.  Il faut réagir contre cela.  Oui, mais comment ? En découvrant avec émerveillement notre voisin et notre voisine.  Oui, Dieu nous invite à ses noces.   Oui, Dieu nous dérange dans nos petites habitudes tellement rassurantes.  Oui, Dieu nous parle à travers ce voisin et cette voisine qui eux aussi sont venus chercher l’eau vive et le pain de la vie éternelle.  Merci, mon frère, d’être là auprès de moi.  Apprends-moi à t’aimer afin que je puisse vraiment aimer Dieu.