2e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

Jn 20, 19-31

Avez-vous fait un bon carême ? Vous êtes-vous privé de friandises, d'alcools, de distractions ? Avez-vous fait 40 jours de pénitence comme l'Eglise le recommande ?...

- Euh, non...Enfin...pas beaucoup...

Eh bien !, rassurez-vous : sachez que Saint Pierre, Saint .Jean et les autres, comme tous les premiers siècles chrétiens, n'ont jamais "fait carême". Ils se limitaient à un ou deux jours de jeûne total les vendredi et samedi saints (mémoire de la Crucifixion). C'est bien plus tard que des moines ont imposé le temps quadragésimal, 40 jours de privations.

Ce qui intéressait les premiers frères, ce qu'ils fêtaient - avec une joie dont nous n'avons plus idée -, ce n'était pas le temps avant la Croix, mais le temps après la Résurrection, les 7 semaines qui allaient du jour de Pâques au jour de Pentecôte quand l'Esprit fut donné.

Cette cinquantaine sainte (7 semaines plus 1 jour) s'appelait le temps de Pâques ou le temps de Pentecôte ou le Grand Dimanche. Il y était interdit de jeûner, de s'attrister et même de s'agenouiller pour prier. Avec son Seigneur, l'Eglise était debout, ruisselante d'allégresse, unie dans la prière à l'Esprit.

LA DOUBLE EXPERIENCE DES APÔTRES

En effet, les apôtres venaient de faire une expérience terrible : ainsi donc on pouvait vivre avec Jésus pendant plus de 2 ans, écouter ses enseignements, admirer ses miracles, partager ses privations, l'assurer qu'on l'aimait jusqu'à donner sa vie pour lui...et, à l'approche du danger, on s'enfuyait dans la nuit, on abandonnait le Maître à ses ennemis ! Jamais les apôtres n'avaient commis pareil crime ! Jamais ils ne s'étaient cru capables d'un telle trahison !

Mais immédiatement après, ces mêmes apôtres avaient vécu une expérience extraordinaire. Le Seigneur, qui était allé seul au supplice et à la mort, était revenu vers eux. Au lieu de maudire ses anciens amis renégats et de les châtier pour leur immonde péché, il leur avait montré ses plaies en leur offrant sa Paix.

Oui c'était pour eux qu'il avait accepté la croix ; il était l'Agneau qui avait versé son sang afin de pardonner leur crime et ainsi les libérer de la prison du remords et de la culpabilité. S. Jean raconte la scène des retrouvailles :

Le soir du premier jour de la semaine (jour où Jésus est ressuscité - qui deviendra le dimanche), les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, tellement ils avaient peur. Jésus vint, il était là au milieu d'eux et il leur dit : " La Paix soit avec vous" et, ce disant, il leur montra ses mains et son côté... Ils furent remplis de joie en voyant le Seigneur

LA MISSION POUR OFFRIR LE PARDON

Mais du coup, enfin convertis, enfin convaincus que le passage de Jésus de la mort à la Vie les faisait d'emblée passer de la mort du péché à la Vie du pardon, ils pouvaient - ils devaient - partir en mission pour partager ce don.

Jésus leur dit à nouveau : " La Paix soit avec vous". De même que le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." Il souffla sur eux : " Recevez l'Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez les péchés, ils lui seront remis...

Il est urgent que, sans mépris, certes, pour le carême, l'Eglise retrouve la pratique des premières générations.

Le grand temps de fête de l'année, c'est bien ce temps pascal qui, de Pâques, nous conduit à la Pentecôte. C'était d'ailleurs l'unique fête de l'Eglise des premiers siècles - qui ne connaissait ni Noël, ni Carême, ni Assomption, ni Toussaint...

50 jours pour comprendre que l'on ne bâtit pas sa vie sur ses propres ressources car le Royaume ne sera jamais le résultat de nos efforts.

50 jours pour être submergé par la joie de la miséricorde.

50 jours pour réaliser vraiment que Jésus est vivant, qu'il se tient au milieu des siens lorsque, le dimanche, il les réunit, leur parle et leur partage son Pain et son Vin.

50 jours pour revaloriser le moment de l'Eucharistie, réunion obligatoire des chrétiens, jour mémorial de la résurrection. Car S. Jean, avec l'exemple de S. Thomas, nous certifie que la rencontre de Jésus se réalise au cours de l'assemblée dominicale (rite qui était donc déjà installé à la fin du 1er siècle) :

Huit jours plus tard, les disciples étaient à nouveau dans la maison et Thomas était avec eux. Jésus vient : " Paix à vous". Il dit à Thomas : " Avance ton doigt, vois mes mains...Cesse d'être incrédule : sois croyant. Et Thomas de dire : " Mon Seigneur et mon Dieu

50 jours pour demander à recevoir l'Esprit. Car on ne le possède jamais et on doit sans cesse le quémander.

50 jours pour reprendre conscience que nous avons, tous, une mission essentielle à accomplir dans le monde : non pas d'abord faire le bien (les incroyants le font aussi) mais transmettre le pardon des péchés à ceux qui consentent à les reconnaître, partager avec eux la certitude d'être toujours à nouveau acceptés par un Dieu de tendresse et d'infinie patience.

50 jours de joie pour chanter sans arrêt le grand cantique de l'Eglise sauvée :

Alleluia ... Alleluia ... Alleluia...