Jn 20, 19-31 Dieu existe-t-il vraiment ? Jésus était-il bien le Fils de Dieu ? Sa résurrection : rêve ou réalité ? L'histoire de Thomas, une parabole ou un récit historique ? Quelques questions parmi d'autres, de quoi agrémenter notre dimanche en ce temps de Pâques. Et pour vous spécialement aujourd'hui, dans quelques instants, vous aurez enfin la réponse à toutes ces questions. Il m'aura fallu de longues minutes de réflexion pour aboutir à certaines conclusions que je souhaitais vous livrer avant de m'envoler pour quelques semaines rejoindre nos frères dominicains du Rwanda et du Burundi. Pour ce faire, repartons de l'histoire de Thomas. Personnage mystérieux dont nous ne savons pas grand chose à la lecture des évangiles, à part son incrédulité évidemment. Ce qui est étonnant, c'est ce détail qui est précisé chaque fois qu'il est cité : Thomas dont le nom signifie jumeau. Mais jumeau de qui ? A ma connaissance, je ne connais que deux interprétations : il est nommé jumeau en référence à Pierre qui est l'image par excellence de celui qui doute, qui manque de courage pour affirmer ses convictions et qui ne comprend rien. Ou encore, il est jumeau de chacune et de chacun d'entre nous en son incrédulité. Il devient de la sorte un personnage essentiel sur le chemin de notre foi puisque par sa présence, par son questionnement et ses doutes, il nous autorise à mettre les pas dans les siens pour que nous aussi, nous puissions arriver un jour à clamer haut et fort : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Mais c'est trop facile de dire qu'il est notre jumeau. Trop facile parce que lui a eu la possibilité de vérifier ses doutes, de les confronter pour reconnaître Jésus comme Fils de Dieu. Ca me fait une belle jambe de le savoir mon jumeau dans la foi, alors que moi, je n'ai aucune certitude, aucun moyen de me trouver face à Dieu, si ce n'est lors de mon passage dans l'éternité. Je ne puis alors que vivre d'espérance, accepter de croire ce que l'on m'a enseigné, ce que l'on m'a fait découvrir. Peut-être même, oser tenter d'entrer en relation avec Dieu. Cette relation se construit de diverses manières, il est vrai. Je peux vivre cette relation intime entre Dieu et moi soit par la lecture des Ecritures. La Bible est un livre révélé qui m'aide à mieux saisir le mystère qui me fait vivre, il me permet de ne pas devoir réinventer la roue à chaque fois en me proposant un chemin d'humanité qui me permet de me réaliser. Mais la Bible reste un livre même si c'est la Bible. Elle me permet simplement de comprendre un peu plus ce qui habite au plus profond de mon être mais je n'ai pas de certitude quant à l'existence de Dieu pour autant, même si ce fameux livre a traversé déjà quelques millénaires. Il n'est pas une preuve historique. Par delà les Ecritures, Dieu, me direz-vous, vous pouvez aussi le rencontrer au coeur de votre prière, c'est-à-dire dans cet espace intérieur que vous vous offrez pour vivre de sa présence. Entre Lui et moi s'installe, une discussion faite de demandes, de merci. Elle est le lieu de mes incompréhensions, de mes questions et parfois même de mes énervements vis-à-vis de Dieu quand je vois la manière dont le monde tourne. Mais est-ce moi qui prie en Dieu, Dieu qui prie en moi ou encore une dynamique relationnelle où poussé par l'Esprit, je pars à la rencontre du Fils qui me reconduit toujours au Père. Ma prière est-elle une véritable relation ou le fruit de mon imagination ? Ce n'est hélas toujours pas une preuve scientifique. Il me reste alors un troisième chemin possible : il est tout bête, tout simple, c'est le chemin de l'amour. Me revient à l'esprit l'épisode d'un dîner. Ce midi-là, la nourriture n'était pas exceptionnelle, mais le repas était vraiment un temps de rencontre entre deux êtres. La relation qui s'était nouée autour de cette table était une relation d'amour d'amitié. Les mots se partageaient en vérité. Nous n'avions pas peur l'un de l'autre ni de nos vulnérabilités, ni de nos ambiguïtés. Nous nous rencontrions vraiment en vérité, comme si quelque chose nous dépassait, nous dépossédait. Nous étions enlevés de nous-mêmes et légers de pouvoir être pleinement ce que nous étions. Lorsque l'amour d'amitié atteint un tel degré, il devient véritablement signe de la présence de Dieu. La rencontre est sacramentelle comme si la liberté d'aimer était preuve de l'existence de Dieu. Oh, non pas une preuve scientifique, mais une preuve de foi. L'amour d'amitié est le lieu par excellence où Dieu se révèle à nous. Puissions-nous ne jamais passé à côté, parce que toute rencontre d'amitié en vérité est symbole de ce bonheur auquel nous sommes toutes et tous appelés. C'est donc bien dans l'amour, et l'amour seulement que nous trouverons les réponses à toutes nos questions existentielles. Il suffit alors d'aimer, d'aimer en vérité. Amen.