LA PRÉSENCE DU SEIGNEUR DANS SON ASSEMBLÉE.
Pendant 7 semaines (une est déjà passée), nous vivons « le temps pascal », « la Grande Cinquantaine », la période la plus importante de l'année. Baignant dans l'allégresse, nous scrutons l'Evangile pour mieux comprendre Pâques et nous prions pour que vienne l'Esprit de Dieu à la Pentecôte. En effet s'il est bon de « faire » des petits sacrifices au long des 40 jours de carême, c'est dans le but de vivre les 50 jours du temps pascal en « se laissant faire » par l'Esprit-Saint.
UNE PRESENCE NOUVELLE
Comme les trois autres évangélistes, Jean souligne que la découverte de Jésus ressuscité s'est réalisée le lendemain du shabbat, donc le premier jour de la semaine. Ecrasés de honte après leur lâche abandon du maître et morts de peur, les apôtres s'étaient calfeutrés dans une maison. Marie-Madeleine, le matin même, avait découvert le tombeau vide (ce que Pierre et Jean avaient confirmé) et elle avait affirmé qu'elle avait rencontré Jésus vivant ! Vrai ou faux ? Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Tout à coup :
Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! ». Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Impossible de décrire ce qu'est Jésus ressuscité, tout différent de ce qu'était Lazare réanimé car désormais il échappe à la matérialité et aux contraintes de l'espace-temps et nul verrou ne peut lui interdire le passage. D'abord il est présent au milieu des siens : il ne leur fait nul reproche et au contraire il leur donne sa paix. Ce n'est pas un salut banal : cette paix est le fruit des plaies qu'il exhibe, de sa Passion qu'il a vécue par amour pour eux. Aussitôt leur peur disparaît, leurs doutes s'évanouissent et ils sont comblés d'une joie indicible, celle qu'il leur avait promise lors de l'ultime soirée : « Je vous verrai à nouveau, votre c½ur se réjouira et cette joie, nul ne vous la ravira » (Jn 16, 22).
Ce Jésus que nous avons si souvent trahi revient toujours parmi nous, sans colère, car il veut enfin nous faire comprendre sa miséricorde. Pourquoi tant de chrétiens à l'air triste, au visage fermé ? Ne savent-ils pas que, sorti de la tombe, Jésus est capable de nous faire sortir de nos craintes ? Sa mort offerte et sa Vie nouvelle « ressuscitent » l'Eglise trop souvent enfermée dans sa tiédeur et ses routines.
DON DE L'ESPRIT ET MISSION
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. ». Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Jésus a toujours considéré sa vie comme celle du Fils envoyé par son Père pour accomplir le sauvetage de l'humanité embourbée dans ses vices, sa violence, son orgueil. Il a accompli l'essentiel de cette ½uvre : à présent il envoie ses disciples pour annoncer cette Bonne Nouvelle à tous les peuples. Ils vont prolonger son envoi aux hommes : c'est pourquoi ils doivent au préalable, comme lui, être remplis de l'Esprit de Dieu.
Lorsque, 5 siècles auparavant, les Juifs, déportés à Babylone, se croyaient en voie d'extinction, le prophète Ezéchiel leur avait rendu l'espérance (37, 11-14) :
« Ils disent : « Nos ossements sont desséchés, notre espérance a disparu, nous sommes en pièces. Ainsi parle le Seigneur : « Je vais ouvrir vos tombeaux, je vous ferai remonter et vous ramènerai au pays...Je mettrai mon Souffle en vous pour que vous viviez : ainsi vous connaîtrez que c'est Moi, le Seigneur, qui réalise ».
Jésus basculé dans la fosse de la mort a vécu cette expérience : puisque Dieu l'en a fait sortir, il peut maintenant prolonger cette action en déverrouillant ses disciples de la peur où ils s'enfermaient : l'Esprit, c.à.d. le Souffle, les relève, les unit dans la communion et va les envoyer proclamer le Message pascal...qui consiste à proposer le pardon des péchés à quiconque le demandera.
La mission n'est donc pas catalogue de dogmes, leçon de morale, obligation de rites mais fondamentalement annonce du pardon de Dieu qui vient des plaies de Jésus. Certains, hélas, déclineront cette offre de miséricorde : l'Eglise prie pour qu'ils sortent de leur refus et la rejoignent dans la grâce.
CHAQUE DIMANCHE OUVRE A LA FOI DONC À LA VIE
Or, l'un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c'est-à-dire Jumeau), n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! ».Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! ». Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! ». Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant ». Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
Il faut être avec les autres car la foi n'est jamais une piété individuelle, une croyance cachée. Barthélemy n'ayant pas vécu l'expérience pascale, se braque dons son incrédulité. Tous les autres Apôtres ont beau sauter de joie, lui répéter qu'ils n'ont pas rêvé, que Jésus est vivant... : il ne parvient pas à leur faire confiance. Pour lui la résurrection est impossible.
« Huit jours plus tard » c.à.d. le premier jour de la semaine suivante, tout le groupe est à nouveau réuni... tant il est vrai que c'est le dimanche que tous les croyants doivent se rassembler et que chacun se doit de les rejoindre puisque c'est là que Jésus est présent au milieu d'eux.
Infiniment bon et patient, Jésus accède à la demande de Barthélemy mais c'est pour lui confier qu'il a eu tort de ne pas croire ses collègues et que dorénavant, comme tous, il doit croire sans voir.
La méditation de la Passion de Jésus, la réflexion sur ses souffrances, la pensée de ses plaies en même temps que l'annonce unanime des croyants et leur joie d'être unis dans une communauté pacifiée et pacifiante : voilà les signes à présenter à tout homme. Rendu à l'évidence, Barthélemy murmure la profession de foi la plus haute de tout l'Evangile : « MON SEIGNEUR ET MON DIEU »
CONCLUSION DU LIVRE DE JEAN
Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Jean n'a pas voulu raconter des « miracles » pour que le lecteur admire et s'extasie mais des « signes » c.à.d. des faits qui intriguent, font réfléchir, conduisent à l'interrogation à propos de leur auteur.
Jean a écrit dans un but unique : « ...que vous croyez qui est Jésus, Fils de Dieu ». Cette foi libère des carcans de la culpabilité; elle donne un bonheur indicible et une joie inaltérable; elle accueille le don de l'Esprit ; elle unit dans la communion de l'Eglise ; elle envoie en mission pour offrir le pardon et donner la Paix du Christ à tous les peuples. Bref elle donne la VIE.
2e dimanche de Pâques, année A
- Auteur: Devillers Raphaël
- Temps liturgique: Temps de Pâques
- Année liturgique : A
- Année: 2013-2014