2e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Comme tout le monde, nous avons pris l'habitude de commencer la semaine par le lundi et de la terminer par le "week-end" ...sans nous rendre compte que cette expression torpille ce que les premières générations chrétiennes avaient inventé : une nouvelle organisation du temps ! En effet les 4 évangiles et saint Paul concordent pour affirmer que Jésus est ressuscité la nuit du lendemain du shabbat, c'est-à-dire "le 1er jour de la semaine", puisque le shabbat est le 7ème et dernier jour de la semaine juive. Donc ce jour premier devenait SON JOUR, LE JOUR DU SEIGNEUR...- en latin "domenica dies" qui devint en français "DIMANCHE" (d'autres langues gardent le signe astral : SUN-day ; Zon-dag ;...).

L'évangile de Jean d'aujourd'hui nous prouve que très vite, dès le 1er siècle, les chrétiens prirent l'habitude de se réunir en ce jour-là :

"C'était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient... Jésus vint et il était là au milieu d'eux...."

Or Thomas était absent. On imagine avec quelle émotion, quelle fougue, quelle insistance les dix apôtres lui racontèrent l'extraordinaire expérience qu'ils venaient de vivre.. : " Nous avons vu le Seigneur !..." Mais il leur déclara : " Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous...non, je n'y croirai pas".

Les jours suivants, les Dix martèlent la Bonne Nouvelle mais Thomas a beau voir leur exaltation, écouter leurs affirmations, constater leur certitude unanime : il ne cède pas. Alors saint Jean poursuit :

" Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vint, alors que les portes étaient verrouillées et il était là au milieu d'eux. Il dit : " La Paix soit avec vous"...

Ainsi donc le Seigneur ne condamne pas son apôtre incrédule, il accède même à sa demande...mais seulement "huit jours plus tard", c'est-à-dire le 1er jour de la semaine suivante. C'est en rejoignant la communauté chrétienne qui se réunit le jour hebdomadaire de la Résurrection - LE DIMANCHE - que Thomas et les immenses foules d'incrédules qui lui succèdent peuvent espérer vivre l'expérience de la rencontre du Christ vivant.

D'ailleurs, bien avant saint Jean, l'apôtre Paul, dans une lettre qui date de l'an 56 et où il raconte "le Repas du Seigneur" (1 Cor 11) avait déjà mentionné que ses communautés se réunissaient effectivement en ce jour : "Pour la collecte, vous suivrez, vous aussi, les règles que j'ai données aux Eglises de Galatie : Le premier jour de chaque semaine, chacun mettra de côté ce qu'il aura épargné afin qu'on n'attende pas mon arrivée pour recueillir les dons..." ( 1ère aux Corinthiens 16, 1).

Donc les Apôtres et les premiers chrétiens ont organisé leur vie selon ce nouveau rythme, dorénavant ils vivent une nouvelle semaine : le jour de fête est le 1er, LE JOUR DU SEIGNEUR.

QUELLES SONT LES CARACTERISTIQUES DU DIMANCHE ?

-- - C'est le jour de la réunion de la communauté. Dispersés pendant les autres jours, occupés à leurs tâches familiales et professionnelles, les chrétiens se retrouvent dans la maison de l'un d'eux. Ils sont très différents les uns des autres : juifs ou païens, jeunes ou vieux, bourgeois ou ouvriers. Jusqu'alors ils ne se fréquentaient pas, ils s'évitaient même : désormais il s'accueillent, se saluent, s'embrassent. Paul leur interdit sévèrement de répéter leurs clivages sociaux : pas question que riches et pauvres forment des groupes distincts. " Vous êtes le Corps du Christ, vous êtes ses membres !" ( 1 Cor 12, 37)

-- - C'est le moment du REPAS DU SEIGNEUR. En quoi consiste-t-il ? D'abord on rappelle ses enseignements, on discute sur l'Evangile, on conforte et enracine la foi. Puis on fait mémoire de la dernière Cène : " La nuit où il fut livré, le Seigneur prit du pain, il rendit grâce, le rompit et dit : " Ceci est mon Corps...". Et de même avec la coupe....."

Car l'amour entre chrétiens n'est pas sympathie naturelle, cordialité entre collègues ou voisins qui se choisissent. C'est la Croix et la Résurrection du Seigneur - mystérieusement représentées à l'Eucharistie - qui peuvent édifier son corps. C'est la Charité, l'amour divin du Seigneur qui rassemble en Lui des personnes très diverses afin d'en faire son Corps. Son Corps ressuscité à Pâques s'incarne, se manifeste, apparaît dans le Corps formé par les personnes qui "communient", c'est-à-dire qui entrent dans la "communion" du Seigneur Jésus. L'Eglise n'est pas une organisation mais un organisme vivant.

-- - C'est l'Heure du Don de l'Esprit et de la Mission

Jésus leur dit : " La paix soit avec vous. De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie". Il souffla sur eux et dit : " Recevez l'Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous les maintiendrez, ils lui seront maintenus"

La vision du Seigneur ne fut qu'un privilège éphémère : l'essentiel désormais est de recevoir son Esprit, son souffle. Il n'y a plus un maître suivi de ses disciples mais un seul Seigneur présent dans les siens. Du coup la réunion n'est pas clôture : les chrétiens ne se regroupent que pour repartir. Ils ne rentrent pas chez eux comme après un concert : ils comprennent qu'ils y sont envoyés par leur Seigneur. Ils retrouvent leur milieu en tant que champ de mission où ils sont chargés d'une tâche à accomplir. Laquelle ? Rien d'autre que de partager le pardon qu'ils viennent de recevoir en célébrant la Pâque de leur Seigneur. "Pierre, tu es pardonné de ta lâcheté, de ta trahison : va donc maintenant offrir ce pardon aux autres"

-- - C'est le moment du partage entre églises, comme a commandé Paul ( voir ci-dessus ) . En effet chaque Eglise prend conscience qu'elle n'est qu'une cellule unie à toutes les autres disséminées dans le monde. Donc si on apprend que des frères et s½urs quelque part ont faim, on se doit, d'urgence et chaque semaine, de les secourir. Remarquez que Paul ne parle jamais d'aider les pauvres païens. Il ne fixe pas un pourcentage sur les revenus mais il insiste avec vigueur : " Que chacun donne selon la décision de son c½ur...Vous connaissez la générosité de notre Seigneur Jésus Christ qui, pour vous, de riche qu'il était, s'est fait pauvre pour vous enrichir de sa pauvreté" ( 2 Cor 9, 7 et 8, 9)

Le DIMANCHE est donc Jour de la PAIX, de la VIE, de la JOIE. * Le dimanche constitue un enjeu fondamental de la foi. Peut-on se dire chrétien si on déserte l'assemblée, si on butine d'une église à l'autre, si on refuse la rencontre des autres, si on remplace l'Eucharistie par une vie vertueuse et la bonne volonté, si on s'enferme dans une piété individuelle ?.... Au concile de Vatican II, l'Eglise a déclaré qu'elle était ouverte aux propositions d'un "calendrier perpétuel" à condition de "sauvegarder la semaine de 7 jours avec le dimanche" (Sur la Liturgie -- Appendice) Au 19ème siècle, le machinisme avait enlevé le dimanche aux ouvriers ; aujourd'hui la pression commerciale recommence à attaquer le dimanche. Saurons-nous le sauver ?

R. Devillers , dominicain Tél. et Fax : 04 / 223 51 73 - Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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