2e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

On s'est étonné de la promptitude avec laquelle 4 pêcheurs, au lac de Galilée, répondirent à l'appel d'un inconnu : Jésus les héla et ils partirent à sa suite sur le champ !?? (Marc 1, 16). L'évangile de Jean, aujourd'hui, permet de comprendre cette réaction immédiate : ces jeunes gens avaient déjà fait connaissance de Jésus lorsqu'ils étaient disciples de Jean-Baptiste.

Jean Baptiste se trouvait de nouveau avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : " Voici l'Agneau de Dieu".

Jean le baptiseur était un vrai prophète de Dieu : il exhortait les gens à la conversion, il les appelait à signifier leur désir de pureté en les plongeant dans les eaux du fleuve. Mais conscient de ses limites, il invitait ses disciples à ne pas rester avec lui et à partir avec Jésus car seul il était "l'Agneau de Dieu". Expression très célèbre, répétée par le prêtre lorsqu'il montre l'Hostie au peuple avant la communion. Il est capital d'en redire le sens.

PESSAH : LA FÊTE DE LA LIBERATION

Alors que les Hébreux, pendant des siècles, étaient exploités comme esclaves par le pharaon d'Egypte, un jour, Moïse leur promit la délivrance. Cela se passerait lors de la prochaine fête des bergers. En effet, chaque année, à la première lune de printemps, ceux-ci immolaient un jeune agneau. Avec son sang, ils faisaient des taches sur les montants des portes afin, disait-on, d'éloigner le mauvais sort. En tenue de route, debout, ils mangeaient l'agneau rôti puis chacun s'en allait avec son troupeau à la recherche des nouveaux pâturages. Cette fête joyeuse s'appelait "pessah" (passage - pâque) Cette année-là, sur les indications de Moïse, les Hébreux accomplirent ce rite et, en pleine nuit, ils s'enfuirent. Sans devoir mener bataille, ils passèrent la Mer rouge et ne furent jamais rejoints. Les esclaves devenaient un peuple libre.

On décida que la fête de Pessah devrait être fêtée chaque année en souvenir de cette libération miraculeuse due, certes, à Dieu, mais grâce à la mort de cet agnelet innocent, le seul qui avait versé son sang.

13 siècles après l'Exode, les Israélites du temps de Jean-Baptiste et de Jésus continuaient fidèlement à observer ce rite mais ils constataient que la sortie d'Egypte et l'occupation de la terre d'Israël n'avaient pas abouti à une vraie liberté. Même sur sa propre terre, on restait sous la domination du péché ! Les Prophètes avaient eu beau rappeler les préceptes de la Loi, les prêtres ressasser l'obligation de célébrer le repas de pessah...rien n'y faisait : le c½ur humain restait porté au mal. Le droit ne régnait pas, les victimes ployaient sous les injustices, les forts écrasaient les faibles....

JESUS L'AGNEAU DE LA LIBERATION VERITABLE

Alors Jésus, sachant qu'il était au dernier soir de sa vie, réunit ses disciples pour partager le repas de pessah. Tout à coup, il eut une initiative déconcertante : Il prit le pain, dit la prière, le rompit, le donna aux siens : " Prenez et mangez : ceci est mon corps". De même il prit la coupe, la fit passer : " Buvez-en tous : ceci est le sang de l'Alliance". Sur le moment, les disciples ne comprirent évidemment pas ce geste. La mort en croix du maître, le lendemain, les plongea dans une détresse sans nom. Mais quelque temps plus tard, après avoir vu leur Seigneur ressuscité et avoir reçu l'Esprit, ils comprirent ! Jésus avait transfiguré la tuerie de la croix en sacrifice personnel : au Golgotha, il s'était offert pour libérer les siens de leur péché, de leur lâcheté, de leur trahison. JESUS ETAIT L'AGNEAU DE LA PÂQUE DEFINITIVE.

L'esclavage de l'homme n'était pas politique mais spirituel : le salut n'était pas dans la révolution armée mais dans la confiance en Jésus, agneau de la pâque, du "passage", de la sortie du mal pour entrer dans le Royaume de Dieu le Père. Désormais il fallait se réunir non une fois au printemps mais chaque 1er jour de la semaine - jour où Jésus était ressuscité - pour partager le Pain et le Vin devenus son Corps et son Sang. Car l'Eucharistie est le repas de la libération.

REACTION EN CHAINE : LES APPELS DES PREMIERS DISCIPLES

Les deux disciples entendirent cette parole (de Jean Baptiste) et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu'ils le suivaient : " Que cherchez-vous ? - Rabbi (Maître), où demeures-tu ? - Venez et vous verrez." Ils le suivirent, ils virent où ils demeurait et ils restèrent près de lui ce jour-là. C'était vers 5 heures du soir. André était l'un des deux qui avaient entendu le Baptiste. Il trouve d'abord son frère Simon : " Nous avons trouvé le Messie !" et il amena son frère à Jésus. Celui-ci le regarda : " Tu es Simon, fils de Jean : tu t'appelleras Képha - ce qui veut dire Pierre".

André est le 1er : qui donc était le 2ème ? La tradition a toujours supposé qu'il s'agit de Jean l'évangéliste. A l'invitation du Baptiste, les deux jeunes marchent derrière Jésus : au bruit celui-ci se retourne "QUE CHERCHEZ-VOUS ?". Ce sont les premiers mots de Jésus dans l'évangile et ils expriment une demande fondamentale qui est adressée à chacun de nous, à tout homme :

QUE CHERCHES-TU ? Sois sincère, réponds ! Tu cherches une petite vie tranquille, la santé, la réussite, l'argent, la gloire ? Alors tu restes un païen. Si tu cherches une règle de vie, une morale, tu peux suivre Jean-Baptiste ou un autre prophète : ils t'apprendront un code, ils t'inviteront au dévouement, à la gentillesse, au service, à l'engagement politique....Mais tu en resteras au plan de l'humanisme, des m½urs, de l'idéal...

Si ton c½ur pressent qu'il faut aller plus loin que cela, si tu admets que, quels que soient les progrès des sciences, la chaleur des discours philanthropiques, les élans des appels humanitaires, la piété des exigences religieuses, l'homme reste impuissant à SE sauver, si tu souffres de l'incapacité humaine à s'accomplir en vérité, si tu découvres Jésus non comme un maître de sagesse mais comme l' AGNEAU qui se donne pour te libérer de tes liens, pardonner tous les péchés que tu ne peux t'empêcher de commettre ... ..... alors ne quémande pas un programme, un catéchisme, un rituel....

Réponds simplement : C'est toi, Jésus, que je cherche. Permets-moi de demeurer avec toi. Tu n'exiges pas de préalables : que je m'améliore, que je prenne mille résolutions, que je vainque mes défauts, que je m'inflige des pénitences, que je fasse des expériences mystiques...

Tu me connais par mon nom : Simon ou Paul ou Jean ou Benoît ou Achille ou Thérèse ou Catherine..... Et d'un mot tu me transformes et me donnes une mission : "Tu es Pierre". Tu ne construis aucun édifice : tu veux bâtir une communauté, un peuple, une communion. Et dedans, chaque croyant est une PIERRE VIVANTE. Il en est de grosses, il en est de petites. Toutes se blessent l'une l'autre mais, par le mortier du sang de l'Agneau, elles tiennent. Elles DEMEURENT.

Et ensemble les pierres vivantes chantent la Gloire de l'Agneau, elles appellent les hommes : Vous qui cherchez, venez. Ne vous égarez pas dans des impasses, fermez l'oreille aux slogans mensongers, aux musiques envoûtantes. L'Agneau porte, emporte les péchés. SUIVEZ-LE. Ce jour, la mission commençait : non par obligation mais comme une nécessité de partager la joie de la Bonne Nouvelle. Réaction en chaîne : à nous aujourd'hui de la prolonger. Le faisons-nous ?...