2e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1996-1997

"Tu m'as appelé, me voici !"

Le petit Samuel entre dans une dynamique : à l'appel de Dieu, il se met debout ! Mais, seul, il ne peut découvrir son interlocuteur. Un autre doit entrer dans cette relation et doit lui prendre la main pour nommer l'auteur de l'appel. Ainsi, Eli n'intervient pas entre Dieu et l'enfant. Il n'interprète pas les paroles du Seigneur, mais il met l'enfant dans les conditions idéales pour connaître celui qui l'appelle.

L'initiative de la relation vient de Dieu. Cet appel divin met l'homme debout, même si celui-ci ne sait pas encore déterminer qui est à l'origine du message. "Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et sa Parole ne lui avait @ encore été révélée. " Mais la réponse de Samuel est logique : il se présente à celui qu'il connaît et en qui il a confiance. A l'appel supposé d'Eli, il se lève et se déplace. C'est vraiment la démarche d'un enfant, d'un pèlerin, d'un croyant..... quelque chose ou quelqu'un l'interpelle et il fait ce qui lui semble juste. A travers Eli, nous découvrons une caractéristique du prophète : comme le parent, comme l'éducateur, il s'efface pour montrer l'Autre. Dans l'évangile, Jean, le Baptiste, s'efface également. Devant deux de ses disciples, il désigna Jésus comme l'Agneau de Dieu, pour permettre à ceux-ci de le suivre.

La première parole de Jésus, rapportée dans l'évangile de Jean, n'est pas un enseignement, mais une question : "Que cherchez-vous ? " Jésus commence par interroger les deux amis qui le suivent. Il s'intéresse à leur démarche. Il se met à leur écoute. Quelle est votre recherche ? Sans doute un peu embarrassés par cette question inattendue, comme pour se donner contenance, ils répondent :'Maître, où demeures-tu ? "

La réponse de Jésus aux deux disciples est une invitation à découvrir en Lui, ce qu'ils cherchent, et sans doute ce que tous les hommes cherchent "Venez.- et vous verrez" . Ils allèrent chez lui, y passèrent la journée. Mais ils ne savaient pas dans quelle aventure ils s'étaient engagés. Car la foi et la confiance ne sont jamais évidence et clarté. C'est un chemin qu'on prend en marchant à sa suite. Et tantôt, on avance, et tantôt on recule. On marche avec ses doutes et ses hésitations, avec amour aussi. On ne trouve peut-être pas tout de suite ce que l'on cherche. Mais l'important est de chercher. Toute leur vie durant et pas seulement ce jour-là, ils pourront découvrir dans l'humanité de cet homme, dans sa bonté, dans sa tendresse, dans son accueil, le secret du bonheur qu'il apportait, le visage de ce Dieu d'amour que confusément sans doute ils cherchaient.

"Que cherchez-vous ? "Cette question nous est aussi adressée. Savons-nous seulement ce que nous cherchons ? Pour répondre sans biaiser, nous dirions que nous sommes à la recherche de notre bonheur et celui des nôtres, que nous désirons la réussite de notre vie, que nous souhaitons la plénitude d'amour dans notre couple et l'épanouissement de nos enfants, que nous espérons des amitiés vraies et solides qui ne se dérobent pas aux heures difficiles. Dire notre recherche, c'est également en avouer les limites et prendre conscience que nous cherchons plus que ces objectifs, au fond très limités. Car, l'homme est cet être de désir qui ne cesse de se projeter au delà du présent. Il est le sujet d'un quête continuelle. Il est bien plus qu'un être de besoins à satisfaire. Au fond du coeur de chacun, il y a ce désir profond d'un bonheur qui nous dépasse, cette aspiration à la plénitude à rencontrer ce quelque chose ou mieux ce Quelqu'un qui pourrait nous combler parfaitement et nous satisfaire pleinement. N'est-ce pas le désir du bien, de l'éternel, du définitif, du parfait. Au fond, peut-être le désir de Dieu.

"Venez et vous verrez" nous dit encore le Maître. Oui, regarder, dans le coeur de Jésus, l'amour que cherchent les hommes, voir dans sa manière d'accueillir tout être humain, riche ou pauvre, malade ou étranger, pécheur, la tolérance que nous souhaiterions sans y parvenir, découvrir dans ces gestes de guérisons le respect des droits humains fondamentaux auxquels tout être aspire, comprendre dans les larmes du Christ pleurant -son ami Lazare le sens de nos déchirements devant la mort, voir dans la liberté de Jésus la vraie liberté à laquelle tous sont appelés. Regarder dans l'évangile, Jésus vivre, mourir et ressusciter nous invite à découvrir à travers lui qui est Dieu, son Père et notre Père. Mais il faut aller plus loin.

Aujourd'hui, Jésus nous appelle-t-il encore à le suivre ?. Comme Eli avait amené Samuel à rencontrer le Seigneur, comme Jean-Baptiste a conduit les deux disciples vers Jésus, de même nous n'ignorons pas quels intermédiaires inattendus nous conduiront à Jésus et par Lui à Dieu. Si, au delà de l'Ecriture, nous reconnaissons dans la vie courante la présence du Christ dans celui qui crie, celui qui appelle, celui qui a faim, ou soif, qui est malade ou prisonnier, alors notre vie ne peut plus être statique. Il nous faut répondre "Me voici".