2e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 1996-1997

J'ai beau lire et relire ce texte d'évangile dans tous les sens, il manque toujours un clou dans cette histoire, celui des pieds et je ne comprends pas pourquoi. Certains prétendent que c'est parce qu'on les liaient plutôt que les clouaient. Je n'en sais rien et ne je vous ferai pas l'affront de la théologie du clou manquant. Je voudrais m'arrêter quelques instants sur cet étrange de personnage de Thomas.

J'irais même plus loin, je suis heureux qu'il ait existé cet homme et que l'évangile nous en parle, il remet un peu d'humanité, de doute face à cet événement de la résurrection. La résurrection s'est bien produite, nous l'avons célébrée la semaine passée. Grâce à Thomas, nous pouvons nous poser quelques questions sur la réalité de ces faits extraordinaires.

Thomas ne croit rien de cette histoire abracadabrante, ils ont vu le Christ prétendent-ils. Possible mais il veut le voir pour le croire Absence certaine de foi en un événement, cela n'empêche qu'il sera quand le premier à crier au Christ : « mon Seigneur et mon Dieu ». Le cri de Thomas devient l'espérance de la foi. Son doute nous donne la conviction de la foi. Un Thomas surprenant, un Thomas convainquant. L'on raconte sur lui une jolie histoire.

Après la mort de Jésus, les disciples divisèrent le monde entre eux de telle sorte que chacun puisse aller prêcher l'évangile. Thomas reçut l'Inde. D'abord il refusa, arguant du fait qu'il n'était pas assez solide pour faire un tel voyage. Il disait : « Je suis un hébreu, comme puis-je aller au milieu des Indiens pour prêcher la vérité ? » Une nuit Jésus lui apparut et dit : « ne crains pas Thomas, va en Inde et prêche l'évangile, je serai avec toi ». Mais Thomas, têtu comme une mule refusa : « envoie-moi où tu veux mais pas en Inde, je n'irai pas ».

Par un heureux hasard, un marchand se nommant Abbanes vint d'Inde à Jérusalem. Il fut envoyé par le roi Gundaphorus pour trouver un charpentier compétent et de le ramener en Inde or Thomas était charpentier. Jésus vint alors au marché où se trouvait Abbanes et lui demanda : « veux-tu acheter un charpentier ? ». Celui-ci répondit : « oui ». Jésus dit alors : « J'ai un esclave qui est charpentier et je désire le vendre , il est là-bas » et Jésus pointa Thomas. Ils se mirent d'accord sur un prix et conclurent un contrat. Quant l'affaire fut conclue, Jésus conduisit Abbanes à Thomas. Le marchand lui demanda : « est-il ton maître ? » et Thomas répondit : « bien sûr ! ». Alors Abbanes lui dit : « je t'ai acheté ». Thomas ne dit rien mais le lendemain matin, il pria le Seigneur en disant : « j'irai où tu m'enverras Seigneur Dieu, que ta volonté soit faite ». Thomas l'incrédule, le lent à comprendre, le têtu qui met du temps à faire la volonté de l'autre. Par contre, quand il abdique, alors son attitude devient totale tout comme son cri mon Seigneur et mon Dieu.

L'histoire nous dit alors, que le roi Gundaphorus commanda un palais à Thomas. Le roi lui donna beaucoup d'argent pour acheter le matériel, louer le personnel, mais Thomas donna tout aux pauvres. Et il racontait que le palais avançait rapidement. Le roi se posa quelques questions et demanda à Thomas s'il avait bâti le palais. Thomas répondit que oui et le roi proposa d'aller le voir ensemble. Mais l'apôtre lui dit alors avec beaucoup de tendresse et de conviction : tu ne le verras pas maintenant, tu dois d'abord quitter cette vie pour le voir. Le roi fut d'abord très fâché puis touché par l'histoire de Jésus et il se convertit.

Pour Thomas, la foi n'était pas quelque chose de facile, l'obéissance n'allait pas de soi. Il était l'homme qui avait besoin d'être sûr, d'évaluer les coûts. Mais une foi qu'il était sûr, qu'il avait bien évalué les coups, alors l'apôtre devenait l'homme capable d'aller jusqu'aux limites de la foi et de l'obéissance. Tout ceci pour vous dire, que l'évangile de ce soir nous invite à oser douter, à nous poser les vraies questions par rapport à Dieu, car le Christ sait que c'est dans nos doutes que nous trouverons la force de le suivre, de nous donner tout entier à son projet. Grâce à Thomas, par delà nos doutes et nos questions, nous osons nous laissez envahir par la première larme du bonheur que ce soir encore nous appelons : Seigneur.

Amen.