2e dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 1996-1997

Mc 1, 1-8

On disait autrefois que l'Avent était une saison de pénitence ; on dit maintenant que l'Avent est une saison d'attente. C'est presque la même chose. "Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui", à Jean Baptiste, au désert. Pourquoi ? Les gens de Judée pourquoi ont-ils quitté leurs villages ? Les gens de Jérusalem pourquoi ont-il quitté leur ville, pleine de vie, centre de civilisation, pour aller à ce lieu désert, plein de rien, où il n'y avait que du sable, des rochers, de la poussière, des sauterelles et cet homme étrange, Jean le Baptiste ? Pourquoi ne sont-ils pas restés chez eux, là où ils pouvaient gagner leur vie, se nourrir, se détendre et dormir convenablement ? Pourquoi n'ont-ils pas continué de vivre leur vie quotidienne ? Marc nous dit que c'est parce que Jean proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Très bien, mais pourquoi l'a-t-on écouté, quitte à aller au désert ? Pourquoi se sont-ils convertis, et pourquoi ont-ils confessé leurs péchés ? Pourquoi ont-ils fait attention à ce prédicateur et à son message ?

Il n'est finalement pas vrai qu'on écoute toujours les prédicateurs, qu'on confesse ses péchés et qu'on se convertisse. Il y avait dans cet homme et sa prédication, à ce moment-là, quelque chose qui les a réveillés. Ils étaient mûrs, à ce moment-là, pour écouter Jean et son message de conversion. S'ils étaient pécheurs, s'ils vivaient « dans le péché », ils pouvaient à tout moment se convertir, abandonner leur vie de péché, mais ils ne l'ont pas fait. Ils étaient donc dans un certain sens contents de vivre ainsi. Mais d'autre part, ils ont répondu à l'appel de Jean. Même s'ils semblaient contents de vivre ainsi, il y avait une partie d'eux qui n'etait pas contente, qui espérait la possibilité de vivre autrement, de trouver un autre sens dans la vie. Ils n'étaient pas tout à fait immergés dans leur vie de tous les jours. S'ils vivaient dans le péché, ils vivaient aussi dans l'espérance, même s'ils ne le savaient pas. Et l'espérance crée l'attente ; on attend ce qu'on espère. Ceux qui n'espèrent pas n'attendent pas ; si on abandonne l'attente, on abandonne aussi l'espérance. (Exemple banal : Si vous cessez d'attendre le train, c'est parce qu'il ne vaut plus la peine d'attendre, parce que vous n'espérez plus qu'il arrivera, ou parce que vous n'espérez plus arriver à temps à votre destination. Vous désespérez.)

Même si on continue de vivre sa vie quotidienne, on guette ce qu'on attend. Et Jean et sa prédication correspondent aux attentes inconscientes de ces gens et les ont mises au grand jour. L'apparition de Jean leur signifie qu'ils ne se sont pas trompés en espérant, qu'il valait la peine d'attendre. Le mot grec que nous traduisons par le mot de « conversion » ou « pénitence » signifie en réalité penser autrement, comprendre les choses autrement, donc trouver un autre, un meilleur sens dans la vie.

Leur « conversion », leur « pénitence », leur « confession de péchés » n'est donc pas quelque chose de sombre, mais elle fait partie d'une célébration. C'est leur réaction à une découverte, à une nouvelle possibilité de vie, à un nouveau sens de la vie, qu'ils discernent en Jean. Ils voient une possibilité attrayante de changement de vie, et ils le saisissent. Ce n'est pas parce qu'ils se culpabilisent qu'ils confessent leurs péchés ; ils rejettent leur ancien style de vie, leur ancienne façon de comprendre la vie, parce que Jean leur a montré une meilleure possibilité, un sens plus satisfaisant, qui rend plus heureux. Cette conversion ou pénitence, ce rejet d'un mode de vie moins satisfaisant, est une préparation pour vivre une vie plus satisfaisante.

Ils croient voir en Jean l'accomplissement de leur espérance, le but de leur attente. En fait, ils se trompent, mais pas parce que leur espérance est fausse et leur attente vaine. Ils se trompent parce que Jean n'est pas celui qu'il faut attendre. Jean est, lui aussi, dans l'attente, il espère. Celui qui correspondra vraiment à leurs espérances, celui qu'ils attendent en réalité, même s'ils ne le savent pas, c'est Jésus. Le véritable sens de la vie, c'est Jésus. Et Jean le sait. L'Avent est une saison d'attente, et nous l'observons pour marquer que notre vie, comme celle des habitants de la Judée et de Jérusalem, est une vie d'attente, même si nous n'en sommes pas toujours conscients. Nous attendons, comme eux, parce que nous ne sommes pas tout à fait immergés dans la vie de tous les jours. Nous attendons parce que nous espérons ; mais, contrairement aux juifs qui ont répondu à l'appel de Jean, nous savons avec Jean ce que nous attendons et ce que nous espérons. Attendons donc avec confiance.