Quelle magnifique et idyllique image ! Le lion, féroce et indestructible animal, et l’agneau, pauvre godiche toujours prêt à être détruit, abusé et dévoré. Voilà des deux animaux toujours prêts à se quereller et se disputer qui sont ainsi réunis dans la paix et la concorde. Cette image à vraiment de quoi faire sourire par sa naïveté. Il y a non seulement dans la nature des prédateurs, des assassins naturels, mais il y a aussi dans la société et dans l’univers de tels destructeurs. Vous pensez bien et vous comme moi nous avons souffert qu’il y ait des gens dans la société pour lesquels l’argent et le pouvoir sont le seul souci quotidien, toujours prêts à se remplir les poches, toujours prêts à abuser des plus pauvres et des plus innocents, ils rodent partout, prêts à s’enrichir et à détruire leurs voisins.
Et voilà que le prophète Isaïe dans la première lecture nous parle d’une réconciliation entre la voracité de l’un, le terrible lion, et la pauvreté de l’autre, celui du malheureux agneau. Mais cette réconciliation ne se fait pas n’importe quand, ni n’importe comment. Elle se fait quand le Messie reviendra. Et c’est cela le plus important. Ecoutez. Vous entendez que cette prophétie se fait quand le peuple d’Israël est en exil, quand le pays est occupé, pillé, exploité. Et la restauration d’Israël se fait non pas par la vengeance et la destruction, mais par la réconciliation et le dépassement.
Oui ! La réconciliation ne se fait pas par la destruction de l’ennemi. Elle se fait par le respect de la différence. Oui ! Un lion restera toujours un lion, et un agneau restera toujours un agneau. Il ne s’agit pas de faire disparaître les différences. Il s’agit de les faire vivre différemment.
Regardez dans la Bible. David, ce petit garçon qui gardait le troupeau et que ses parents avaient oublié de présenter à Samuel qui cherchait le roi choisi par Dieu, David était devenu un grand roi. Il avait rassemblé les différentes tribus d’Israël. Il avait établi sa nouvelle capitale pour son royaume. Il avait fait venir l’arche d’Alliance à Jérusalem. Et il a couché avec la femme d’un autre et il avait fait tuer le malheureux mari trompé. Il avait dépassé les lois du Seigneur. Il avait oublié qu’il était son serviteur. Et c’est cela que la liturgie d’aujourd’hui nous rappelle : sommes-nous maîtres du monde ou serviteurs du Bien-aimé ?
Sommes-nous sur terre pour piller et gaspiller les richesses de la nature et exploiter le malheur de tant d’hommes et d’enfants abandonnés sur terre ? Ou sommes-nous prêts à reconnaître que notre seul but sur la terre est non pas de nous enrichir et de profiter de notre pouvoir, mais de reconnaître que nous sommes tous les serviteurs et les bien-aimés d’un maître qui nous dépasse et qui nous apporte la paix.
Oui, le lion se couchera avec l’agneau quand il reconnaîtra que ce n’est pas lui le roi de la jungle, mais que c’est le Seigneur qui donne la vie et qui permet à chacun de vivre sa véritable dignité, celle d’avoir été créé, aimé et transformé par l’amour du Dieu tout-puissant.
Que cette période de préparation à cette période de paix ouvre nos esprits et nos cœurs à cette merveilleuse aventure, celle de se laisser aimer par Dieu tout entier.