2ème dimanche ordinaire

Auteur: Michel Van Aerde
Date de rédaction: 18/01/15
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année: 2014-2015

« Que cherchez vous ? »

Cette question nous touche en plein cœur. Que cherchez vous ? Que cherchons nous ici ? Qu’est ce que je cherche dans ma vie ? Je vous laisse une minute pour y penser, pour laisser monter en vous la réponse, pour vous entendre vous-même la formuler avec vos mots à vous. Qu’est-ce que je cherche dans ma vie ? Quel est mon plus profond désir ?

Vous l’avez perçu dans cet exercice, il faut beaucoup de temps pour prendre conscience de ce que nous cherchons vraiment. Nous cherchons quelque chose, c’est certain car nous sommes insatisfaits mais ce que nous cherchons précisément reste flou. C’est difficile à identifier.

Notre désir n’est pas autonome, il faut le libérer. Il est sous l’influence de ce que désirent les autres autour de nous, il est sous l’influence des modes et de la publicité. Nous cherchons ce que l’on nous a montré qu’il faut chercher. Comme les oiseaux qui volent en groupe, nous suivons le mouvement. Nous nous maintenons dans la norme, dans le troupeau, comme dans un ventre maternel bien chaud. Ecouter notre désir profond, c’est accepter d’être personnel, original, isolé peut être mais debout et bien vivant.

Que cherchez vous ? Posons nous la question régulièrement en sachant que si les hommes acceptaient honnêtement de se déterminer face à cette question de fond, tout changerait et nous serions en paix.

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Ce que nous cherchons est mystérieux. Si nous pouvons le désigner plus ou moins bien, cela se trouve en fait au-delà de ce que nous sommes capables d’exprimer, parce que c’est au-delà de ce que nous pouvons imaginer, de ce que nous pouvons savoir de notre propre désir. Car notre désir est comme habité par une présence, un mystère à découvrir. Je ne désire pas ce que je veux. Je ne peux pas décider de ce que je vais désirer. Ce désir qui est en moi n’est pas un produit de ma volonté. Je le découvre déjà là. La bonne attitude n’est pas de l’endormir ni de le dominer, encore moins de le tuer. La bonne attitude est de comprendre où il va, vers quoi il pointe, quelle est son orientation car, ultimement, ce désir qui se trouve en moi, est un désir de Dieu. « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » écrit saint Augustin.

Que cherchez vous ? Ce que nous recherchons, depuis toujours, et tout naturellement, c’est Dieu. La vocation, l’appel n’est pas quelque chose d’optionnel qui viendrait pour certains de l’extérieur et comme brutalement. C’est quelque chose qui est là, depuis le commencement, dans ce qui nous structure tous le plus profondément, dans notre nature même. Il y a un désir naturel en l’homme, de voir Dieu. C’est donc dans le prolongement même de ce que je cherche, le plus souvent très maladroitement, que je vais rencontrer le Christ et que je vais m’ouvrir à la foi.

C’est derrière son bureau, le nez dans ses comptes, que Matthieu entend l’appel de celui qui remet toutes les dettes et pardonne le péché. C’est monté sur sa branche que Zachée entend l’appel à descendre pour recevoir Jésus chez lui. C’est dans le tombeau où il se cache, alors qu’il est nu, à moitié mort, que le possédé de Gérasa revient à la vie sociale. C’est au milieu d’une foule prête à la lyncher que la femme adultère rencontre celui qui prend sur lui le péché du monde. C’est quand Pierre coule à pic, devant une servante, qu’il croise le regard de Jésus, se découvre pardonné et reprend pied.

C’est parce qu’il cherche un livre de chevalerie et n’en trouve pas, qu’Ignace de Loyola ouvre la Bible. C’est par la philosophie qu’Edith Stein rencontre le Ressuscité. C’est au bord du puits que la Samaritaine entend parler de l’eau vive. C’est dans ce que je cherche, qui n’est pas nécessairement bon ni sublime, que je rencontre le maître de ma vie.

C’est en cherchant les chrétiens qu’il veut éliminer, que Paul est retourné. Le Christ s’identifie à ceux qu’il veut tuer. « Je suis Celui que tu persécutes ». Paul, à son tour sera persécuté. Il pourra dire alors : « ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi ».

Que cherchez vous ? N’ayez pas peur d’avancer dans votre recherche et de vérifier. Il faut aller y voir. Il faut suivre son désir et se lancer dans l’aventure pour faire l’expérience de ce qu’il promet. Que cherchez vous ? Qu’est-ce que je désire pour le moment ? Quel est mon souci, mon attente, mon espoir immédiat, basique, matériel, concret ? C’est là que Dieu vient me chercher et pas ailleurs puisque, ailleurs, je n’y suis pas !

Ce désir doit se purifier, connaître bien des épreuves et bien des conversions. Les apôtres abandonnent finalement et, quand toutes les illusions sont perdues, une femme, malgré tout, continue à chercher, à chercher un cadavre, pour accomplir son deuil. Et là, près du tombeau, la Madeleine entend cette même question. « Marie, qui cherches-tu ? ». Elle court alors annoncer la bonne nouvelle, tout comme les deux disciples vont imm édiatement appeler les autres. Quand le désir trouve son objet, il se produit une contagion : la joie est communicative, la partager devient une nécessité. Ce que nous cherchons, je l’ai trouvé ! « Je l’ai trouvé, celui que mon cœur aime ! »

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Mais soyons patients. Quand nous voulons témoigner de notre foi, apprenons à ne pas trop vite asséner nos réponses, commençons par les questions. Comme Jésus, mettons nous à l’écoute et demandons doucement, avec une vraie curiosité : « que cherchez vous ? »