32e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Braun Stéphane
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

Mt 25, 1-13

"Vous ne savez ni le jour ni l'heure" où retentira le cri dans la nuit.

Matthieu et notre tradition ont lié ce texte à notre mort et notre résurrection. A ce moment, où nous les chrétiens, les baptisés qui avons reçus cette petite lampe, rejoignons le Christ dans l'infini de Dieu. Toute notre vie de baptisés est alors un temps de veille, un temps de préparation, un temps de vie dans la foi à la suite du Christ, pour pouvoir un jour le rencontrer. Le temps de l'attente est le temps de la préparation, de la pénitence aussi, qui est indispensable pour être prêts à la rencontre avec l'époux, ce Dieu qui a fait alliance avec nous, son Eglise. Le texte est dur pour ceux qui ne sont pas prêts. Ils restent dans la nuit et les portes d'accès à la noce leurs sont fermées.

Mais, fondamentalement pour nous, que veut dire cette attente, cette veille ? Comment connaîtra t'on le jour et l'heure ? Que sera cette noce ?

Je crois que la réponse viendra si notre attente n'est pas passive, si nous allons à la rencontre, si nous produisons en nous, avec l'aide de l'Esprit, l'huile nécessaire à maintenir la flamme allumée.

L'attente n'est pas celle de la mort et du mystère qui la suit. Ce n'est pas l'angoisse devant l'inconnu. L'attente est celle de l'épouse déjà choisie et dont la place est déjà prête, aujourd'hui, à la table pour le festin. C'est la surprise et l'émerveillement de la découverte quand, dans la nuit, on peut allumer sa lampe et courir à la rencontre.

Attendre, c'est être sur le qui-vive, comme la truite prête à bondir sur la mouche descendant au fil de l'eau. Attendre, c'est être prêt, "toujours prêt", comme le crie le scout à chaque rassemblement.

Etre prêt quand quelqu'un, dans notre nuit, vient secouer notre torpeur. Etre prêt à répondre quand quelqu'un nous appelle et qu'une petite voix nous dit "vas-y, il est là, puise en toi cette huile pour qu'elle devienne lumière et chaleur autour de toi, ose la rencontre et qu'elle devienne alliance et fête".

Cette noce dont parle l'évangile, c'est le sacrement de la relation, de l'engagement à la suite de celui qui nous invite, qui a posé en nous sa lampe.

La noce c'est le sacrement de l'engagement à vivre, à être dès ici bas, aujourd'hui et demain, prêts à bondir et à se lancer dans l'aventure de la relation avec l'autre. Cet autre qui est déjà maintenant quelque chose du "Tout Autre".

La noce de l'évangile, c'est la confiance extraordinaire que fait en l'homme notre Dieu, déjà notre époux alors que nous ne l'avons pas encore rejoint. La noce de l'évangile, c'est la folie de Dieu en organisant dès ici-bas la fête, sans être sûr que nous l'y rejoindrons tous.

C'est notre liberté d'homme de devenir l'épousée en allumant cette lampe posée en nous, en veillant les yeux ouverts, les oreilles tendues, attentifs aux appels du monde qui nous entoure.

Veiller, ce n'est pas somnoler, c'est être aux aguets, disponibles pour rentrer dans ce dynamisme de la rencontre et découvrir ce bonheur de la communion, de l'alliance, de la noce.

Nous ne savons ni le jour ni l'heure, car c'est tous les jours, toutes les heures. Le sens de notre vie est la relation, l'alliance avec l'autre qui nous inscrit dans le chemin de l'alliance de Dieu avec l'homme.

J'ai lu, dans "le Soir" de ce week-end, le projet de loi de Laurette Onkelinx concernant la simplification de la procédure légale du divorce. En 2004 il y a eu en Belgique à peu près 31000 divorces pour 43000 mariages ! Le projet de loi est une reconnaissance de la faiblesse de l'homme, de sa difficulté à veiller, à être capable de rallumer la flemme pour courir à la rencontre de l'autre dans la nuit.

Nos lois souvent constatent, normalisent nos faiblesses humaines et tâchent d'y palier. L'évangile de ce jour nous entraîne dans un projet. Le projet de croire en la relation, à notre place dans le plan d'amour de Dieu, à notre place à la table du festin. Etre croyant, c'est être veilleur, vigilant, à l'écoute et attentif à l'autre. Etre croyant, c'est se reconnaître détenteur de cette petite lampe et entretenir en soi et avec l'aide de l'Esprit la réserve d'huile pour être prêt à se lancer dans l'aventure de la rencontre. Alors nous occuperons la place qui nous attend à la noce. Cette place pour laquelle nous sommes crées et qui, sans nous et sans notre décision, restera vide.

Personne ne connaît le jour et l'heure où nous l'occuperons parce que cela dépend aussi de nous.

Amen