3e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

Depuis ta profession de foi à 12 ans, tu as "évidemment" cessé d'aller à la messe le dimanche. Cependant tu te considères encore comme chrétien, tu crois en Dieu, il t'arrive même de prier, tu te conduis bien et tu essaies de rendre service. Tu défends les droits de l'homme et tu désires la paix dans le monde.

Mais regarde les adultes autour de toi : tu remarques qu'il n'est pas difficile de s'octroyer un label de générosité tout en désirant, au fond, mener une petite vie confortable.

REPRENDRE LA QUESTION JESUS

Au moment où tu vas entrer pleinement dans la vie adulte - mariage et engagement professionnel -, peut-être me permettras-tu de reprendre avec toi la question JESUS CHRIST.

Pas le problème d'une vague croyance en la divinité ni les débats sur une moralité universelle.

Mais le regard sur quelqu'un, sur cet homme de Nazareth, que l'on appelait IESHOUAH, qui était très croyant et qui cependant a été condamné à mort par les autorités religieuses qu'il osait contester.

Que devait-il faire, crois-tu, pour sauver les pauvres, rendre la liberté à son peuple occupé par l'ennemi et apporter la paix au monde ?

Il aurait pu, certes, soulever la jeunesse et l'entraîner à verser son sang dans une insurrection générale. Ou il aurait pu se lamenter sur les malheurs des hommes et se résigner en prétextant que l'on ne peut rien changer au désordre du monde.

Ni passivité ni violence. Seul, sans ressources, dans son coin minuscule de Galilée, IESHOUAH s'est approché de tous, il a aimé les malades, les petits, les pauvres. Il annonçait un autre monde possible...mais, dans ce but, il osait appeler chacun et chacune à un changement radical, à un engagement sur le chemin des Béatitudes. Ce qui n'allait pas sans risque !

Et lorsque l'étau s'est refermé sur lui, il a compris qu'après avoir rendu santé et espoir à beaucoup, il lui fallait encore aller plus loin et donner sa propre vie comme signe et preuve de l'Amour de Dieu.

DESCENTE AUX ENFERS ET RESURRECTION

Lui qui avait toujours aimé, il aima les hommes jusqu'au bout. Repoussant tout dépit, toute haine, il transfigura son échec en victoire, l'horreur de son supplice en don d'amour pour l'humanité. " Personne ne me prend ma vie : je la donne"

Il n'était pas qu'un héros admirable ou un martyr à qui il faudrait élever un monument. Car, vois-tu, sa mort a eu un lendemain : ses disciples - qui l'avaient lâchement abandonné - d'abord incrédules se rendirent à l'évidence. IESHOUAH était vivant, il était au milieu d'eux. Il n'était donc pas qu'un maître, un rabbi, un sage, un leader - comme on le pensait au début - mais le SEIGNEUR !

En Lui, Dieu était descendu au fond de notre horreur : le paroxysme de la douleur, l'effroi de l'agonie, la solitude totale, l'ignominie de la haine des hommes. La nuit sans consolation.

Mais au creux des ténèbres et de l'absurde, il avait fait retentir un mot : PARDON AUX HOMMES. Car la vraie révolution, c'est quand l'homme se sait aimé de Dieu.

LE REPAS DU SEIGNEUR

Alors ces mêmes disciples se sont retrouvés à table pour revivre le repas que IESHOUAH avait partagé avec eux à la veille de sa mort et qu'il leur avait ordonné de refaire en sa mémoire.

Et en quelques siècles, des églises, modestes ou majestueuses, se sont édifiées dans tous les pays, au milieu des maisons des hommes. Afin que toutes les familles puissent converger vers le foyer central, là où l'amour de Dieu fulgure et attire.

En toutes les langues, les pauvres croyants viennent y prier et l'un d'eux - pas toujours le meilleur - répète les paroles inouïes : " Ceci est mon Corps : mangez...Ceci est la coupe de l'Alliance...".

Et ainsi tu comprends qu'il était faux de te demander de "faire ta communion". Tout au contraire, c'est IESHOUAH qui fait communier ensemble les pauvres humains qui n'arrêtent pas de se débattre contre le mal. Il ne leur offre pas un bonheur facile et égoïste : Il les libère de leur enfermement et les donne les uns aux autres comme des frères et s½urs, tous enfants de Dieu !

TU VIENS OU TU NE VIENS PAS ? . . .

Ce repas tout simple, tu peux t'en moquer comme d'un rite insignifiant, tu peux le dédaigner puisqu'il ne rassemble que quelques personnes âgées, tu peux le refuser à l'imitation de tes copains et par peur de te faire ridiculiser. Mais tu peux aussi, en conscience, relire l'Evangile (qui ne se réduit pas aux vagues souvenirs de ton catéchisme) et regarder vers ce Visage unique qui t'interroge :

" POUR TOI QUI SUIS - JE ? "

En effet on ne se débarrassera jamais de cette question car Il ne cessera jamais de t'appeler : " Ah ! si tu savais le don de Dieu...Oui je suis le Pain de la Vie : Celui qui me mange vivra par moi, je le ressusciterai".

Il y a quelque 20 siècles, deux jeunes gens, comme toi, croyaient que le Christ était mort, qu'il fallait se résoudre au triomphe des injustes.

Ils ont dû faire un long chemin pour passer du Jésus de leurs illusions au Seigneur de l'histoire, au Jésus de saint Paul et de Thérèse de Lisieux, de Maximilien Kolbe et du père Damien chez les lépreux, de l'abbé Pierre et de Jean-Paul II. Chacun de ceux-ci peut te dire que s'il a agi comme il l'a fait, ce n'est pas d'abord parce qu'il était rempli de qualités, mais parce que, chaque dimanche, au moins, il rejoignait les autres croyants dans l'Eucharistie pour se laisser agréger en un seul peuple, en une communion, en une assemblée qui chante la Vie et qui marche dans l'espérance : l'Eglise.

Une Eglise qui n'est vieille que parce que tu n'y vas plus.

Une Eglise incomplète - puisque tu lui manques.

Une Eglise qui t'attend - car elle est inaccomplie sans toi.

Une Eglise qui a des défauts - ce qui lui permettra de toujours pardonner les tiens.

Une Eglise à réformer - si tu viens collaborer.

Bon chemin d'Emmaüs, frère.

A la joie de t'accueillir.