3e dimanche de Pâques, année B

Auteur: Sélis Claude
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : B
Année: 2011-2012

 

Les disciples revenant d'Emmaüs « racontent aux autres ce qui s'était passé sur la route et comment ils avaient reconnu le Seigneur à la fraction du pain ». Ces disciples inauguraient ainsi une longue tradition de foi. Le chrétien de nos jours est lui aussi invité « à raconter les événements », les événements fondateurs de la foi chrétienne, ainsi que sa propre expérience de foi. Le récit semble aussi le moyen le plus approprié pour « dire la foi », bien plus que le traité philosophico-théologique. Car un récit ne prétend jamais tout dire. Le récit ne prétend pas démontrer. Il invite le lecteur ou l'auditeur à s'investir, à s'identifier à un rôle, à plusieurs rôles. Il lui fait revivre une situation. Il donne à penser. Il attend d'être retransmis. Là où un tel type de transmission a lieu, le Christ peut, plus facilement, prendre lui-même une place.

La foi a aussi quelque affinité avec l'étonnement et la joie. La stupeur et la crainte (la première réaction des disciples) sont surtout des signes de manque de foi. Le scepticisme a sa place dans la vie du disciple (comme nous le rappelait l'évangile de dimanche dernier avec le personnage de Thomas) mais le scepticisme est toujours triste et souvent stérile. Il est la négation de l'esprit de l'enfant. Celui-ci naît de l'étonnement et est, il est vrai, crédule en son premier élan. Ce premier élan, sans lequel rien n'est possible, doit pouvoir se transformer en solide confiance. Voilà pourquoi il est aussi tellement important de ne pas tromper ce premier mouvement, sous peine de former beaucoup de sceptiques. Sans renier le moment critique (auquel beaucoup s'arrête car cela a son confort aussi), puissions-nous retrouver le sens de l'étonnement et de la joie d'apprendre la Bonne Nouvelle.

Jésus se prête au même procédé de vérification que pour Thomas dans l'évangile de Jean et, comme pour lever un doute encore subsistant, il propose de prendre de la nourriture, un poisson. Cet aliment n'est pas, ici, anodin. En effet, « poisson » se dit en grec « ichtus » et, dans ce mot, chaque lettre est l'initiale d'un autre mot. La signification de l'ensemble donne : « Jésus, Christ, Fils de Dieu, Sauveur »...une authentique confession de foi, la première et la plus courte, la plus utilisée dans les communautés chrétiennes primitives. Le pain et le vin, c'était le Christ de la Passion. Le poisson, c'est le Christ de la Résurrection. Et c'est bien sûr le même !

La communauté chrétienne, cette belle communauté qui avait pourtant compris que le Christ était venu et avait souffert « pour enlever le péché du monde », voilà que Jean dans son épître doit leur rappeler « d'éviter le péché » ! Ces chrétiens croyaient peut-être que le sacrifice du Christ avait ôté le péché du monde comme on enlève un paquet tout ficelé, en un coup, par un acte magique. Jean corrige : c'est en gardant ses commandements au jour le jour que nous connaîtrons Dieu, que nous rentrerons intimement et de plus en plus dans l'amour de Dieu, jusqu'à la perfection.

Quel est notre péché, le dernier en date, le plus grave ? De l'avoir rejeté, Lui, le Saint, le Juste, répond Pierre dans les Actes. En la circonstance, il s'adressait à « quelques hommes d'Israël » mais c'est bien sûr à nous tous que cela s'adresse. Combien de fois, dans les 1001 actes de la vie courante ou, plus gravement, dans certains actes plus importants de notre vie, nous n'optons pas, de facto, pour ce qui sème la mort plutôt que pour Celui qui est la Vie ?

Chaque fois qu'Il se rend présent au milieu de nous, au lieu d'être frappé de stupeur, d'incrédulité ou enclin au rejet, puissions-nous L'accueillir avec joie et avec cet étonnement qui nous fera progresser dans la foi.