Nous sommes tous un peu comme saint Thomas. Nous avons tous besoin de preuves d'amour et d'amitié. Combien de fois n'entendons-nous pas une femme se plaindre parce que, depuis des années, son mari ne lui a plus dit : « je t'aime » ? Et nous, les hommes, si forts et si durs, combien de fois ne regrettons-nous pas qu'il n'y ait pas eu un geste d'amitié ou de gentillesse pendant cette journée ? Tus nous avons besoin de signes, de preuve. On a beau se dire : Dieu nous aime. On a besoin de signes concrets.
Parfois même nous provoquons notre partenaire. Saint Thomas veut mettre son doigt dans les plaies du Christ, là où cela fait le plus mal. Parfois, avec une cruauté tout enfantine, nous provoquons l'autre pour voir jusqu'où ira sa patience, jusqu'où ira son amour pour nous. Comme des enfants difficiles ou des vieillards séniles, nous faisons parfois des choses de travers. Oh ! Rien de bien grave, mais de petites maladresses pour attirer l'attention de l'autre sur nous, pour lui rappeler que l'on existe. Ou bien, au contraire, on se lance dans de vifs reproches parce que l'autre ne fait pas assez attention à nous, parce que l'autre n'en fait pas assez pour nous. Combien de fois ne sommes-nous pas révoltés contre Dieu à cause de tous les malheurs sur la terre, à cause d'une grave maladie ou d'un triste divorce ? Combien de fois ne sommes-nous pas prêts à traîner Dieu devant un tribunal pour qu'il s'explique, pour qu'il explique pourquoi il y a tant de malheurs sur la terre ?
Et Dieu nous a donné la vie. Et Dieu est mort par amour pour nous. Nous sommes souvent comme des enfants gâtés et jamais satisfaits. Dieu nous a donné la vie. Dieu nous a donné la chance de pouvoir le connaître. Et Dieu prend patience avec chacun d'entre nous. il aurait pu rayer Thomas de la liste des apôtres et le chasser pour manque de foi et de confiance. Mais Dieu fait les caprices de Thomas : il lui montre ses plaies. Et Dieu subit nos caprices, nos demandes toujours plus exigeantes alors qu'il est mort sur la croix par amour pour nous, alors qu'il meurt aujourd'hui dans la solitude de personnes âgées ou de grands malades isolés, alors qu'il meurt de tristesse dans notre propre famille, dans notre propre communauté paroissiale parce que plus personne ne lui parle, plus personne ne l'écoute. Après avoir célébré la Pâque et après avoir à nouveau découvert l'immensité de l'amour de Dieu pour nous, quittons un instant le rôle d'enfant gâté et difficile comme Thomas qui exige encore et toujours des signes et des preuves supplémentaires et tâchons un instant de donner aux autres un tout petit peu de ce que Dieu nous a donné en abondance, son amour, son amitié.