Nous voilà, une fois de plus, pris dans un superbe texte de st. Jean ! Texte qui se situe dans l'épilogue, tout a la fin de son l'Evangile. Ce texte en est donc un peu la conclusion, l'envoi. J'ai toujours aimé la peinture et les tableaux, parce-que dans un cadre, un artiste parvient a disposer des éléments, des couleurs, qui me font rêver, m'emportent dans un autre univers. Dans un tableau, ce n'est pas un petit détail qui me touche et me fascine, c'est l'ensemble, tout ce qui est dans le cadre. Bien que chaque détail ai son importance, sa place dans l'ensemble. Dans l'Evangile de Jean, lu aujourd'hui, il y a deux tableaux :
Le premier . Nous avons déjà vu en méditerranée ces petits bateaux pêchant la nuit avec des lampes pour attirer les poissons. Sur une barque, 7 pêcheurs s'ennuient car ils ne prennent rien. La nuit est longue. Je vois le tableau sombre rendant l'obscurité de la nuit et quelques lueurs sur une barque éclairant faiblement des pêcheurs somnolents .
Le deuxième : Le jour se lève. Un coin du tableau s'éclaire. Les 7 pêcheurs sont en pleine activité et essayent de remonter un filet plein a craquer (153 poissons !). Sur le rivage qui n'est pas trop loin un feu de braises avec quelques poissons et " quelqu'un ".
Que se passe t'il d'un tableau a l'autre ? Entre cette longue pêche de nuit sans succès et cette pêche miraculeuse ? Regardons ensemble tout ce qu'il y a d'extraordinaire dans ce deuxième tableau, tout ce que le peintre st. Jean a voulu nous communiquer.
Il y a là maintenant quelqu'un sur le rivage. Quelqu'un qu'il a fallu du temps a identifier. Quelqu'un qu'on ne reconnaît pas tout de suite mais qui est bien là présent, Jésus-Christ ressuscité. Et parce qu'Il est là, le deuxième tableau n'est plus le même que le premier. Ce n'est plus la nuit avec une barque et des pêcheurs somnolents. C'est l'aube. Le jour se lève. Quelque chose de nouveau commence. 7 pêcheurs sont en pleine activité et remontent un filet plein de 153 poissons. 153, le peintre aurait pu ne rien dire ou dire simplement " un filet plein a craquer ". Mais dans la bible, beaucoup de chiffres ont des valeurs symboliques et le jeu de leurs multiplications, additions ou soustractions a toujours un sens. Par exemple : 3 est le chiffre de Dieu, de la perfection (la trinité, le troisième jour,...). 4 est celui des hommes (les 4 points cardinaux, les 40 jours, ...).3+4=7 : chiffre sacré qui associe Dieu a l'humanité (les 7 jours, le chandelier a 7 branches, ...). 153 est une combinaison qui associe a la foi l'universalité (toutes les espèces, les races, ...)la quantité (une masse innombrable, le monde entier, ...) et la durée (l'infini du temps, l'éternité, ...). Il y a donc dans le filet le monde entier pour une pêche qui ne s'arrête jamais. 7 pêcheurs, alors que 5 sont cités nommément. Et si nous étions nous-mêmes appelés a être ces deux anonymes, a être nous aussi pêcheurs d' hommes ? Et puis ce filet ! On pourrait dire que les poissons sont prisonniers, captifs. Mais parce que Jésus est ressuscité, qu'Il est là, tout près, nous ne sommes pas captifs dans un filet mais captivés par quelqu'un de captivant. Un peu comme lorsqu'on lit un livre passionnant. On est pris, captivé par le livre. On ne sait plus en sortir tellement le récit est passionnant.
Alors, dans la mer, le monde, il y a de tout. Ceux qui sont dans le filet par hasard. Ceux qui se sont laissés captiver. Ceux qui se sont échappés. Ceux qui en étaient trop loin pour être pris. Ceux aussi qui sont restés accrochés a l'extérieur par une nageoire ou une écaille. Tous, nous sommes appelés, a notre rythme, a nous laisser prendre, captiver et a nous laisser entraîner sur le rivage devant un feu de braise...un feu de braise ! Nous avons étés séparés quelques mois, Marie-Noëlle et moi, au cours de nos fiançailles. Tous les deux jours, en alternance, on s'écrivait et recevait une lettre. On était amoureux, impatients de se donner et de se recevoir. On ressentait en soi quelque chose de brûlant et mystérieux. Je crois que c'est quelque chose du feu de braise sur le rivage. Ou encore : Après la fin de la veillée, au cours d'un camp louveteau, lutin, scout ou guide, quand on a fait le bilan de la journée, qu'on se sent plus proche les uns des autres, on peut rester longtemps a regarder le feu rougeoyant sans rien se dire, en étant bien ensemble, tout simplement. Je crois que c'est aussi quelque chose du feu de braise sur le rivage
Un feu de braises sur lequel grillent quelques poissons pour un repas, un partage, une communion avec le Ressuscité. Pour devenir a notre tour brûlants et nourriture. Des hommes et des femmes, de toutes espèces et en tous temps, captivés par la personne de Jésus-Christ, de son Evangile et captivants parce qu'ils L'ont découvert. Des hommes et des femmes rassemblés autour de ce feu avec le Ressuscité et priant son Esprit pour qu'en nous Il souffle sur les braises et toujours les réactive . C'est bien là, au delà des structures, l'image de l' Eglise, de notre Eglise, avec " E " majuscule ...et le très beau tableau de st. Jean.