3ème dimanche de l'Avent

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 11/12/16
Temps liturgique: Avent
Année: 2016-2017

« Qui es-tu ? Celui qui doit venir, ou devenons en attendre un autre ? » (Mt 11, 2 – 11) C’est la panique. Jean Baptiste, du plus profond de sa prison, du plus profond de son désespoir, se demande s’il n’a pas raté sa vie, s’il ne s’est pas trompé. « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Pour lui, c’est une question de vie ou de mort. Ou, plus exactement, ce n’est plus une question de vie ou de mort, puisqu’il le sait, il le sent, il ne sortira pas vivant de cette prison. Mais ce Jésus, qui est-il ? Est-il vraiment le Sauveur qu’on attend ? Et, pour nous, qui est Jésus ? Et d’ailleurs, est-ce que nous attendons un sauveur ? Cette question n’est peut-être pas si bête que ça. Elle m’est apparue quand je faisais un remplacement à Oslo, en Norvège. Le plus gros souci des Norvégiens, c’est d’arriver au vendredi après-midi. Alors tout le monde à Oslo prend sa voiture et part dans la montagne, dans la forêt rejoindre sa cabane. C’est un endroit isolé. Le plus proche voisin est à cinq kilomètres. Le plus souvent, il n’y a pas d’eau, ni d’électricité, ni surtout pas de connexion internet. On est là pour retrouver l’harmonie avec la nature. Mais dans ce cas-là est-ce qu’on attend encore un sauveur ? Un sauveur pour être sauvé de quoi ? Posez cette question à un chrétien syrien ou irakien. Ils savent, eux, ce que c’est d’attendre un sauveur. Alors la question se pose pour chacun d’entre nous : le Christ est-il pour un sauveur ou un consolateur ? Avons-nous vraiment besoin d’être sauvés, et de quoi ? Il en va peut-être de la foi comme de l’amour conjugal. Au début, on ne peut pas se séparer. « Une heure sans toi, c’est un siècle de solitude ». et les années passent, et l’habitude s’installe. On ne sait même plus pourquoi on est là l’un avec l’autre, l’un à côté de l’autre. Et c’est pour cela que je suis bouleversé quand un homme dit : « j’ai la chance de vivre avec ma femme parce que c’est elle qui donne un sens à ma vie ». Je trouve cela d’autant plus beau que cet homme reconnaît alors sa faiblesse. « Sans toi, je ne suis rien ». Et c’est la question qu’on peut se poser : est-ce que la vie nous apprend à devenir autonome au point de devenir égoïste ? Et c’est alors qu’on retrouve toute la grandeur d’un personnage comme la Vierge Marie. Après la mort de son fils, elle est resté avec les apôtres, avec Matthieu, ce collabo qui collectait les impôts pour l’occupant, Pierre, le pleutre et ce lâche, qui par trois fois a trahi Jésus, son fils, alors qu’on le traînait enchaîné d’Anne à Caïphe pour finir chez Ponce Pilate. La Vierge aurait pu leur dire à tous leurs quatre vérités, à ces hommes si fiers quand tout va bien, et si peureux devant la moindre difficulté. Elle est restée là avec les apôtres dans la prière entrain de fonder ce qui sera l’Eglise. Cette Eglise qui porte au sommet de son clocher un coq. Ce coq qui rappelle la trahison de Pierre, le chef des apôtres. Ce coq qui rappelle aussi nos petites et grandes trahisons, celle de nous habituer aux malheurs autour de nous, celle aussi de ne plus rien espérer, pas même d’être à nouveau follement aimé par Dieu. Alors, pendant cette période de l’Avent, faisons de la place pour Dieu dans notre cœur, laissons de côté toutes nos fausses certitudes et redevenons comme des enfants vulnérables, angoissés et inquiets, mais des enfants de Dieu, remplis d’espérance de recevoir encore une fois le Bien-aimé.