3eme dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 14/12/14
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2014-2015

Jean-Baptiste

Troisième dimanche de l’Avent, année B

 

Quel étrange personnage que ce Jean-Baptiste. Il est là, à la porte de tous les quatre Evangiles, baptisant, prophétisant. Il ouvre la porte à Jésus et puis se retire, énigmatique. Il a intrigué les premiers chrétiens qui se sont demandés quel pouvait bien être son rôle dans l’histoire du salut, quelle pouvait être sa signification pour chacun d’entre nous. la preuve qu’il était étrange et difficile à comprendre, c’est que les Evangiles n’en parlent pas de la même façon. L’histoire que nous connaissons le mieux, c’est celle de l’Evangile selon saint Luc qui nous raconte la naissance merveilleuse de Jean : son père, Zacharie, reçoit la visite d’un ange qui annonce la naissance de son fils ; Zacharie a du mal à y croire et il est puni : il restera muet jusqu’à la naissance de Jean ; Elisabeth, malgré son grand âge, a le bonheur d’enfanter. Tout depuis le début annonce l’arrivée d’un grand personnage. D’ailleurs le choix de son nom provoquera l’étonnement : Zacharie lui donne un nouveau nom contrairement à la coutume qui voulait que l’enfant reçoive un nom communément utilisé dans la famille. Et les gens s’étonnaient. Ils se disaient que ce serait là quelqu’un de grand, quelqu’un d’envoyé par Dieu.

Ici, dans cet Evangile selon saint Jean, rien de tout cela. L’Evangile dit simplement : « il y eut un homme ». Quoi de plus neutre et plus imprécis. « Un homme » : ce n’est ni un scribe, ni un pharisien, ni un évêque, ni un dominicain. C’est un homme, comme vous et moi, tout simplement. Et cette modestie dans la présentation est encore renforcée par sa place dans le récit. Car la mention de Jean se fait à l’intérieur du Prologue de l’Evangile selon saint Jean. Vous vous rappelez le Prologue. C’est cet espèce de chant incantatoire en l’honneur du Logos : « au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ». C’est donc à l’intérieur de cette incantation à la fois belle et mystérieuse que surgit « un homme, appelé Jean ». Quoi de plus simple et plus humble. Et pourtant cet homme sera appelé par Jésus le plus grand de tous les prophètes. Et il l’est assurément.

Il résume à lui tout seul toute l’histoire du salut. Il est l’héritier d’Abraham et de la première alliance que Dieu fit avec un homme et avec toute sa famille. Il est l’héritier de Moïse et de cette grande alliance que Dieu fit avec un homme et tout son peuple. Il est l’héritier des prophètes qui ont mis en garde le peuple contre la trahison et qui ont annoncé la venue d’un Messie, d’un sauveur. Mais, si Jean est riche de toute cette tradition, il n’en est pas le prisonnier. Toute cette leçon d’amour entre Dieu et son peuple n’a pas rendu Jean stérile et endormi. Elle a au contraire creusé en lui le désir impatient de rencontrer le Bien-aimé dont on a tellement parlé. Jean ne s’est pas laisser engraisser dans un monceau de certitude déversé par une vie pleine de bonnes intentions. Il n’est pas devenu un pharisien, sûr de sa foi et de lui-même, juste capable de condamner et de calomnier. Il est devenu affamé et assoiffé de la présence de Dieu dans sa vie. Il est impatient de rencontrer le Bien-aimé. Il invite tous ses voisins à faire comme lui, à redécouvrir la vérité dans sa vie et dans le monde. Non, le plus important, ce n’est pas l’argent. Non, le plus important, ce n’est pas le pouvoir. Oui, le plus important, c’est de guetter partout autour de soi les miettes d’amour que Dieu nous jette et nous lance. Oui, si Jean a été le premier à pouvoir dire : « voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », c’est parce qu’il était avide de rencontrer le sauveur, c’est parce qu’il savait qu’il avait besoin d’être sauvé.

Et c’est en cela que Jean est pour nous tous un bel exemple à suivre, non pas dans la fortune ou le succès, mais dans l’attente impatiente de la rencontre avec le Bien-aimé. Que cette Eucharistie creuse encore plus profondément notre soif et notre faim de Dieu afin que nous puissions le reconnaître dans notre vie de tous les jours.

Philippe Henne