5e dimanche de Pâques, année A

Auteur: Eggensperger Thomas
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

 

Chers s½urs et frères,

« Habemus papam ! » - c'est la déclaration la plus important de cette semaine. Au conclave les cardinaux ont élu un nouveau pape. Le cardinal Joseph Ratzinger, le préfet de la congrégation pour la foi, a été créé comme « leader » de l'église catholique. Benoît XVI, déjà très connu, surtout comme fonctionnaire d'une institution très signifiante, bien respectée, mais pas toujours bien aimée...

Il est évident que Benoît n'était pas seulement un fonctionnaire mais il est aussi un théologien, assez important autour du concile, Vatican II, important comme professeur de théologie. C'était la raison pour laquelle j'ai trouvé dans ma bibliothèque personnelle un livre de Joseph Ratzinger des années septante. C'est une collection d'articles du théologien Ratzinger.

Ce livre je l'ai reçu par hasard : À mon couvent de Düsseldorf un vieux frère était décédé et nous avons distribué les livres de sa chambre. J'ai vu ce livre et je me suis décidé à le prendre dans ma bibliothèque. J'ai lu les articles sans savoir que Ratzinger deviendrait plus important que ce que je pensais...

Voilà, maintenant j'ai fait une petite relecture et j'ai lu attentivement ce qu'il a écrit sur la théologie de l'église, la structure et le charisme. Comme vous savez qu'il n'est pas toujours facile ou possible pour un fonctionnaire d'exprimer son opinion personnelle. C'est plus facile pour un scientifique.

Une bonne situation pour ce week-end : Nous avons entendu un passage du livre des Actes. Il y avait une crise : La jeune communauté était en train de vivre une division parce qu'il y avait deux groupes dont l'un était majoritaire : Premièrement les hébreux, c'est-à-dire les chrétiens qui viennent de la tradition du judaïsme. Et deuxièmement les hellénistes - chrétiens aussi mais de la tradition grecque.

C'était à l'occasion du reproche exprimé par les hellénistes d'être désavantagés que la communauté chrétienne a décidé la convocation des disciples. On a constaté que le conflit est trop important pour qu'on puisse nier la réalité. L'église est en crise parce qu'il y a plusieurs groupes avec plusieurs idées et mentalités.

Dans la collection des articles de Ratzinger il y a un chapitre sur l'église. Il est intéressant de lire ce que Ratzinger pense sur l'église catholique quelques années après la fin de Vatican II. C'est un moment exigeant dans l'église. Il y avait des premières résultats du concile et maintenant il y avait quelques années de reformes, des expériences.

Ratzinger constate comme continuité du concile la renaissance du principe d'une église locale, ça veut dire une nouvelle conscience qu'il y a autre chose que seulement Rome et le pape d'une côté et les fidèles d'autre côté. Le concept d'église locale veut ouvrir les possibilités d'agir et de réagir aux communautés régionales pour mieux respecter les spécificités locales avec une certaine tradition et avec un certain niveau théologique en lien avec des problèmes plus concrets.

On a créé les conférences épiscopales, l'assemblées des évêques pour une région locale qui peut mieux discuter les problèmes spécifiques. On a permis la liturgie dans le langage du peuple, pas seulement en latin.

Mais Ratzinger était déjà un peu sceptique sur les conséquences. Il écrit :

« Les deux mouvements peuvent se renverser au négatif dans ce moment, si la communauté se ferme elle-même et reste autosuffisante. Et de même si quelques structures nationales trouvent une route autonome et oublient qu'elles sont Église seulement en lien d'un ensemble et en vue de l'ensemble. »

On voit très vite la position du jeune Ratzinger : Un « oui » pour la réforme, un « non » pour une révolution.

Voilà - que fait notre communauté à Jérusalem ? Ils cherchent une solution parce qu'une reforme est nécessaire : Les hellénistes ne sont pas contents et pour la reste de la communauté il est clair que la marginalisation d'un groupe n'est pas possible, n'est pas prudent. Ils discutent ensemble, chaque groupe présente sa position, chaque critique qu'il veut exprimer. On ne peut pas trouver une solution simple pour résoudre le problème parce que le conflit est plus fondamental que seulement quelques veuves qui sont désavantagées. Pas de tout !

Le conflit est surtout une crise structurelle. Les supérieurs de la communauté viennent d'une partie mais ils ne sont pas acceptés par l'autre partie. Et la solution ? On ne voulait pas convaincre les marginalisés que les supérieurs sont mieux que ce qu'il en pensent. Non, on décide une restructuration de la communauté : Maintenant il y a deux groupes de supérieurs : Les hébreux pour les hébreux, les helléniste pour les hellénistes.

Cette solution des Actes des Apôtres est sans doute dans la ligne du Ratzinger dans son article : Pas une révolution, mais une réforme.

Ratzinger écrit : « Le critère fondamental, si une communauté est rassemblée au nom du Christ, ce qui fait d'elle l'église, est sa relation à l'ensemble.. Le critère fondamental est sa non-fermeture, son ouverture à l'ensemble de l'église. »

Ce n'est pas mal exprimé par ce théologien qui est aujourd'hui notre pape, par lui qui est responsable aujourd'hui pour l'église et ses communautés.

Moi-même, je vois trois aspects intéressants dans cette relation entre la communauté des jeunes chrétiens, la perspective théologique de Ratzinger dans son article et nous ici et aujourd'hui :

Premièrement :

Les Actes des Apôtres nous montrent une discours formidable comme conséquence d'un conflit : On n'a pas supprimé les marginalisés, on n'a pas soumis les hellénistes en faveur de la majorité des hébreux avec la puissance des apôtres. Au contraire : On a analysé ensemble le conflit et on a trouvé ensemble une nouvelle manière de faire.

Deuxièmement :

Pour nous aujourd'hui l'histoire de Jérusalem est un bon exemple de la manière de traiter un conflit. C'est la communication qui est la solution ou du moins le premier pas de la solution. C 'est le compromis qui crée la paix.

Troisièmement :

Pour notre pape cette corrélation de la lecture et son propre article reste comme un défi : Je ne pense pas que Joseph Ratzinger avait pensé pendant la préparation de son article sur l'église qu'il serait le pape de cette église. Même si Benoît XVI. se trouve confronté avec un groupe catholique dans le monde, confronté avec des théologiens dans le monde qui ne sont pas fermés, qui sont sincères, je souhaite qu'il voie leur relation à l'ensemble. De cette manière je souhaite que le pape se souvienne de son article de 1972.

Amen !