5e dimanche de Carême, année A

Auteur: Eggensperger Thomas
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

Chers s½urs et frères,

Ce que nous avons entendu c'est une péricope de l'évangile selon saint Jean. Le onzième chapitre de l'évangile décrit la mort et la résurrection de Lazare. À première vue cette péricope ressemble à toutes les péricopes : il y a un miracle et la raison de ce miracle est Jésus avec sa puissance divine. C'est le fils de Dieu qui agit et réagit.

Mais on constate que cette péricope est extraordinaire. Ca commence avec le fait qu'on ne trouve pas une péricope semblable dans les autres évangiles. Il y a une résurrection d'un homme - un événement très spécifique - et il n'y a aucun autre évangéliste qui le prend au sérieux. C'est bizarre...

De quoi parlons-nous ?

Nous parlons de Lazare de Béthanie, un ami de Jésus. Il est très malade et ses s½urs, Marie et Marthe, demandent de l'aide à Jésus .

Ce n'est pas rare que les gens demandent à Jésus d'intervenir pour quelqu'un qui est malade ou handicapé. Mais il est très rare que Jésus ne réagisse pas. Il attend plusieurs jours pour y aller. Quand il arrive il est trop tard : Lazare est décédé depuis quatre jours. De Jérusalem à Béthanie il n y a pas une grande distance. En tout cas un voyage de quatre jours n'est pas nécessaire.

Jésus arrive et Marthe reste un peu hésitante : D'un côté elle ne comprend pas bien pourquoi Jésus vient tellement en retard, mais de l'autre côté elle met sa confiance en lui et sa puissance.

À la fin il y a cet événement impossible : Il y a la résurrection de Lazare, le décédé, le cadavre.

Cette péricope reste bizarre si on recherche un contexte réel, un contexte historique. C'est la raison pour laquelle il semble plus prudent de chercher le message central de ce texte. Quel est le but de l'auteur de cette histoire ? Qu'est-ce qu'il voulait expliquer ?

Je vois deux aspects différents. Le premier est plus humain, le deuxième est plus théologique.

Je commence avec l'aspect humain : la communication entre Marthe et Jésus me touche : Jésus arrive trop tard, Marthe souffre du décès de son frère et elle a toutes les raisons pour être déçue, pour être irritée. Mais elle a une réaction qui rend perplexe : Elle parle de confiance. C'est pour une part incompréhensible, et pour une part compréhensible.

C'est incompréhensible parce que Jésus n'était pas là et il y a aucune chance qu'il puisse encore régler les affaires.

C'est compréhensible parce que nous trouvons ici un modèle de réaction très humain. C'est un modèle que nous connaissons bien dans notre vie : Si nous sommes désespérés et nous ne savons plus que faire dans une situation désastreuse nous appelons un ami/une amie. Sans savoir pourquoi nous racontons tous les problèmes, tout le contexte de ce problème. Et cet ami - il entend, il attend - et après mon monologue sur les drames de ma vie il me répond : « Voilà, c'est un problème ! Mais maintenant nous cherchons ensemble une solution. »

Et nous ? Nous sommes soulagés, nous pouvons respirer de soulagement.

Pourquoi ? En principe il n'y a aucune raison. L'ami n'a pas trouvé une solution. Il a seulement indiqué qu'on peut résoudre le problème. Pas plus ! Mais ça suffit. La confiance que cet ami a compris le conflit suffit, et il va trouver ce que moi-même je ne trouve plus.

C'est l'aspect humain pour Marthe : Jésus n'a rien promis, mais elle est heureuse parce qu'il a permis un progrès dans l'ambiance du désespoir.

Il y a un deuxième aspect que je constate dans ce texte qui est plus théologique : C'est la résurrection de Lazare. Cette histoire est très symbolique en raison de ce qui suivra un peu plus tard - la résurrection de Jésus, le Christ. C'est le noyau de cette péricope : l'explication de la résurrection de Jésus. Lazare devient la métaphore de Jésus. Pas plus, pas moins.

À la fin nous avons les deux aspects : l'aspect humain et l'aspect théologique. Mais les deux ne sont pas séparés. Pas de tout ! Les deux aspects ensemble créent ce phénomène que nous appelons « la foi ». La foi est le mélange de la confiance de Marthe et de la résurrection de Lazare.

J'espère que cette histoire reste pour vous maintenant un peu moins bizarre qu'avant...

Amen !