Voilà bien une réflexion révoltante. Chacun d'entre nous, nous voulons construire, réussir notre vie. C'est de nos mains, parfois de notre sang que nous pouvons réaliser quelque chose dans notre vie. Mais là, rien, brutalement quelqu'un nous dit : « sans moi, vous ne pouvez rien faire ». On pousse alors un cri de révolte, un cri d'adulte. Car on les connaît, ces mamans protectrices, qui ne veulent pas que leur enfant devienne grand. On les connaît, ces maris autoritaires et brutaux qui ne veulent pas que leur femme devienne indépendante et s'épanouisse. On les connaît, ces chefs de bureau qui sans cesse harcèlent leurs employés, en leur disant : « toi et moi, nous sommes des amis ; alors tu feras bien cela pour moi ». il n'y a rien de plus irritant, de plus dégradant que ce genre de manipulation où, sous prétexte d'amitiés et d'amour, on étouffe son voisin.
Est-cela que Dieu veut ? « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ». D'accord on reconnaît qu'on a de temps en temps besoin de Dieu, mais de là à dire que sans lui ont ne peut rien faire. Je suis fier de ce que j'ai fait. Je suis fier de ce que je suis. Je l'ai fait avec mes mains, avec mon courage, avec mon intelligence.
Mais, en toute honnêteté, et c'est ça le malheur, il faut qu'une épreuve me rappelle qui je suis, ce que je suis en réalité. Ce peut être une épreuve physique, un grave accident. Ce peut être une épreuve morale, un grave échec professionnel. Ce peut être une grave épreuve affective, une rupture, une violente dispute. Sans cesse nous nous enfermons dans un monde artificiel de certitudes. Ca marche. Ca continue. Mais rien ne continue. Tout change sans cesse. Le monde autour de nous. Les personnes avec lesquelles nous vivons. Et nous-mêmes. Nous avons de nouvelles attentes, de nouvelles espérances, de nouvelles angoisses, de nouvelles causes de désespérance. Et c'est alors que l'on comprend mieux cette constatation : « sans moi, vous ne pouvez rien faire ». C'est vrai que nous ne pouvons rien faire. La vie que j'ai, c'est lui qui me l'a donnée. La santé que j'ai, c'est lui qui me l'a offerte. La réussite que j'ai pu avoir, ce n'est que la mise en pratique des dons qu'il m'a donnés.
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire » : c'est simplement la constatation qu'il faut laisser Dieu prendre toute sa place dans notre vie pour lui permettre de laisser éclater en nous les qualités qu'il a lui-même déposées.
5e dimanche de Pâques, année B
- Auteur: Henne Philippe
- Temps liturgique: Temps de Pâques
- Année liturgique : B
- Année: 2011-2012