6e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

Il y a, quand même, de quoi être décontenancés lorsque nous affirmons souhaiter devenir les disciples du Christ.  Au début de sa prédication sur la montagne, le Fils de Dieu commence avec ses merveilleuses béatitudes et il fait de nous des bienheureux.  Ensuite, il nous rappelle que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde.  Et voilà qu'aujourd'hui, après nous avoir encensés, il nous dit que tout cela a un prix.  Etre disciple de Jésus n'est donc pas une sinécure.  Il a des exigences qui peuvent parfois nous paraître bien difficiles à réaliser tellement elles nous semblent à mille lieues de notre réalité.
Et si, l'extrait d'évangile que nous venons d'entendre était plutôt une invitation faite à chacune et chacun d'entre nous, de ne pas nous enfermer, comme ces scribes et pharisiens, dans la lettre de la loi mais plutôt de redécouvrir l'esprit de celle-ci.  Le Christ ne rejette pas un iota de cette loi mais il nous convie à prendre de la hauteur, à ne pas nous satisfaire d'un simple règlement à suivre.  La loi est toujours au service de l'être humain.  Elle est faite pour régir les rapports entre nous car nous n'arrivons pas toujours à vivre à la hauteur des exigences de Dieu.  Nous pourrions avoir le sentiment d'être de bons chrétiens car nous suivons scrupuleusement les lois.  Toutefois, s'il n'y a pas d'amour dans les actes que nous posons même si ceux-ci respectent la règle, nous sommes face à un sérieux problème de vie.  Aujourd'hui encore, il peut nous arriver de nous contenter de l'un ou l'autre précepte au sens strict.  Prenons l'exemple suivant : la fidélité.  Pour beaucoup de nos contemporains, la fidélité est comprise en un sens restreint, c'est-à-dire qu'elle se concentre en sa dimension corporelle.  Me revient en mémoire cette histoire où un enfant demande, à son papa, au cours d'un dîner familial, s'il a toujours été fidèle à son épouse.  Le père réfléchit quelques instants et il répond ceci : « fils, j'ai toujours essayé d'être fidèle à ta maman mais par deux fois, je ne l'ai pas été ».  L'épouse s'étonne d'une telle déclaration et s'inquiète des propos tenus : « comment oses-tu dire que tu m'as été infidèle et en plus, devant nos enfants ? »  « Si, rétorque le mari, j'insiste.  Depuis que nous nous connaissons, je t'ai été infidèle deux fois : la première, c'est lorsque tu m'as dit que tu souhaitais reprendre le travail car les enfants étaient assez grands et que je t'ai dit que je voulais que tu restes à la maison.  Je t'ai été infidèle car je n'ai pas été capable de respecter ton projet de vie.  Et la deuxième fois, c'est lors de ce fameux dîner où des gens ont eu des propos désagréables à ton égard et que je ne t'ai pas défendue.  Là, aussi, j'ai été infidèle à toi, à notre projet de couple ».  L'infidélité ne peut donc se réduire à un simple acte.  La fidélité est une éthique de vie.  Et c'est en ce sens que le Fils de Dieu nous demande de prendre de la hauteur.  Ne nous contentons pas de simplement suivre les prescrits de la loi tout en croyant qu'en agissant de la sorte, nous sommes des êtres justes et justifiés.  Non, vivons ces prescrits mais inscrivons-les dans quelque chose de plus grand, de plus beau, qui est le projet de Dieu pour son humanité.  Tel est le sens de l'accomplissement de la loi.  « Je ne suis pas venu abolir la loi mais l'accomplir », nous dit Jésus.  Et il l'accomplit d'une manière toute spécifique : en l'inscrivant dans le c½ur.  L'accomplissement de toute loi, l'accomplissement de toute règle prend sa source et se réalise dans le c½ur de tout un chacun.  A première vue, certaines lois peuvent nous paraître dures, impossibles à réaliser.  Prenons de la hauteur pour retrouver le projet divin et inscrivons cette loi dans l'amour.  Inscrire une loi dans l'amour, c'est tout simplement prendre conscience que parfois nous ne serons pas à même de vivre à la hauteur de telle ou telle exigence.  Ne nous morfondons pas, ne culpabilisons pas.  Puisque la loi est inscrite dans l'amour, nous sommes invités à toujours poser un regard de douceur, de tendresse, de compassion, de miséricorde vis-à-vis de celles et ceux qui n'arrivent pas à suivre certains prescrits de la loi.  Ne jugeons pas. Ne condamnons pas. Inscrite dans l'amour, toute loi ne peut se lire et se vivre qu'à la lumière de la miséricorde.  Que cette dernière soit au c½ur de nos vies pour que nous puissions toujours accompagner et soutenir celles et ceux qui vivent l'échec de la loi.  La miséricorde n'est-elle pas le parfum de l'amour ?
Amen