Jn 17, 1b-11a
Imaginez-vous un instant, que demain matin, en allant acheter votre journal, votre regard se porte sur les étagères où sont rangés les magazines. Et quelle n'est pas votre surprise de voir ma photo en couverture de toutes les revues qui sont exposées. Je serais à la une de tous les magazines « people », et même sur celle de « foot magazine » alors que certains d'entre vous savent pertinemment bien que je déteste ce sport. Et vous vous demandez : mais qu'a-t-il encore bien pu faire pour avoir droit à une telle publicité. A cette question, je ne puis vous donner de réponse car je suis en plein rêve pour le moment. Mais si c'était vrai. Vous vous rendez compte. Quel succès ! Quelle gloire ! Et je me sens d'autant plus à l'aise que Jésus n'arrête pas de nous parler de gloire, à l'heure où il passe de ce monde à son Père. Mais peut-être n'ai-je pas bien compris le sens de la gloire, se disent sans doute les plus impertinents d'entre vous. Alors s'il en est ainsi, que signifie-t-elle ?
Il ne s'agit certainement pas d'une gloriole passagère et éphémère. Non, la gloire à laquelle le Christ fait référence, est le poids réel d'un être, c'est-à-dire sa valeur profonde, celle que tout homme, toute femme acquiert au fil des années et qu'il recevra en plénitude lorsqu'il aura accompli sa destinée. Ni plus, ni moins. Au terme de sa mission terrestre, le Fils pouvait alors être glorifié dans le Père puisqu'il avait atteint la mission qui lui avait été confiée de toute éternité. Cette gloire n'est donc pas réservée à une des personnes de la Trinité. Chacune et chacun de nous sommes appelés à entrer dans la gloire de Dieu.
De par notre naissance, nous sommes devenus citoyens de la terre. La vie nous a été donnée et elle fait de nous, des cosmopolites. Par notre baptême, nous sommes entrés dans une nouvelle citoyenneté, celle du Ciel. Ce sacrement fait de nous des ouranopolites, c'est-à-dire des citoyens du Royaume de Dieu. Cosmopolites par notre naissance, ouranopolites par notre baptême, telle est notre condition aujourd'hui. En suivant librement le Christ, inspiré par l'Esprit Saint, nous acceptons de partir à la rencontre du Père et d'établir dès à présent son Royaume là où nous sommes. Cela se fait tout simplement en vivant pleinement l'amour de celles et ceux de qui je me fais proche ici-bas tout en étant habité par l'espérance de cette vie d'en-haut. Le chemin est simple. Il suffit de croire en Dieu. Et chaque fois que nous croyons en Lui, il existera un peu plus. Et si nous persistons, il existera complètement, souligne Eric-Emmanuel Schmitt. Il y va encore de notre responsabilité personnelle. A nous, et à nous seuls, de décider de faire exister Dieu au c½ur de notre monde en lui donnant la place qui lui revient dans nos vies.
Cosmopolites, citoyens de la terre, nous le sommes en étant les biographes de nos existences. Nous écrivons nos vies par les choix que nous posons, par les paroles et gestes que nous offrons. Etre cosmopolite est une certitude qui s'impose à nous par le fait même que nous existons. Que je le veuille ou non, cela s'impose à moi. Je ne l'ai pas décidé. A moi, en lien avec les autres, de réussir ma citoyenneté terrestre pour ne pas passer à côté de ma vie. Par contre, ouranopolites, citoyens du Ciel, nous ne le sommes pas au départ, nous le devenons. Il s'agit cette fois d'une décision personnelle dans la foi. Je choisis de devenir ouranopolite. Depuis mon baptême, inspiré par l'Esprit, je vis ma vie autrement. Je suis non seulement biographe de mon existence mais également théographe. La théographie est une calligraphie divine. L'ouranopolite que je suis, choisit de devenir un théographe c'est-à-dire d'écrire sa vie avec l'encre de Dieu. Une encre indélébile qui marque tous nos faits et gestes d'une couleur particulière, celle de l'arc-en-ciel, signe de l'alliance entre Dieu et son humanité. Cette fois, nous avons quitté le champ des certitudes pour entrer dans celui de l'espérance. L'espérance que tout se que nous vivons aujourd'hui s'inscrit à jamais dans un au-delà. L'espérance de recevoir la vie éternelle.
En résumé, mon état de citoyen terrestre s'impose à moi et c'est à moi de décider d'écrire ma biographie. Mon état de citoyen du Ciel est un don auquel je réponds librement dans la foi pour écrire ma vie avec cette calligraphie divine qui rend la vie plus belle encore puisqu'elle nous ouvre les portes de la vie éternelle. Cosmopolite et biographe seulement ou plutôt cosmopolite et biographe tout en étant ouranopolite et théographe ? Nous seuls pouvons le décider. Mais le second choix donnera une couleur toute particulière à la vie, celle d'avoir la conviction de la réussir puisqu'elle s'inscrit en Dieu. Amen.