Encore deux semaines et, après la célébration de l'Ascension du Seigneur, nous arriverons au terme du temps pascal, ces 7 semaines qui nous acheminent au 50ème jour après Pâques : la PENTECÔTE.
50 jours après le repas de l'agneau à la fête de Pessah et après la sortie d'Egypte, les esclaves hébreux avaient jadis atteint le Sinaï et reçu la Loi de Dieu.
De même, 50 jours après la Pâque de Jésus - l'Agneau de Dieu -, ses disciples reçurent le don de l'Esprit de Dieu qui les libérait de toute servitude, y compris celle de la Loi.
L'histoire du monde est tout orientée vers ce terme : que Dieu et les hommes communient dans la même Vie, que la Nouvelle et définitive Alliance soit scellée. Jésus n'a vécu, n'a prêché, n'a accepté la croix et n'est ressuscité que dans cet unique but.
LE DON DU PARACLET
Il est peut-être dommage que le mot hébreu RUAH (en grec : PNEUMA) ait été traduit par le français ESPRIT qui évoque surtout quelque chose d'immatériel, d'évanescent, d'abstrait, d'intellectuel...
Or la RUAH de Dieu, c'est essentiellement son SOUFFLE, son énergie, son dynamisme personnel. On ne le reçoit pas comme un titre de possession, un héritage, une richesse intérieure : il faut se prêter à son action, se laisser emporter par lui. Ce qui oblige de lâcher prise, d'abandonner des habitudes, de renoncer à la maîtrise totale de son existence.
Un bateau peut avoir été conçu par un ingénieur de génie, disposer d'un équipage de grands marins ...encore faut-il que le vent souffle...et que l'on ait levé les voiles. N'avons-nous pas trop souvent peur de risquer notre vie au Souffle de Dieu, de nous laisser emporter dans la grande aventure de la liberté divine ?
S'il est vrai, comme le disait saint Syméon le théologien, que "tout le christianisme consiste à recevoir le SAINT-ESPRIT ", nous ne pouvons cantonner le don de l'Esprit à un événement passé, le figer dans une cérémonie datée, le considérer comme un héritage à préserver.
Dans le grand discours d'adieu (évangile de Jean, chapitres 14 à 17), Jésus promet à ses disciples de leur envoyer l'Esprit dont il détaille les fonctions en 5 passages. Le premier constitue la lecture de ce jour :
"Si vous m'aimez,
vous resterez fidèles à mes commandements.
Je prierai le Père : il vous donnera un autre DEFENSEUR
qui sera AVEC VOUS pour toujours.
Il est l'Esprit de Vérité.
Le monde est incapable de le recevoir parce qu'il ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez parce qu'il demeure PRÈS DE VOUS
et il est EN VOUS"
Qui donc est celui que nous appelons l'Esprit-Saint ?
Essentiellement il est DON DE DIEU. Jamais ni par l'intelligence, ni par l'ascèse, on ne peut le gagner, le saisir, le capter, le mériter.
Alors que faire ? " Si vous m'aimez ! " dit Jésus, en précisant tout de go que cet amour consiste à écouter ses commandements et à les mettre en pratique fidèlement, c'est-à-dire dans la durée. Tâche onéreuse, amour réaliste. Mais n'est-ce pas en tentant de vivre la Parole de Dieu que l'on expérimente - très vite - que "l'on manque de Souffle" et qu'il est impératif de capituler de son orgueil pour mendier le Don de Celui-là seul qui permettra la fidélité à l'Evangile, donc un amour réel de Jésus ?
Cet Esprit s'appelle aussi DEFENSEUR (traduction du grec "paracletos" qui donne en latin "ad-vocatus"). " Un autre" note Jésus, qui naturellement fut le premier "paraclet" de ses disciples. Mais cet Autre n'aura plus une présence extérieure et temporaire, telle celle de Jésus cheminant avec les siens sur les routes de Galilée. Il sera "AVEC VOUS...PRES DE VOUS...EN VOUS" : les prépositions utilisées signalent une présence de plus en plus intériorisée.
La suite du Discours d'adieu de Jésus précisera les fonctions que ce Défenseur remplira près des disciples : Il leur rappellera les enseignements de Jésus, les actualisera, leur en montrera la valeur définitive ; il les leur fera comprendre de plus en plus profondément et ainsi les conduira vers la Vérité tout entière ; Il les rendra capables de témoigner de Jésus avec courage, de répandre son évangile parmi tous les peuples tout en leur permettant de confondre les mensonges de leurs ennemis
Il est enfin appelé l' ESPRIT DE VERITE car il vient du Dieu de Vérité, il anime la Vérité de la Révélation de Jésus, il fait vivre dans cette Lumière du vrai, et il suscite l'adoration "en esprit et vérité" (Jean 4, 23)
LA VENUE DE JESUS
Ensuite, de façon encore plus mystérieuse, Jésus ajoute une autre promesse :
"Je ne vous laisserai pas orphelins : je viens vers vous.
Le monde ne me verra plus mais vous, vous verrez que je vis
et vous vivrez, vous aussi"
La fidélité à l'Evangile de l'amour de Jésus et l'accueil du Souffle divin permettront aux disciples non de goûter des sensations exceptionnelles mais de "réaliser" que - quoi que prétende "le monde" c'est-à-dire les gens fermés à la grâce - Jésus, leur enseignant de jadis, est bien le Seigneur Vivant.
"Voyant "(avec le c½ur) qu'Il est bien vivant, ressuscité, eux-mêmes du coup, revivront, ressusciteront sans cesse de la nuit à la lumière, de la tristesse à la joie, de l'absurde à l'espérance. Et cela même lorsque leurs ennemis les feront souffrir et les menaceront de mort.
Tressaillant de joie impatiente devant l'évènement tout proche, nous prierons souvent la "Séquence" de la fête de Pentecôte :
Viens, Esprit-Saint en nos c½urs Consolateur souverain
Et envoie du haut du ciel hôte très doux de nos âmes
Un rayon de ta Lumière adoucissante fraîcheur.
Viens en nous, père des pauvres, Lave ce qui est souillé,
Viens, dispensateur des dons baigne ce qui est aride,
Viens Lumière de nos c½urs. Guéris ce qui est blessé