7e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2011-2012


Finalement, qui conduit qui dans cette histoire ? Est-ce le paralytique ou bien les porteurs ? En fait, je crois que ce sont un peu les deux. Par sa fragilité, le paralytique invite quatre personnes à le conduire à Dieu. Elles l'accompagnent dans sa démarche. Elles le conduisent mais lui, il les conduit également. Tous les cinq sont donc animés de cette foi qui les fait vivre. Une foi qui leur permet de faire des choses complètement folles comme détruire un toit par exemple. Tout simplement parce que la foi nous convie à mettre un peu de folie dans nos vies. Mais pas n'importe laquelle. Pas une folie qui accepte et tolère n'importe quoi, non une folie qui nous permet de porter un regard d'empathie, de douceur, de tendresse, en fait un regard baigné d'amour face à celles et ceux qui vivent l'expérience de l'échec, de la souffrance.

L'échec ou la souffrance sont des réalités auxquelles nous sommes toutes et tous confrontés au moins une fois dans notre vie. Et ce qui est surprenant, c'est que lorsque nous en faisons l'expérience, très souvent nous nous humanisons car nous prenons conscience que la perfection n'est pas de notre monde, que, comme tant d'autres, nous avançons à tâtons. Nous nous confrontons de la sorte à l'expérience toute simple de la fragilité de la vie. Puissions-nous alors ensemble méditer l'évangile de ce jour. Le paralytique a quelque chose à nous dire. Il est fragile et il le sait. C'est pourquoi, il se fait porter par ces quatre personnes qui le conduisent à Dieu. Il est vrai que, dans la vie, nous aussi, nous avons parfois besoin de personnes qui soient présentes à nos côtés pour nous porter et nous conduire là où nous devons aller même si la destination n'est pas le fruit de notre simple volonté mais plutôt la conséquence de la réalité que nous traversons. La vie nous fait découvrir qu'il suffit parfois d'une seule personne à qui pouvoir se confier en toute liberté. Elle portera avec nous ce qui nous semble tellement lourd.  Sa seule présence bienveillante suffit car elle va nous permettre d'assister à un événement intérieur d'une force inouïe. A l'instar de l'ouverture du toit dans le récit de l'évangile, pour chacune et chacun de nous, lorsque cela s'avère nécessaire, le Ciel se déchire pour partir à la rencontre de nos propres déchirures. En d'autres termes, l'Esprit Saint souffle sur celles et ceux qui nous portent pour permettre une nouvelle ouverture et laisser passer cette brise légère divine qui part à la rencontre de nos blessures les plus profondes. Des événements tragiques comme la perte d'un être cher, l'éveil de la maladie, l'entrée brutale dans une nouvelle phase de l'âge peuvent nous blesser à un point tel qu'ils peuvent être vécus comme une véritable déchirure. Une partie de nous-mêmes est arrachée et nous avons le sentiment de perdre un peu de notre unité. Au fil des ans, nous sommes traversés de lézardes, de ruptures. Ne les nions pas mais cherchons plutôt autour de nous celles et ceux qui seront les brancardiers de notre c½ur et qui viendront nous porter dans la simplicité d'un geste effleuré. Dieu est à nos côtés et il vient déchirer notre ciel intérieur pour partir à la rencontre de nos déchirures les plus profondes. Il nous invite à ne pas nous fuir mais à retourner en nous pour trouver, retrouver cette force divine qui prend sa source dans la noblesse de nos sentiments qui se laissent voler vu la fragilité des événements que nous traversons. Le Christ vient à nous et pose son regard sur certaines blessures béantes de nos incompréhensions, de notre mal de vivre.  Il nous veut en marche dans notre c½ur car il souhaite que nous retournions à la Vie. Dieu le Fils vient panser nos blessures et nous convie à nous lever, à nous relever mais sans jamais nier ces cicatrices qui marquent notre histoire. C'est sans doute pour cela qu'il demande au paralysé de reprendre son brancard. Ne rejetons pas les événements qui nous ont fait si mal mais osons les poser dans le c½ur de Dieu. Ils seront plus légers. De la sorte, déchirure et blessure ne rimeront plus jamais avec un passé « fermeture » mais deviennent des lieux de révélation qui nous font aller vers un avenir « ouverture », une ouverture toute offerte à la merveille de la vie, à l'inconnu de Dieu. Par notre foi, nous serons alors sauvés.

Amen