7e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Sélis Claude
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2011-2012

« Lève-toi et marche ». Cette injonction de Jésus à tous les paralysés que nous sommes a l'air de gagner en force quand elle est ainsi prise absolument, en dehors de son contexte. Quel formidable appel à nous réveiller de nos torpeurs, de nos paralysies. Quel formidable appel à nous remettre en marche là où nous pensions peut-être un peu vite qu'il n'y avait plus qu'à nous laisser porter par quatre croque-morts pour nous inhumer dans un caveau. Par chance, ces curieux croque-morts ont une autre idée. Ces humbles diacres de la souffrance humaine sont persuadés qu'il y a encore quelque chose à tenter pour sauver l'homme de son état de quasi-mort : c'est de mettre l'homme en contact avec le Christ annonçant la Parole. Mais où le trouver ? A la maison, pardi ! A la maison de Pierre où avait eu lieu d'abord une guérison intérieure (dont on a parlé il y a deux semaines), maison symbolisant l'Eglise, maison pleine à craquer pour écouter Jésus prêchant la Parole. Cela ne semble plus être le cas, tant nos églises ont l'air vides ! Est-ce la faute à l'Eglise ? Peut-être, sans doute en partie. Annonce-t-elle encore de manière pertinente la Parole de Dieu ou serait-elle trop absorbée par ses migraines internes ?  Mais cessons un instant de nous culpabiliser et de nous complexer nous-mêmes. Peut-être que le nombre de paralysés est devenu beaucoup plus grand, de tous ces gens qui dédaignent superbement d'avoir encore une démarche de sens à entreprendre, qui se sont, par facilitée, laissés nécroser par les petites satisfactions immédiates au jour le jour dont ils se sont faits leur religion. Le problème actuel de l'Eglise n'est donc peut-être pas d'agrandir ou d'augmenter le nombre d'églises mais de trouver des porteurs convaincus que la Parole du Christ peut apporter le salut.

La phrase : « voyant leur foi, Jésus dit au paralysé... » pourrait passer inaperçue alors qu'elle est hautement significative : « voyant leur foi (celle des porteurs !), Jésus dit au paralysé : tes péchés sont pardonnés ». La foi des porteurs vaut donc intercession pour le paralysé et, concernant le paralysé, Jésus n'y va pas par quatre chemins. Le diagnostic est immédiat et sans ambiguïté : ce qui te paralyse, ce sont tes péchés. Et le seul moyen de neutraliser les effets paralysants du mal, c'est le pardon. Voilà ce que Jésus nous dit aujourd'hui. La réaction des scribes est juste : « Qui est-il pour pardonner les péchés ? ». Ils soulignent ainsi, à raison, la difficulté à inverser la logique du mal, opération hors de portée d'un simple humain. Voilà bien pourquoi le Fils de l'homme, titre apocalyptique que prend ici Jésus, a voulu descendre sur terre, descendre dans cette maison dont il a fait l'Eglise, y exercer ce pouvoir de remettre les péchés et transmettre d'ailleurs ce pouvoir à cette Eglise (comme il est exposé dans d'autres passages de l'évangile). Mais, comme le remarque Jésus, le sous-entendu des scribes est plutôt de dénier ce pouvoir à Jésus et de n'y voir qu'un formule magique parmi d'autres, inefficaces comme toutes les autres. Pour vaincre leur scepticisme -et aussi le nôtre- Jésus doit leur donner un signe visible, spectaculaire, comme une guérison physique instantanée. Jésus accepte de donner un tel signe mais le signe, même s'il en faut, est secondaire. Une guérison physique est bien plus facile qu'une guérison morale, la seule vraiment importante pour se remettre en marche, au sens profond de l'image, vers le monde nouveau dont parlait déjà Isaïe, monde nouveau qui ne sera possible que dans le pardon.

De ce message, de cette guérison du c½ur, soyons les apôtres, les porteurs, comme Paul, Sylvain et Timothée, sans ambiguïté, sans défaillance, puisque nous avons été remis debout, rendus solides, pour continuer la mission du Christ.