8e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Date de rédaction: 2/03/14
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'Argent ».  Voilà le genre de phrase prononcée par le Christ qui m'inciterait à interrompre cette homélie à peine commencée pour vous proposer tout de go la collecte.  Ne pouvant servir Dieu et l'argent en même temps, il ne vous reste plus qu'à vous débarrasser, dans nos paniers bien évidemment, de tous vos avoirs pour vous tourner à jamais vers Dieu.  Toutefois, agir de la sorte serait proposer une vision quelque peu simpliste voire fondamentaliste du texte et serait ainsi indigne vis-à-vis de la communauté que nous sommes. Cette phrase n'est donc pas à prendre à la lettre mais elle a malgré tout une vérité à méditer.  Nous ne pouvons pas servir Dieu et l'argent à la fois pour la bonne raison qu'ils ne peuvent se placer au même niveau.  Dieu est une fin, l'argent n'est qu'un moyen.  Effectivement, nous avons besoin d'argent pour vivre mais également pour nous détendre, pour prendre un bon temps.  Il est souvent le nerf de la guerre pour reprendre cette expression populaire.  Nous n'avons donc pas à le rejeter et à être mal à l'aise pour en parler. Cela semble être une difficulté bien catholique d'oser parler de l'argent. Ce dernier doit être toujours mis à sa juste place, c'est-à-dire qu'il est seulement un moyen inventé par les êtres humains pour régir notre économie.  Il ne peut pas être une finalité en lui-même.  Là serait alors notre erreur.  En effet, tout ce que nous aurons amasser sur cette terre, nous ne l'emporterons pas avec nous.  Et une des raisons principales pour lesquelles l'argent doit rester un moyen, c'est parce que nous ne pouvons pas lui faire confiance.  Rappelons-nous de la grande crise de 1929 et celle que nous sommes entrain de traverser depuis 2008.  Voilà ce terrible paradoxe, nous avons besoin d'argent et nous ne pouvons pas pour autant lui faire confiance.   Il nous échappe. 
Il en va heureusement tout autrement pour Dieu.  Tout d'abord, pour tout croyant, Dieu est la finalité de sa vie.  Il s'est fait l'un de nous pour que nous partagions sa vie divine.  Un jour, toutes et tous, nous serons en Lui.  Telle est notre foi, telle est notre espérance.  Dieu n'est donc nullement un moyen que nous nous donnons pour mieux vivre notre pèlerinage terrestre.  Il est la fin de toute chose.  Nous avons été créés à son image.  Celle-ci est en nous.  Et nous avons reçu comme vocation d'acquérir la ressemblance divine, c'est-à-dire d'accomplir notre destinée par les choix d'amour que nous posons, par les paroles de douceur que nous offrons, par les gestes de tendresse que nous partageons.  L'empathie, la compassion et la miséricorde sont les moyens que nous nous donnons pour nous réaliser dans la dimension divine de nos vies.  Et pour ce faire, dans l'évangile que nous venons d'entendre, Dieu nous invite à prendre un énorme risque, celui de la confiance.  Risquer la confiance, voilà notre destinée.  Lorsque nous étions bébés, nous faisions confiance.  Nous ne pouvions pas faire autrement tellement nous dépendions des autres pour nos besoins les plus élémentaires.  Puis au fil de la vie, suite à des petites voire parfois grandes trahisons, nous avons appris à nous méfier, à prendre le temps de d'abord découvrir l'autre.  Arrivés ainsi à l'âge adulte, nous n'avons peut-être plus toujours naturellement confiance.  Il nous faut alors prendre ce risque de faire confiance car toute confiance elle se donne.  Cette dernière est un don.  La confiance non seulement se donne mais elle s'entretient.   Comme elle n'est plus due, nous sommes conviés à l'entretenir dans la vérité de nos relations puisqu'elle en est le fondement.  Il suffit d'oser la confiance, de prendre le risque de croire à la richesse d'une rencontre, de plonger dans la beauté d'une relation toute pétrie d'un partage en vérité.  Il en va ainsi entre nous et il en va de même avec Dieu.  Il nous invite à faire confiance non seulement en Lui mais également en la Vie qu'il a créée et qu'il nous a donnée.  Face au mystère de la Vie, la peur peut parfois nous prendre au ventre jusqu'à nous paralyser.  Nous recherchons la sécurité, la tranquillité voire la facilité.  Or la vie se vit et pour se vivre, nous devons oser risquer.  Risquer de croire, risquer d'aimer, risquer de vivre.  Et pour ce faire, cela ne peut se faire qu'en faisant confiance.  Dieu nous a donné la sienne en nous confiant sa création.  A notre tour de lui donner la nôtre pour avancer dans la Vie en étant des hommes et des femmes heureux d'être debout tout prenant le risque de la vie car nous Lui faisons à jamais confiance.  La confiance n'est-elle pas d'ailleurs un des noms de notre foi ?
Amen