Christ-Roi

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 26/11/17
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2016-2017

Comme d’habitude, l’Ecriture en général et Notre Seigneur en particulier aiment renverser les images habituelles de la vie et du bonheur.  Nous célébrons ce weekend la fête du  Christ roi de l’univers, et au lieu d’avoir de belles images de gloire et de splendeur nous avons une scène de tribunal qui  se dresse devant nous.  Ce tribunal, ce n’est pas le tribunal de Nuremberg où on juge les plus hauts dignitaires d’un régime politique pour les crimes qu’ils ont commis, mais ce tribunal nous concerne tous, nous pauvres humains qui essayons de faire de notre mieux.

            Et quelle est la cause qui est en train d’être jugée ? Si nus avons fait du bien aux plus petits d’entre nous.  Voilà qui est surprenant.  Regardons un instant tous ces grands personnages de l’Ancienne Alliance : David, le roi tout-puissant, Salomon, le roi plein de sagesse.  Nulle part, on ne les voit donner du pain aux plus petits, secourir la veuve et l’orphelin  non, tous ces grands personnages veillent à la grandeur et à la puissance de leur royaume afin que nul étranger ne vienne le menacer de l’extérieur et que personne à l’intérieur ne vienne troubler l’ordre public.  Ils veillent à la puissance de leur royaume, mais ne secourent pas le pauvre et le faible.

Et voilà qu’au jour du jugement dernier, Dieu viendra examiner ce que nous avons fait pour lutter contre la misère et contre la guerre.  Mais que pouvons-nous faire contre de tels fléaux ? Chaque jour, le journal télévisé nous apporte son flot de mauvaises nouvelles de guerre et de misère.  Toutes ces guerres et toutes ces misères sont comme les vagues de la mer qui sans cesse assaillent notre vie et notre monde.  Sans fin, ils reviennent, sans cesse, ils se renouvellent.  Que pouvons-nous faire contre tout cela ?

Face à cela, je n’ai pas de solution, je n’ai qu’une petit suggestion : la prière, la prière d’intercession.  Oui, la prière pour les autres, cela ne résout rien, mais cela peut tout changer.  Regardons par exemple la petite Thérèse.  Enfermée dans son monastère, n’est-elle pas considérée par le pape Pie XI comme la patronne de tous les missionnaires ? N’est-ce pas elle qui, à force de prières, obtint que Pranzini, un cruel assassin au cœur dur et fermé, embrasse la croix jusque avant d’être guillotiné ?

Oui, la prière, ça sert à tout et ça sert à rien.  Ca sert à rien si on ne cherche pas à rencontrer quelqu’un.  Et cela demande du temps et de la patience.  Cela demande un temps permanent d’apprivoisement.  Prier pur les autres, cela demande de sortir de soi-même, de sa propre tragédie, de ses problèmes personnes, bien réels, pour essayer d’écouter et d’accueillir quelqu’un d’autre qui nous surprend et qui nous dérange parfois.

Et c’est cela  sans doute le sens de cet Evnagile et de ce Jugement dernier où Le Christ nous dira qu’il était présent dans la personne de tous les faibles et de tous les opprimés.  C’est la question de savoir dans quelle mesure nous avons été et nous sommes attentifs à la misère qui assaille sans cesse le monde.  Nous fermons souvent nos oreilles à toutes ces mauvaises nouvelles.  Nous ne pouvons rien n’y changer.  Et cela ne nous apporte rien d’être déprimés.  Mais cela nous oblige à quitter notre petit monde bien protégé.  Par la prière, nous ne pouvons pas apporter du travail à ceux qui n’en ont pas, mais par la prière nous pouvons peut-être leur apporter le goût de vivre et le courage d’entreprendre.  La prière d’intercession garde en tout cas notre éveillé à toute la misère, mais aussi et surtout à toute la grandeur de l’être humain que nous pouvons rencontrer. 

Nous avons tant besoin de la prière des uns et des autres.  Offrons à Dieu le meilleur de nous-mêmes : notre foi tout entière en son amour et notre effort de le rendre heureux à travers nos frères et nos sœurs.