Epiphanie

Auteur: Arnould Alain
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2007-2008
Si froid que soit encore l'hiver,
Ses jours brefs et ses nuits longues,
Le fier été vient à grand pas
Qui de tristesse nous libère :
Voici la saison nouvelle,
Les noisetiers font des chatons :
Il n'est signe plus fidèle.

...

Que Dieu nous donne le sens nouveau_

D'un amour plus libre et plus noble :_
Qu'en lui, notre vie renouvelée_
Reçoive toute bénédiction ;_
Que le goût nouveau donne vie nouvelle
Comme l'amour peut le donner
Dans sa pure fraîcheur ;
L'amour est puissant et nouvelle récompense
De ceux dont la vie se renouvelle pour lui seul.

...

La saison se renouvelle avec l'année,
Les jours, sombres naguère, brillent à présent. ...
Que nouvelle lumière vous donne nouveau zèle,
Nouvelles ½uvres, plénitude de nouvelles délices,
Nouveaux assauts d'amour et nouvelle faim si vaste
Qu'éternellement nouvel amour dévore
Ses dons nouveaux.

C'est ainsi qu'au treizième siècle la béguine Hadewijch dans ses Poèmes strophiques décrit le printemps qu'elle voit pointer. Une nouvelle époque débute, une nouvelle lumière apparaît, des signes de renaissance pointent de partout. Nous sommes dans une période de l'année où les calendriers nous confrontent avec ce renouveau : nouvelle année liturgique, nouvelle année civile, la naissance de Dieu parmi les hommes qui inaugure une nouvelle ère dans l'histoire des hommes. Nous l'entendons sans cesse ces jours-ci : Dieu vient rompre notre hiver en ce faisant homme ; un nouveau rameau pousse sur l'arbre de Jessé ; au milieu de la nuit, Dieu vient offrir une nouvelle lumière. N'est-ce donc pas un moment judicieux pour nous émerveiller de ce continuel renouvellement que Dieu nous offre. Le renouveau est par excellence le temps de la foi. Comme le dit Dieudonné Dufrasne dans son livre sur les béguines dont j'ai tiré cette citation de Hadewijch, l'histoire de l'Eglise est d'abord une histoire de printemps, beaucoup plus que d'hiver ou d'été . Quand les ténèbres semblent nous envahir et nous priver d'espérance, Dieu est là pour raviver nos forces et nous permettre de renaître. De crise en crise, de doute en doute, de souffrance en douleurs, Dieu vient à chaque fois renouveler notre humanité par sa présence d'amour. C'est vrai pour l'histoire de l'Eglise et c'est vrai pour notre vie personnelle.

Pour ces mages venus d'ailleurs et de nulle part, ou de partout, c'est dans les étoiles qu'ils décèlent ce renouveau. Les étoiles, c'est leur quotidien. Ils sont toute la journée avec leur tête dans les astres. Les étoiles des mages, c'est notre bureau, notre cuisine, notre ville, notre pays, notre monde. Oui, les mages nous invitent à chercher la nouveauté de Dieu dans notre quotidien, là où nous travaillons, vivons, là où nous nous détendons, là où nous nous engageons et tissons nos relations. C'est à partir de là que Dieu nous invite à nous mettre en marche et nous renouvelle. Pas besoin d'aller voir en haut d'une montagne ou dans les profondeurs de la mer, même si Dieu peut se révéler là aussi bien-sur.

Les mages que les évangélistes ont inclus dans leur récit de l'enfance du Christ ne pensaient sans doute pas à Dieu et encore moins au Messie quand ils ont repéré un astre inconnu. Ce conte d'évangile ne nous le dit en tout cas pas : c'est un roi qu'ils cherchent et non Dieu. Mais leur curiosité les a ouverts à la nouveauté et ils se mettent en route. Arrivés au but de leurs pérégrinations, ils reconnaissent la présence de Dieu et s'inclinent en adoration reconnaissant que c'est Dieu qui a offert quelque chose de neuf dans le ciel des humains.

N'est-ce pas cela aussi qui nous est demandé comme chrétiens ? D'abord repérer la nouvelle source de lumière et de vie qui timidement, fragilement essaie de naître dans notre quotidien. Ensuite, nous mettre en route pour l'identifier et enfin, reconnaître en ce renouvellement la présence de l'Emmanuel. Car Dieu fait preuve de confiance dans notre humanité en la renouvelant sans cesse. C'est de cette espérance là qu'il nous permet de vivre. C'est ce qui fait que le printemps est la saison par excellence de l'Eglise. Il n'y a pas lieu de se décourager. Dieu est là pour nous renouveler et pour nous guider sur la route du renouvellement.

En ce début d'année, avec Hadewijch, je vous souhaite donc Que nouvelle lumière vous donne nouveau zèle, Nouvelles ½uvres, plénitude de nouvelles délices, Nouveaux assauts d'amour et nouvelle faim si vaste Qu'éternellement nouvel amour dévore Ses dons nouveaux.

Amen.