Epiphanie

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A, B, C
Année: 2005-2006
Depuis des siècles, cela avait été annoncé, le Christ allait un jour revenir. Et voilà qu'une nuit, les anges se mettent à chanter : « un Sauver vous est né. Le Seigneur est revenu parmi les siens comme il l'avait promis. Vous le trouverez emmailloté dans une mangeoire à Gastuche, au coeur du Brabant Wallon, en Belgique ». Trois mages belges, un cistercien, un franciscain et un jésuite décidèrent de concert d'aller rendre hommage à l'Enfant Dieu qui venait de renaître. Arrivé à la crèche, le cistercien remit à l'enfant son présent en lui disant : « Seigneur, je t'ai amené quelques bonnes bières catholiques brassées par les moines trappistes de notre pays. Elles sont un moyen de prédication lorsque nous disons aux gens : « si vous ne croyez pas en Dieu, goûtez une de nos trappistes et si après l'avoir appréciée, vous ne croyez toujours pas, c'est vraiment que vous avez un problème personnel ». Le franciscain s'approcha de l'enfant et lui présenta de délicieux chocolats : « Seigneur, voici quelques douceurs qui te feront le plus grand bien. Je t'ai apporté des mendiants qui représente les trois Ordres mendiants de notre sainte Mère l'Eglise : le chocolat blanc pour rappeler la chape des frères carmes, le fondant pour la chape des frères prêcheurs et celui au lait pour l'habit des frères franciscains ». Le jésuite s'approcha ensuite et glissa tout en douceur à l'oreille de Jésus : « voici Seigneur, je t'ai apporté des chicons et des choux de Bruxelles, produits de notre terroir. Ces deux légumes sont légèrement amers, un peu à l'image de notre humanité parfois ». Puis se relevant et se tournant vers les parents, il leur dit très discrètement : « je me suis permis également de glisser un formulaire d'inscription pour l'enfant quand il sera en âge de scolarité. Nous avons de très bonnes écoles dans ce pays ». Puis les trois religieux repartirent chez eux. Heureux d'avoir pu rencontrer l'enfant Dieu qui s'est ainsi manifesté à la terre entière.

Au-delà de cette petite fiction, que ferions-nous chacune et chacun, si nous étions conviés à partir à la rencontre de Jésus, couché dans une mangeoire ? Quel type de présent, lui apporterions-nous ? Comme il a choisi de s'incarner, peut-être n'a-t-il pas voulu se différencier des autres et donc nous avons à le considérer de la même manière qu'un autre enfant en lui offrant une peluche ou une brassière. D'autres se diront : pourquoi ne pas lui offrir une Bible, comme cela il verrait lui-même ce que son message nous a apporté depuis deux mille ans. D'autres encore estimeront qu'il n'a encore rien prouvé et ils préfèreront d'abord entendre la teneur de son nouveau message. Sans doute que toutes ces approches sont trop matérialistes. En effet, au cours de nos existences, lorsque nous étions malades ou en peine, des proches sont venus nous rendre visite et vraisemblablement ils nous avaient apporté un petit présent. Au fil des années, nous nous rappelons de leur présence par contre, très souvent, nous avons oublié ce qu'ils nous avaient donné à l'époque. Comme si finalement le matériel s'imprime moins bien dans notre mémoire que la rencontre amicale, fraternelle ou familiale. S'il en est ainsi entre nous, alors à la question posée de savoir ce que nous apporterons à la crèche, il ne nous reste plus qu'une seule possibilité. Un peu comme si nous disions à l'enfant Dieu : « Seigneur, en toute humilité, je suis venu les mains vides car 'je' suis ton cadeau. J'ai choisi de m'offrir à toi en te donnant qui je suis : avec mes failles et mes fragilités, mes dons et mes espérances. Je m'offre à toi tel que je suis et je vis avec cette conviction intime que tu me comprends mieux que moi-même puisque toi, tu connais toutes choses même mes zones d'ombre dans lesquelles je n'arrive pas toujours à entrer. Oui, Seigneur, je me dépose à tes pieds. En toute confiance car je sais que tu m'aimes. J'ai cette certitude intérieure que tu ne juges pas, que tu ne condamnes pas comme certains de mes contemporains. Je sais que tu ne t'encombres pas de médisances ou de calomnies dans lesquelles quelques uns aiment parfois se prélasser. Tu es le Dieu d'Amour, le Dieu de la Vérité. Et ce qui ne regarde pas les autres parce que cela fait partie de mon intimité, je peux te les confier car tu es au plus secret de mon propre être. Avec toi, je peux tout partager. En toi, je peux tout déposer : mes peines et mes joies, mes désirs et mes espérances. Ce matin (soir), je viens auprès de toi, je te donne mon être car je sais que tu es le seul à qui je puis tout dire. Tout fragile et vulnérable que tu es, tu portes avec chacune et chacun de nous le chemin de nos existences ». Ne tardons plus un enfant nous est né. Sa crèche est dans notre coeur. C'est là que le Seigneur nous attend pour que nous nous offrions à lui. Marchons, courons, Dieu partage et porte avec nous notre condition d'homme et de femme appelés à aimer en toute vérité. Finalement, croire, c'est aussi simple que cela : aimer en toute vérité. Amen.