Epiphanie du Seigneur

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 8/01/17
Année: 2016-2017, 2015-2016

Les mages sont peut-être des grands savants, mais ils ne sont pas très malins. Voilà qu’ils arrivent à Jérusalem et qu’ils demandent où est le nouveau roi des Juifs. Vous imaginez qu’un beau jour des savants bulgares, arméniens ou irakiens viennent frapper à la porte du palais royal de Laeken et demandent : « où est le nouveau roi des Belges ? On a appris qu’il est né quelque part et on voudrait l’adorer. » Je ne vous dis pas l’ambiance si jamais ce sont des savants japonais, chinois ou nord-coréens qui, dans quelques semaines, iraient à la Maison blanche et demanderaient à Donald Trump : « où est le nouveau président des Etats-Unis ? Nous avons appris qu’il est né quelque part et nous sommes venus l’adorer. » Les mages bousculent toutes les règles de la politesse et de la diplomatie. Ils n’y connaissent rien dans les règles les plus élémentaires de la politique. C’est qu’ils sont tout simplement bouleversés par une découverte : ils ont vu une nouvelle étoile. Vous le savez : ce sont des Chaldéens, des habitants de l’Irak actuel. Depuis la plus haute Antiquité, ils scrutent le ciel pour voir le mouvement des étoiles et des planètes. Ce sont eux qui ont établi notre calendrier de 365 jours. Ils étaient convaincus que les étoiles ont une influence sur la vie humaine. C’est ce qu’on appelle l’astrologie. C’est ce qui apparaît encore aujourd’hui dans nos journaux : c’est l’horoscope. Et c’est très beau parce que Dieu utilise nos petites manies personnelles, nos petites erreurs personnelles pour venir nous conduire à la lumière. C’est comme s’il venait nous annoncer aujourd’hui qu’il y aurait une nouvelle équipe de football plus grande et plus belle que le Standard ou le Daring de Molenbeek. Dieu se sert de nos petites manies pour nous conduire à la lumière. Quand nous sommes convaincus d’avoir raison – et cela arrive souvent – nous sommes prêts à expliquer aux autres qu’ils ont tort et nous sommes même parfois prêts à écraser notre adversaire si jamais nous devons passer devant un juge pour régler un litige. Dieu utilise une méthode toute différente. Il s’assied à côté de nous et il part d’une de nos idées, d’une de nos manies pour nous mener à la lumière. Et c’est cela le miracle de la prédication chrétienne : partir de ce qu’il y a de bon dans notre recherche du bonheur, même si nous le faisons dans une mauvaise direction. C’est ce que saint Paul a fait lorsqu’il fut à Athènes. Il dit qu’il a été surpris et admiratif devant le nombre incalculable d’autels dédiés à une multitude de dieux. Et il y en avait : pour la porte de la maison, il y avait un dieu pour le seuil de la porte, un dieu pour la fermeture de la porte et un dieu pour l’entrebâillement de la porte. Et il y avait aussi un autel pour le dieu oublié, parce que les Athéniens avaient tellement peur de la jalousie des dieux et de leur susceptibilité, qu’ils brûlaient de l’encens pour ce dieu qu’ils ne connaissaient pas, mais qu’ils craignaient déjà. C’est comme si on nous disait : « ah ! Je vois que la Belgique est un pays bien politisé. Il y a beaucoup de gouvernements, beaucoup de ministres. Eh bien ! Moi, je vous annonce un nouveau gouvernement, un nouveau ministère. C’est le gouvernement de Dieu et le ministère de Jésus-Christ. » Dieu parle notre langue et il transforme nos petites certitudes en lumière de la Révélation. Alors, en cette fête de l’Epiphanie, accueillons avec intérêt la recherche, la quête d’amour dans les petites manies de notre voisin et surtout soyons toujours prêts à quitter les certitudes de nos observatoires astronomiques pour nous lancer à la recherche de l’Enfant Jésus.