Fête de la Pentecôte

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2002-2003

Je crois que je ne vous apprendrai rien en vous disant que nous sommes en l'an 2003 de l'ère chrétienne ce qui signifie que nous croyons, même si les historiens contestent cette date à quelques années près, que l'an 1 était l'année de la naissance de Jésus. Si comme la tradition le prétend, le Christ est mort à l'âge de 33 ans, cela veut dire que cet événement se serait passé, il y a juste 1970 ans.

Nous sommes alors face à un problème vu la fête que nous célébrons aujourd'hui : la Pentecôte, fête du don de l'Esprit de Dieu, troisième personne de la Trinité. Je m'explique. Je peux comprendre qu'il n'était pas possible comme croyant de dire avec précision que nous sommes en l'an quinze milliards, c'est-à-dire que nous n'avons pas tenu compte de l'instant de la Création du monde par Dieu. L'Eglise et la société ont estimé il y a de nombreux siècles que l'événement de la venue de Jésus était à ce point importante qu'il y avait un avant et un après d'où le désir de partir de sa naissance pour commencer à compter les années dans notre espace culturel. Il y a donc eu le temps du Père qui a créé le monde et qu'il est difficile de donner avec précision une date puis il y a eu le temps du Fils, commencé il y a 2003 années. Son temps sur terre fut assez court, puisqu'il n'aurait duré que trois décennies. Le Christ s'en est donc allé. Et d'après les Ecritures, il devait retourner auprès du Père pour permettre à Dieu l'Esprit de se répandre sur la terre.

C'est ce cadeau-là qu'il nous offre en cette fête de la Pentecôte. Nous sommes donc entrés dans le temps de l'Esprit. Je me demande alors pourquoi ne pas avoir pris ce temps au sérieux car si nous l'avions fait, nous aurions commencé à compter les années à partir de l'événement de la Pentecôte et nous serions en fait un 1970. Ce qui nous permettrait de fêter dans trente ans une nouvelle fois l'an 2000.

Certains me diront que ces dates importent peu et ils ont sans doute raison. L'événement de l'Incarnation est trop important pour ne pas être reconnu comme le début d'une nouvelle ère. Toutefois en ayant compté de la sorte, nous avons pris le risque d'oublier l'importance de ce troisième temps de la divinité. Le temps de l'Esprit dans lequel nous sommes entrés par la Pentecôte et duquel nous ressortirons lorsque le Christ reviendra sur terre c'est-à-dire lorsque la création sera accomplie. Mais en quoi ce temps de l'Esprit est tellement important, voire même essentiel pour nous ? Prendre conscience de ce fait, nous permet de découvrir que Dieu ne nous a jamais laissé seuls dans cette aventure de la vie et de notre humanité. C'est dans la foi, que nous sommes invités à entrer dans ce mystère de l'Esprit-Saint.

Si le Christ dit la vérité, ce que j'espère nous reconnaissons, alors nous devons prendre au sérieux cette idée que Dieu est encore et toujours à l'½uvre dans ce monde par l'intermédiaire de l'Esprit. Mais avons-nous déjà expérimenté la présence de l'Esprit de Dieu dans nos vies ? Est-ce un rêve, une utopie ou encore une naïveté déconcertante ? Personnellement, comme beaucoup d'entre vous le savent si vous êtes attentifs durant mes homélies, je crois qu'il y eu ces trois temps de la divinité dans l'histoire de notre humanité : le temps du Père au moment de la Création, le temps du Fils qui vient achever celle-ci tout en nous proposant un chemin de vie et de vérité et enfin, le temps de l'Esprit, temps dans lequel nous vivons, où Dieu accompagne chacune et chacun de nous là où nous en sommes. Il nous prend par la main et marche à nos côtés mais d'une manière très étonnante.

En effet, l'Esprit de Dieu n'est pas à l'extérieur de nous mais il est en chacune et chacun de nous. C'est par nous que Dieu s'exprime. Par notre baptême, nous sommes devenus temple de l'Esprit-Saint. Dieu se révèle à sa création de la sorte. L'Esprit de vérité, celui qui a été offert à la Pentecôte, inhabite chaque être humain. Alors, effectivement, Dieu est à l'½uvre parmi nous mais par nous. Ne le cherchons pas dans un ailleurs en regardant vers le Ciel, lieu de la vie éternelle. Cherchons-le plutôt là où il réside c'est-à-dire dans celles et ceux que nous rencontrons. Dieu le Père et Dieu le Fils peuvent nous sembler bien silencieux mais Dieu l'Esprit est très bavard. Tellement bavard que s'il demandait d'entrer chez les dominicains ici en Belgique et bien, je crois bien que je l'accepterais.

Dieu l'Esprit est loquace et parle au travers de nous. Que l'Esprit de Dieu qui est en nous nous ouvre notre c½ur et notre esprit pour que nous puissions dans la tendresse de la foi l'entendre lorsqu'il s'adresse à nous par l'autre, celui ou celle que nous aimons ou qui ne fait que croiser notre chemin. Dieu l'Esprit aime nous surprendre. Il n'est pas toujours là où nous l'attendons et pourtant il est bien présent. Telle est la promesse de la Pentecôte.

Amen.