Fête de la Sainte Trinité

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 1998-1999

C'est quand même fou que pour une fête comme celle d'aujourd'hui la liturgie nous propose juste 10 versets de la Bible. 10 versets pour trois lectures. A ce rythme-là, nous pourrions presque fêter la Trinité tous les jours. 10 versets dont seulement trois pour l'évangile. Etonnant, surprenant : si peu de mots pour un si grand mystère. En fait, en les méditant ces versets, nous pouvons constater que tout y est dit, qu'il n'y a rien à ajouter. Pas de chance pour vous, mais je me refuse à entrer dans ce type d'exercice de synthèse quant à mon sermon. 10 versets. 10 minutes de prédication. Je me réjouis déjà de la prochaine prédication, il y a 67 versets. Revenons à ces textes d'abord. Chacun d'eux exprime à leur manière une des personnes de la Trinité. De manière concise, de manière précise.

Commençons par l'évangile : en une phrase, toute l'Ecriture est résumée : Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Dieu nous aime, Dieu m'aime. Qui sommes-nous, que valons-nous de si précieux pour que Dieu, oui Dieu, nous aime. Comme le rappelle, André Sève, dès que quelqu'un pense à nous, nous voilà heureux. Heureux de vivre, heureux d'exister parce que tout simplement aimé. Mais alors, comment se fait-il que nous ne ressentions pas le même bonheur, et un million de fois plus encore, lorsque nous découvrons que Dieu, Lui aussi, nous aime. La réponse est facile, poursuit notre auteur. Celles et ceux que nous aimons, ils ont un visage, leurs yeux nous sourient, leur voix nous émeut, nous les reconnaissons à leur pas. Mais Dieu ? Comment nous regarde-t-il ? Il est si difficile à imaginer, et tellement silencieux. Il est impossible à appréhender, à saisir. De Lui, nous ne savons presque rien, si ce n'est qu'il est Dieu. A la fois c'est rien et c'est tout en même temps. Et voilà que ce soir (matin), nous le redécouvrons dans notre première lecture. Dieu, le Père, se donne à nous en se révélant à Moïse : Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité ».

Dieu est Père et Tendresse est son nom. Un nom qui exprime à la fois la beauté, la fragilité, la vulnérabilité, l'accessibilité divine. On nous avait dit que Dieu était loin de nous, qu'il vivait à des kilomètres-lumière sur son petit nuage et voilà qu'il se révèle à nous tout proche, tout près, tout en douceur puisqu'il est tendresse. Son visage est pour nous tendresse, c'est-à-dire une vibration de sentiments au plus intime de notre être. Elle nous effleure sans bruit, sans cri, comme une caresse que nous ne nous lassons jamais de recevoir.

Vient ensuite le deuxième visage de Dieu. Dieu le Fils, Dieu notre frère en humanité. En son Fils, il a ce visage qui récapitule tous les visages de la terre. Toutes et tous, nous sommes de par notre humanité, icône du Christ. Et voilà, cette fois, que Dieu le Fils, se révèle à nous dans le visage de celles et ceux que nous rencontrons. Mais Dieu notre frère se donne aussi par l'exemple de sa vie, par ses moments passés parmi nous et les Ecrits qui en témoignent. Dieu le Fils s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu, c'est cela le sens premier de son Incarnation, c'est cela obtenir la vie éternelle. Et nous voyons, que peu à peu, même avec seulement 10 versets, le visage de Dieu se précise, se dévoile à nous. Mais pour que cette image soit parfaite, il nous manque encore la troisième personne de la Trinité. Elle est la communion entre Dieu le Père et Dieu le Frère mais aussi entre le Dieu Trinitaire et son humanité. Cette communion porte le nom de la fleur de la Tendresse, c'est-à-dire l'amour. L'amour, ce quelque chose que les mots ne peuvent véritablement exprimer, est signe de la présence divine. Là où il y a de l'amour, il y a l'Esprit-Saint. C'est de cette manière qu'il se dévoile à nous et révèle ainsi une autre dimension du visage de Dieu.

Trois parties d'un même visage, trois personnes d'une même divinité. Normal qu'il n'ait fallu que 10 versets pour l'exprimer. Car Dieu n'est pas fait pour être appréhender, mais plutôt pour être médité, prié. Amen.