Fête de la Sainte Trinité

Auteur: Sélis Claude
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2011-2012

La fête de la Trinité que nous célébrons aujourd'hui n'a été introduite dans le cycle de l'année liturgique qu'au 14°s. La mention d'un Esprit-Saint, légué par le Christ pour continuer sa mission, est cependant bien établie dans le Nouveau Testament. Déjà dans l'Ancien Testament, il était largement question d'un Esprit de Dieu, souffle créateur ou souffle donné aux prophètes dans leur ½uvre de re-création d'une terre nouvelle et de cieux nouveaux comme y appelaient Isaïe et Jérémie. La formulation doctrinale de la Trinité ne se fit cependant pas sans peine. Ravivée à l'occasion des querelles christologiques du 4°s., la question de la divinité de l'Esprit Saint et puis celle de la relation entre les trois personnes divines n'en finirent pas de susciter des controverses. Elles n'étaient pas finies au 11°s. où elle rebondit à l'occasion de la querelle sur le Filioque (cette petite ajoute, au 9°s., à notre Credo -qui pour le reste date du 5°s.- et selon laquelle nous disons que l'Esprit-Saint procède du Père et du Fils). Loin d'y voir de vaines querelles, il faut y apprécier la patiente recherche pour approcher le mystère divin dans toutes ses dimensions. La fête de la Trinité apparaît comme une action de grâce de l'Eglise pour ce Dieu qui s'est révélé peu à peu dans l'histoire et qui veut continuer à être présent, à nous être présent. Loin d'être un dogme abstrait, extérieur, le dogme trinitaire touche en effet intimement notre vie chrétienne. Non seulement nous sommes les bénéficiaires de cette relation (le Dieu-Fils se faisant proche de nous dans notre condition humaine et le Dieu-Esprit continuant de nous guider) mais, plus encore, nous y sommes impliqués : ce Dieu-Père devient notre Père (comme le rappelle l'épître), le Dieu-Fils nous associe à sa gloire, l'Esprit nous fait témoins du Père et du Fils pour le Monde. Nous sommes faits héritiers de cette relation trinitaire. Le signe de ce legs est le baptême qui, à son tour, nous engage à léguer à d'autres cette vie dans l'Esprit. C'est avec cette assurance et cet envoi en mission que le Christ lui-même termine sa mission (et que se termine d'ailleurs l'évangile de Matthieu).

Jusqu'au bout, les disciples ont gardé leur doute et leur trouble. Le lectionnaire édulcore en traduisant : « ils se prosternèrent mais certains eurent des doutes » ; il faut lire : « ils se prosternèrent et cependant doutèrent ». Tout au long de ces années, les disciples ont suivi le Christ sans toujours le comprendre. Après sa mort sur la croix, ils s'enfermèrent dans leur trouble. De ces apparitions du Ressuscité, qu'est-ce que leur esprit pouvait comprendre ? Leurs doutes sont les doutes de tout chrétien, de tout homme en recherche de Dieu. Comme le rappelait la lecture du Deutéronome, la recherche de Dieu par les fidèles est la condition de possibilité de la Révélation du Nom. « Interroge les temps anciens », nous disait le Deutéronome, pour y découvrir les traces de l'intervention divine, les signes par lesquels Il nous parle. Sa révélation ne saurait être pleine et entière du premier coup parce que nous ne saurions la recevoir. C'est pourquoi elle est progressive, autant dans notre histoire personnelle que dans l'histoire de l'Eglise d'ailleurs. Mais nous profiterons d'autant mieux des réponses que nous aurons affiné nos questions. Interrogeons aussi notre époque actuelle pour y lire les signes de l'Esprit de Dieu et -surtout- pour les distinguer de ce qui lui est contraire. Puissions-nous, nous-mêmes, en héritiers de l'Esprit de Dieu, être des signes d'espérance pour nos contemporains et, d'abord, pour ceux qui nous entourent.