En mémoire de JULIENNE DE CORNILLON, la religieuse de Liège, décédée il y a 750 ANS, le 5 avril 1258, qui est à l'origine de cette fête.
Suite à l'insertion, grâce à Sainte Julienne, de la "Fête du Corps et du Sang du Christ"dans le calendrier, on peut dire que l'année liturgique catholique culmine avec la chaîne des 7 sommets :
Jeudi Saint : mémorial de la Dernière Cène Vendredi Saint : mémoire de la mort de Jésus en Croix Pâques : Jésus est ressuscité ! alléluia ! Ascension : Jésus est glorifié au ciel, mais Il reviendra Pentecôte : l'Esprit Saint vient constituer l'Eglise Trinité : Dieu enfin révélé comme Unité "Père, Fils et Esprit" Saint-Sacrement : l'Eucharistie proposée à l'adoration de tous.
On remarque que la série commence et se termine par l'Eucharistie : à la Dernière Cène, Jésus se donne aux siens et entre dans son mystère pascal de mort et résurrection
et la Célébration d'aujourd'hui permet à l'Eglise de poursuivre sa route (la longue série des "dimanches ordinaires" ) en vivant à son tour ce même mystère pascal actualisé dans l'Eucharistie.
OÙ EST LA PRESENCE REELLE ?...
Comment ne pas se souvenir aujourd'hui des processions de la "Fête-Dieu" quand toute la paroisse endimanchée, au chant des cantiques populaires et dans l'odeur de l'encens et des pétales de fleurs piétinés, parcourait les rues en escortant le Saint-Sacrement porté par Mr le curé transpirant à grosses gouttes sous sa lourde chape ?...Ce temps paraît si loin déjà !!... Mais au fait s'agit-il d'exhiber une Hostie consacrée à travers un quartier...ou de montrer une communauté chrétienne unie par la même communion à son Seigneur ? La célébration d'aujourd'hui a sans doute perdu de son pittoresque mais elle ne cesse de nous provoquer à l'authenticité et à la vérité.
Immense sujet : quelques remarques en écho aux lectures.
1. "Frères, le pain que nous rompons n'est-il pas communion au Corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons part à un seul Pain" ( 1 Cor. 10, 17 - 2ème lecture)
Le 1er texte qui nous a été conservé à propos de l'Eucharistie vient de St Paul, un ancien persécuteur de l'Eglise, et il met le doigt tout de suite sur l'essentiel : le Repas du Seigneur a pour but d'unir les croyants.
St Paul n'aurait jamais accepté d'utiliser de petites hosties comme nous le faisons aujourd'hui : devant lui, sur la table, il n'y avait qu'un pain sur lequel il prononçait la bénédiction et qu'il rompait pour offrir un morceau à chacun. C'est parce qu'il avait appris qu'à Corinthe, des chrétiens se regroupaient par affinités ou classes sociales que Paul leur rappelle le but du signe : UN PAIN -- DONC NOUS SOMMES UN CORPS. La consécration vise la communion. Aller à la messe, c'est accepter de se laisser adjoindre aux autres croyants. Réduire la messe à un acte de piété individuelle est une aberration. L'Eucharistie a été inventée pour FAIRE L'EGLISE, pour rassembler, pour unir. Et cela doit se voir, se manifester. On ne peut prétendre avoir la foi et aimer la messe si on n'accepte pas qu'elle effectue, visiblement, l' UNITE DES PERSONNES. Cessons d'employer cette ridicule expression : "faire sa communion" !!! Seul Christ, par son amour crucifié et ressuscité, est capable de nous unifier ; seul il crée la communion par son Esprit. La messe est la convocation du peuple dispersé afin qu'il "entre en communion", qu'il soit une COMMUNAUTE. En nous accostant, en nous regroupant, en clamant haut et fort nos réponses aux invitations du président, en prenant part aux chants, nous exprimons que nous voulons sortir de notre coquille, nous nous prêtons au Dessein unificateur de Dieu.
2. "Si vous ne mangez la chair du Fils de l'Homme et si vous ne buvez son Sang, vous n'aurez pas la Vie en vous".
Jésus ne cherche pas à nous expliquer comment il peut être présent dans le Pain et le Vin mais son affirmation est catégorique. D'où la question : peut-on se dire "chrétien" si l'on abandonne la pratique de la messe ? Lorsqu'il trace le portrait de la toute première communauté chrétienne de Jérusalem, St Luc énumère les 4 activités de base : " Ils étaient assidus à l'enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la Fraction du Pain et aux prières" ( Actes des Apôtres 2, 42).
Donc dès la naissance de l'Eglise, ses membres ont compris que l'on ne peut vivre l'Evangile sans célébrer le Repas du Seigneur. Il ne s'agit pas d'un règlement mais d'un instinct vital : les sarments de la vigne ne peuvent subsister que s'ils demeurent attachés au Cep.
3. " Je suis le Pain vivant, descendu du ciel...Le Pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la Vie.....De même que le Père qui est Vivant m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mangera vivra par moi".
L'Eucharistie est le don suprême de la Vraie Vie, la Vie de Dieu. Mais Dieu a tant aimé le monde qu'il a envoyé son Fils pour sauver le monde. Jésus a vécu une spiritualité d'Envoyé : ne réservant rien pour lui, il s'est "pro-jeté" à la rencontre des hommes afin de leur proposer le partage de cette Vie éternelle...jusqu'à accepter de donner sa vie corporelle !!! Conséquence : l'Eglise qui célèbre l'Eucharistie ne peut s'enfermer dans un ghetto, le chrétien ne peut s'enclore dans une piété individuelle. La "communion" est de soi tension vers le large, ouverture aux autres, proposition de Vie. La messe est un acte missionnaire. Ceux qui y vont ne s'y rassemblent dans l'unité que pour se disperser et offrir la joie de la Vie divine aux autres. Test pour toute paroisse : sommes-nous heureux de nous retrouver ? sommes-nous encore plus heureux lorsque quelqu'un nous rejoint ?...