Lc 2, 1-14
" Si un bébé vient à naître, c'est que la confiance en la vie le porte " a écrit Françoise Dolto. La confiance en la vie est le moteur de chacune de nos existences. Elle nous pousse à vivre et à donner la vie à d'autres. Nous sommes portés par la vie et par la confiance qui s'y pose. Au fond, nous avons tous été portés par un autre pendant les premiers mois de notre existence. Je devrais dire, par une autre : notre maman. Nos parents ont laissé venir la vie pour nous, ils ont mis au monde l'être que nous sommes.
Dès qu'un bébé vient au monde, la confiance en la vie le porte. L'enfant n'a pas décidé de naître, il n'a pas choisi ses parents, mais il chosira pourtant de vivre sa vie en lien avec d'autres. Quelle est cette confiance qui nous porte ? Nous avons été des enfants et nous gardons, même à trente ou soixante ans, cette part d'enfant en nous. C'est ce qui nous permet de rire, de chanter, d'inventer des jeux et des surprises. On nous a peut-être persuadé que seules les choses sérieuses pouvaient vivre en nous : les études, le travail, les valeurs...Ce n'est pourtant pas le tout de la vie des hommes et des femmes. Nous sommes faits pour la vie dans toutes ses dimensions. La vie nous expose à la souffrance comme à la joie, la vie nous pousse aux doutes comme à l'espérance. Ressentir nos émotions, c'est vivre. Faire des projets, c'est vivre. Aimer et partager la vie des autres, c'est encore vivre. Partager la vie de l'autre homme, de l'autre femme. N'est-ce pas ce qui donne des raisons de vivre ? Vivre ensemble les mêmes difficultés et les mêmes bonheurs. Avoir une vie partagée qui se vit quotidiennement par des actes de partage. Je partage mes questions, mes talents, mon écoute, ...mes humeurs aussi.
En célébrant Noël, nous nous souvenons que Dieu est venu partager notre vie d'homme et de femme. Jésus est venu dans l'histoire comme une promesse et un événement imprévu. Jésus a été surnommé l'Emmanuel, ce qui signifie « Dieu avec nous ».
Dieu a pris le risque d'une naissance humaine pour nous rejoindre dans notre vie. N'est-ce pas fabuleux ? Dieu renonce à sa puissance et à sa distance pour prendre sur lui la fragilité de l'humain et la proximité d'une famille. C'est le diamant étincelant de notre foi : Dieu s'est incarné pour nous. Le Très-Haut a vraiment pris chair en la personne du Fils pour se faire proche de nos vies, de nos peurs, de nos chants, de nos amours. L'enfant Jésus a donc été lui aussi porté par la confiance en la vie et par une mère. Il a fait le choix de vivre sa vie comme un témoignage d'espérance. Jésus a voulu montrer que Dieu n'est pas violent ou sourcilleux. Dieu n'est pas du côté des satisfaits et des indifférents.
En cette nuit de Noël, nous pouvons laisser venir l'Emmanuel en notre vie, en notre chair d'homme rêveur et faillible. Dieu vient au c½ur de la nuit pour illuminer nos lieux obscurs, pour nous aider à dépasser nos pauvretés, pour aller dans le sens de la pacification. Peut-être avons-nous oublié notre côté enfant ? C'est l'occasion de l'accueillir et de le laisser chanter en nous. Peut-être avons-nous peur de nos instants fragiles ? C'est le moment de laisser le Très-bas nous guider là où lui-même n'a pas craint d'aller.
Sur le chemin de la vie avec Dieu, nous sommes tous des enfants. Nous sommes encore inexpérimentés et naïfs. Nous avons encore à naître à nous-même, aux autres et à Dieu.
Naître, c'est accueillir le neuf, le différent. Il y a toujours du neuf à recevoir en nous, en l'autre et en Dieu. La nouveauté du christianisme et sa différence par rapport aux autres religions, c'est que Dieu s'est fait homme pour que nous soyons accueilli comme enfants de Dieu. La confiance en la vie devient alors une confiance en notre Dieu de vie. Cette même confiance se partage dans les relations aux autres que nous rebâtissons à chaque Noël. Que cette fête soit pour chacun une joie profonde. Amen.