En Belgique, il y a les Wallons et les Flamands, la CSC et la FGTB, les Dominicains et les Jésuites, le Standard et Anderlecht, La Libre et Le Soir, Colruyt et Delhaise, les Chiroux et les Grignous, la RTBF et RTL, et bien sûr, dans un tout autre registre, les moules et les frites. Et je pourrais ainsi continuer cette liste sans oublier qu'il y a également les cruches et les crèches. Pour être cruche, c'est très simple, il suffit de ne pas réfléchir à ce que nous disons. Par contre pour devenir crèche, cela demande une véritable disposition du c½ur. Je m'explique.
En vieux français, la crèche était une mangeoire pour bestiaux mais au fil des siècles, elle est devenue un lieu, mieux encore la pièce toute entière. Cette nuit, le Christ a été déposé dans une crèche. Marie « l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire ». La couche du Fils de Dieu est la crèche de la crèche. L'histoire que nous célébrons en ce jour est à ce point merveilleuse qu'il est normal que le premier endroit où le Jésus se soit reposé, est devenu le nom du lieu à proprement parlé. La divinité de Jésus emplit tout l'espace et nous ne pouvons que nous en réjouir. Le Fils de Dieu, tout bébé qu'il soit illumine de sa présence partout où il se dévoile et se laisse rencontrer. Ainsi, dans l'événement de Noël, le Ciel s'est établi sur notre terre. La gloire divine s'est installée auprès de nous, au-dedans de nous. Dieu est né à son humanité entière. Il se donne à nous pour que nous soyons à jamais à Lui. Il semble ne vouloir perdre aucun d'entre nous. Alors il a choisi de venir parmi nous pour nous faire découvrir la gloire dont il aime se vêtir. Il n'est pas venu sur un grand char avec trompettes et fanfares. Ce serait même plutôt le contraire. La gloire de Dieu s'offre à nous dans la fragilité d'un nouveau né. Sa puissance se réalise dans le fait qu'il accepte que nous le portions en nous. En cette nuit de Noël, Dieu se laisse porter par son humanité. Nous le tenons dorénavant dans nos bras. L'enfant-Dieu nous tend ses mains comme si, dans son gazouillis, il cherchait à nous susurrer au creux de notre c½ur : « j'ai besoin de vous. Je ne peux pas me passer de vous. Sans vous, je n'y arriverai pas. Prenez-moi avec vous ». Et voilà que cette musique-là se met à emplir notre être tout entier. Nous laissons, nous aussi, tout l'espace à Dieu au-dedans de nous. Il s'est fait l'un des nôtres pour que nous partagions pleinement cette dimension divine qui sommeille en chacune et chacun de nous. Dieu nous enveloppe de sa lumière. Celle-ci n'est plus extérieure à nous. Elle nous illumine de l'intérieur et donne un autre sens à nos vies. Il s'est incarné, il y a un peu plus de deux mille années, parce qu'il avait souhaité pouvoir se dévoiler à nous dans la fragilité, la candeur, l'innocence de la vie. Depuis cette fameuse nuit où une étoile a brillé d'une lumière plus forte encore, la puissance de Dieu s'est donnée à nous dans un nouveau né, dans un être qui ne peut encore se dire et se raconter mais qui peut se laisser regarder pour mieux nous attendrir à sa divinité. Noël devient alors une invitation à nous laisser faire pour que Dieu puisse prendre en nous toute sa place et ne plus faire qu'un avec nous. Dieu a pris le chemin de l'être humain pour que nous puissions à notre tour prendre celui de Dieu. L'événement de Noël devient ainsi cette occasion unique où le Verbe s'est fait chair pour qu'un jour l'humanité tout entière soit la crèche accomplie de sa divinité. En attendant ce jour, laissons à Dieu l'occasion de nous envahir pour que nous soyons à jamais pétris de sa présence et donnons lui en retour la possibilité de permettre à Marie de venir déposer en chacune et chacun de nous l'enfant-Dieu. Notre c½ur deviendra ainsi une nouvelle crèche et si nous laissons cette vie divine emplir tout notre être, nous deviendrons à notre tour crèche vivante au c½ur de notre humanité. Pour ce faire, il suffira de devenir des hommes et des femmes contagieux de Dieu. Cela ne se fait pas dans de grands discours mais tout simplement dans la tendresse de regards échangés, dans la douceur de paroles prononcées, dans l'affection de gestes partagés, dans l'amitié d'une écoute attentionnée. Alors et alors seulement, nous brillerons de cette foi qui donne une nouvelle lumière à nos vies. Que l'étoile de Noël nous illumine avec surabondance et nous permette à notre tour de montrer à celles et ceux de qui nous nous ferons proches, la route divine de la Vie.
Joyeux Noël.
Amen