Comment peut-on parler de l’Esprit Saint ? C’est vraiment un mystère fort compliqué. C’est beaucoup plus facile d’imaginer Dieu le Père et Dieu le Fils. Jésus-Christ, c’est un homme ; c’est le Fils de Dieu fait homme. Il est notre frère et notre Sauveur. Dieu le Père, c’est le créateur et la source de toute vie. Mais le Saint-Esprit , c’est beaucoup plus difficile de se l’imaginer et de se le représenter. Il est vrai que nous somme un peu handicapés, ici, en Occident. Ce n’est pas dans notre culture de parler de forces spirituelles. Cela risque de paraître de la sorcellerie ou de la magie. Non, nous sommes des êtres raisonnables. Nous ne croyons qu’en des choses concrètes et matérielles. C’est pour cela que nous sommes toujours un peu surpris quand nous apprenons que, dans certaines cultures africaines, on parle de l’esprit de la forêt, de l’esprit de la nature, de l’esprit des morts. On a presque un sentiment de répulsion et de rejet face à ce monde insaisissable et menaçant. C’est un peu la faute du Siècle des Lumières. Au dix-huitième siècle, les savants voulaient chasser la superstition et ne garder que la raison. Et ils avaient raison. Les hommes étaient alors bien trop souvent prisonniers de fausses croyances qui les terrorisaient et qui les empêchaient de se développer. Mais on jeté le bébé avec l’eau du bain. On a balayé tout référence à une vie spirituelle. Le ciel est maintenant vide. Il n’y a plus que la terre et le monde matériel. C’est pour cela que c’est si difficile de parler de l’âme, de parler de Dieu. Il n’y plus que des choses raisonnables que l’on peut expliquer ou démontrer. Et pourtant nous sentons spontanément que nous sommes beaucoup plus qu’un morceau de chair ou qu’un cerveau plus ou moins développé. Il suffit de se rappeler que les choses les plus importantes de notre vie, nous ne les avons pas décidées après un long raisonnement, mais sur un coup de cœur. C’est un élan de vie qui nous a poussés à nous marier ou à entrer au couvent. Notre raison a pu éclairer cette décision, mais au départ c’est un grand élan de force et d’amour. Et c’est peut-être cela qui s’est passé pour les apôtres le jour de la Pentecôte. Ils se sont rendus compte que ce Jésus avec lequel ils avaient passé tant de bons moments, il est vraiment vivant et il est vraiment Dieu et il nous aime tellement qu’il nous a tout donné, même sa propre vie. Alors devant cette découverte, ils n’ont pas pu reseter en place. Il a fallu qu’ils se lèvent et qu’ils sortent pour dire et pour crier à tout le monde que le Fils de Dieu est vraiment ressuscité. C’est toujours bouleversant de voir des hommes et des femmes qui explosent de joie et de bonheur parce qu’ils découvrent Dieu et qu’ils le disent. C’est peut-être cela aussi le Saint-Esprit : cette découverte amoureuse et émerveillée de l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Alors laissons un petit grain de folie envahir notre vie et reconnaissons avec reconnaissance tout ce que Dieu a fait et fait pour nous.
Pentecôte
- Auteur: Philippe Henne
- Date de rédaction: 15/05/16
- Temps liturgique: Temps de Pâques
- Année liturgique : C
- Année: 2015-2016