L'Eglise a décidé d'honorer la mémoire anniversaire du grand Apôtre par une ANNEE SAINT PAUL qui débute ce samedi 28 juin 2008 : en effet, selon certains historiens, Paul serait né à Tarse (au sud-est de la Turquie actuelle) en l'année 7 ou 8 de notre ère - il y a donc 2000 ans.
Comme de coutume, en ces cas, le Vatican va organiser de grands pèlerinages ; de somptueuses festivités se dérouleront tout au long de l'année en la basilique s. Paul à Rome (lieu présumé de son martyre) et nous serons invités à prendre part à de belles croisières en Méditerranée orientale "sur les traces de S. Paul".
!!!??? Soyons sérieux ! Est-ce cela que Paul nous demanderait aujourd'hui ? A quoi bon aller admirer les ruines de monuments que Paul aurait pu voir entiers ? ou chercher des traces aléatoires de ses passages ici ou là ? Je suis persuadé que l'apôtre nous demanderait bien plutôt de relire ses lettres, de les méditer pour chercher à l'imiter, lui, l'apôtre dans son amour fou du Christ et dans son élan impétueux afin de le faire connaître au monde entier.
LA FOI : RENCONTRE DU CHRIST VIVANT
Pourtant lorsque, pharisien acharné à observer les moindres préceptes de la Loi, le jeune Saül avait appris que les disciples de ce Jésus exécuté au Golgotha affirmaient qu'il était ressuscité et que cette croyance était en train de se répandre comme une peste jusqu' en Syrie, sa rage était telle qu'il obtint mandat pour aller arrêter ces Juifs assez stupides pour croire pareille baliverne. Mais que se passa-t-il sur la route de Damas ?...
En tout cas, lorsque le chrétien Ananias, tout tremblant, ouvrit la porte de sa maison, il découvrit non un policier implacable mais un pauvre homme qui tomba à ses pieds en sanglotant : " Pardonnez-moi !... Je l'ai vu ! Oui, je l'ai vu ! Ayez pitié de moi ! ". Et de raconter ce qui était survenu en chemin - événement prodigieux que Saint Luc rapporte à trois reprises dans ses "Actes des Apôtres" tellement il y voit un fait d'une importance capitale. Saül venait d'être foudroyé par une rencontre. Non, Jésus n'était pas mort comme il en était persuadé : il était vivant ! Plus encore : le condamné bafoué était dans la Lumière glorieuse de Dieu ! Plus encore : il était présent dans ces hommes et femmes qui croyaient en lui ! Ne lui avait-il pas dit : " Je suis Jésus que tu persécutes !!"...et non "Pourquoi en veux-tu à mes disciples ?". Et ce Seigneur non seulement n'avait pas déchargé sur Saül sa colère mais tout au contraire il l'avait embauché afin qu'il soit dorénavant son envoyé, son apôtre près des païens.
Paul nous réapprend que la foi chrétienne est rencontre de Quelqu'un, du CHRIST VIVANT. Et qu'un croyant honnête doit, lui aussi, se laisser convertir.
LE PLUS GRAND MISSIONNAIRE
On connaît la suite : les difficultés du converti pour se faire accepter par la jeune communauté et puis ses voyages missionnaires que Luc détaille avec admiration : Antioche de Syrie, Iconium, puis Philippes et Thessalonique en Macédoine, puis Athènes et Corinthe, puis Ephèse en Asie Mineure et enfin Jérusalem où il est arrêté et Rome où il est prisonnier dans l'attente de la condamnation à mort. Partout le même témoignage : " Je n'ai rien voulu savoir parmi vous sinon Jésus Christ et Jésus Christ crucifié" ( 1 Cor 2, 2) ..." Il s'agit de le connaître, lui, et la puissance de la résurrection et la communion à ses souffrances, de devenir semblable à lui dans sa mort afin de parvenir, si possible, à la résurrection d'entre les morts" ( Phil 3, 10)
Partout les attaques des adversaires, les pièges, les coups, les fouets, les prisons...Partout les exhortations identiques aux frères : " Comblez ma joie en vivant en plein accord. Ayez un même amour, un même c½ur ; recherchez l'unité ; ne faites rien par rivalité, par gloriole mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous..." ( Phil 2, 2) "Tous, vous êtes par la foi fils de Dieu en Jésus Christ...Il n'y a plus ni Juif ni Grec ; il n'y a plus ni esclave ni homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme. Car tous, vous n'êtes qu'UN en Jésus Christ..." ( Gal 3, 26)
Paul n'a eu qu'un amour : le Christ. Il n'a eu qu'une passion : celle de le faire connaître et aimer. Pour témoigner de son Seigneur, pour qu'un seul c½ur s'ouvre à cette lumière, il était prêt à parcourir le monde, à affronter tous les périls, à souffrir tous les supplices et finalement à donner sa vie.
LE TESTAMENT DE PAUL ( 2 Tim. 4, 6-18 = 2ème lecture de ce jour )
Qu'il est émouvant ce testament où le vieil apôtre sentant sa mort prochaine dit adieu à son jeune disciple Timothée. Après tant de labeurs, comme son Seigneur, il souffre de la lâcheté de certains mais il s'abandonne dans la confiance : son Seigneur l'a soutenu, il a accompli sa tâche.
"Bien-aimé, me voici déjà offert en sacrifice ; le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu : j'ai tenu jusqu'au bout de la course ; je suis resté fidèle. Je n'ai plus qu'à recevoir la récompense du vainqueur : le Seigneur me la remettra, comme à tous ceux-là qui auront attendu avec amour sa manifestation dans la gloire. Tout le monde m'a abandonné ; le Seigneur m'a assisté. Il m'a rempli de force pour que je puisse jusqu'au bout annoncer l'Evangile et le faire entendre à toutes les nations païennes...Le Seigneur me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son royaume. A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen"
"L'Année Saint Paul" peut être pour l'Eglise une magnifique opportunité. D'abord pour écouter les messages que Paul envoyait à nos premiers frères et qu'il continue à nous adresser aujourd'hui. Puisse-t-il nous provoquer à une nouvelle rencontre du Christ vivant. Allumer en nous un amour brûlant pour le Christ et son Eglise. Dynamiser un désir incoercible de le faire connaître à tous ceux qui l'ignorent. Réchauffer nos communautés afin qu'elles soient vraiment unies en communiant au Corps du Christ. Nous faire tendre vers l'avenir, sans appréhension, dans une confiance totale. Etre, comme Paul, les témoins vivants de l'Evangile du Christ Seigneur.