22ème dimanche ordinaire (année B)

Auteur: Didier Croonenberghs
Date de rédaction: 2/09/18
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2017-2018

C’est la rentrée et donc le temps des retrouvailles à Liège ! D’ailleurs, certains d’entre vous ont peut-être été se promener au parc de la Boverie ce week-end, pour le traditionnel salon des retrouvailles. Cette année encore, près de 300 associations —dont RCF— proposaient leurs passions, leurs programmes, leurs activités …

Et, bien évidemment, chacune d’entre elles essayait d’attirer l’attention, de capter le regard des passants distraits. L’attention ! Voilà bien une ressource essentielle que l’humain offre, prête, donne ou perds selon les points de vue ! De nos jours, nous en faisons quotidiennement l’expérience, cette capacité d’attention est parfois sur-sollicitée. Et les troubles de l’attention sont d’ailleurs aujourd’hui de plus en plus fréquents : incapacité de se concentrer, à cause des armes de distraction massive de notre culture, avec son déferlement d’images et d’informations !

Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, 
pour vous attacher à la tradition des hommes. »
nous dit l’évangile.
Qu’est-ce qui fait que nous délaissons bien souvent l’essentiel, et que nous nous éloignons du commandement de Dieu ? Pourquoi prêtons-nous si souvent notre attention à ce qui nous la fait perdre, à ce qui nous distrait ?

Finalement, la question est simple et cruciale : à quoi nous attachons-nous ? Quelle loi voulons-nous nous donner pour nous-mêmes ? Où porter notre attention ?
Comment la diriger vers ce qui nous est le plus essentiel ?
En effet, avant même de choisir, avant même de suivre le ‘commandement de Dieu’ ou la ‘tradition des hommes’, il nous faut au préalable tourner notre regard, ouvrir notre capacité d’accueil à quelque chose d’autre, de différent. En ce sens, l’attention est cette capacité d’écoute, cette forme de prière qui s’ouvre à l’essentiel. Toutefois, le problème de notre attention est qu’elle se referme parfois sur elle-même, de manière égoïste : nous faisons attention seulement à ce qui nous fait plaisir. Et nous valorisons seulement ce à quoi nous prêtons attention...  Mais qu’en est-il des oubliés et des exclus ?

Il y a donc deux types d’attention. Celle qui est simplement prêtée, tournée vers un certain intérêt. En somme, un attachement à cette loi des hommes qui n’aboutit finalement qu’à de la distraction, et qui nous éloigne de nous-mêmes. Mais il y a aussi cette attention bienveillante qui est véritablement donnée, qui nous rends attentif, qui nous ramène au cœur de nous-mêmes.

« Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »

Ce qui sort de nous, c’est avant tout notre regard, notre attention, nos gestes.  C’est cela qui nous transforme et qui transforme le monde. Car c’est un regard aimant, qui rend une personne aimée. C’est un regard pessimiste, qui rend le monde impur.

N’est-ce pas par la manière avec laquelle nous regardons le monde que nous arriverons, patiemment, à le transformer ? Par des paroles, et par des gestes. La lettre de Saint Jacques —et sa critique de la religion impure— pose le même constat : Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. La Parole qui entre en nous n’a de sens qu’à mesure où elle nous transforme de l’intérieur, et se voit à l’extérieur...

Voilà peut-être l’invitation toute simple de l’évangile de ce jour, et qui ne doit en rien nous culpabiliser. Nous sommes appelés chacun à creuser au fond de nous ce qui anime réellement nos paroles, nos gestes, notre manière d’être présent au monde !

Indépendamment de toutes les sollicitations, bonnes ou mauvaises, au-delà de tout ce qui capte notre attention ou non,
que sort-il véritablement de nous, du dedans de notre cœur ?
C’est cela qui importe !

Les textes de ce jour nous invitent donc, au seuil de cette année pastorale et académique, à vivre ce petit chemin d'introspection,
à faire un chemin de vérité sur nous-mêmes.
Suis-je en accord avec moi-même ?
Suis-je ajusté dans mes relations, dans mes paroles ?
La vraie foi ne se contente pas seulement de bons sentiments.
Elle se traduit dans nos actes et nos attitudes.

Alors, qu’est ce qui sort de nous ?
De quoi, ou mieux encore « de qui » témoignent nos existences ?
Est-ce d’une vision trop humaine de la vie ?
Ou est-ce véritablement de Dieu,
qui rejoint par sa loi d’amour
chacun de nous, inconditionnellement avec douceur et respect ?

Amen.