La semaine dernière, nous avons célébré la fête de saint Joseph et aujourd’hui, c’est celle de l’Annonciation faite à la Vierge Marie, et on voit tout de suite la différence entre les deux personnages honorés, la Vierge et Joseph. Ce dernier avait découvert la situation embarrassante dans laquelle était plongée sa fiancée. Il n’a pas voulu faire de drame. C’est pourquoi il avait décidé de la révoquer sans bruit. Mais il eut une vision qui lui donna l’ordre de garder la jeune fille et son enfant.
Il est confronté à une situation qu’il n’a pas voulue. Il réagit après. Ici, avec Marie, c’est tout différent. Tout se passe avant la conception. C’est un ange qui vient l’avertir qu’elle va tomber enceinte. Et c’est à elle de réagir devant cette nouvelle situation. Et c’est là toute la tragédie humaine.
Il y a des gens qui sont brisés par la vie. Nous les connaissons. Nous les voyons dans la rue, mendiants, sans domicile fixe, abandonnés. C’est tragique, car souvent ils n’ont plus la force de se relever. Et il y a des gens comme Joseph qui sont confrontés à une situation nouvelle. Ils l’acceptent et ils l’affrontent. Et il y a ceux qui, comme la Vierge Marie, non seulement acceptent, mais décide de faire leur cette situation nouvelle, comme si c’était eux qui l’avaient eux-mêmes décidée. Cela peut être une grossesse inattendue, ou une maladie grave à soigner, ou un diagnostic fatal. Chacun peut être brisé ou révolté face à cette situation injuste, et elle est injuste ! Personne n’a mérité une grossesse non-désirée, une opération lourde ou une fin de vie prématurée. Chacun a le droit de se révolter. D’autres vont l’accepter et l’affronter courageusement. Certains en feront leur propre décision, comme Jésus au Jardin des Oliviers. Ils ne seront plus victimes de cette tragédie. Ils en seront les acteurs. Et c’est là le passage de Marie à Jésus : elle a donné la vie à son fils, Lui a donné sa vie pour tous les hommes. Mais cette attitude de Marie lui a permis d’être inventive et créatrice tous les jours de sa vie : comment vivre sa maternité avec Jésus, quand il est enfant, mais aussi quand il est adulte et surtout après sa mort ? Telle est la question qui se posait chaque jour et qu’elle a résolue dans la confiance en Dieu. Car ce qui a permis à Marie de donner la vie et à Jésus de donner sa vie, c’est que tous deux étaient intimement soutenus par l’amour qu’ils recevaient du Père et la foi qu’ils avaient en cet amour. C’est cette ouverture du cœur qui a permis à Marie d’être pleine de grâces et de devenir la mère de l’Eglise.
A chacun d’entre nous se pose cette même question : comment vivre les petites et les grandes difficultés de notre vie ? En serons-nous les victimes, écrasées sur les chemins de la vie, ou en serons-nous les acteurs ? Car, debout, nous pourrons transformer des situations injustes et révoltantes en sources de vie et de résurrection, comme Mère Teresa à Calcutta et sœur Emmanuelle dans les bidonvilles du Caire. Et cela est possible grâce à l’amour du Père qui nous rend créatifs et inventifs devant toutes les surprises de la vie.