31ème dimanche ordinaire (année C)

Auteur: Philippe Henne
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2018-2019

« Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter cela ? », c’est la question que se posent beaucoup de personnes maintenant, et que, nous aussi, nous nous posons parfois : « qu’est-ce que j’ai bien fait au bon Dieu pour mériter tout cela ? »  Cela peut être une violente dispute dans le couple, une grave maladie dans la famille ou une catastrophe au travail.  Il  y a la série de catastrophes qui se suivent et qui s’accumulent : quand ce n’est pas le frigo qui tombe en panne, c’est la voiture qui a un accident. Quand ce n’est pas le grand-père qui tousse, c’est le petit dernier qui attrape la grippe.  Il y a des moments où tout semble aller de travers et on a peur de recevoir une lettre ou un coup de fil : ce sera encore une nouvelle facture ou une nouvelle catastrophe.  Mais il y a des catastrophes qui sont injustes et d’autres qui le sont moins.

            Regardez Zachée, par exemple.  Personne ne l’aime.  Personne ne l’invite à manger et, quand c’est lui qui invite, tout le monde refuse.  On ferait tout pour ne pas aller manger chez lui.  C’est un voleur.  C’est un collecteur d’impôts et même, l’Evangile le précise, c’est le chef des collecteurs d’impôts.  Il en profite pour mettre de l’argent dans sa poche.  On en parle déjà des collecteurs d’impôts au tout début de l’Evangile.  C’est quand Jean baptise au bord du Jourdain.  Les soldats et les collecteurs d’impôts viennent le consulter et ils lui demandent ce qu’ils doivent faire.  Jean leur répond qu’ils doivent se contenter de prendre ce qui est exigé.  Mais voilà Zachée avait l’habitude de prendre plus, beaucoup plus.  Voilà pourquoi l’Evangile ajoute qu’il était riche, très riche.  Et tout le monde savait pourquoi il était riche : c’était à cause de l’argent qu’il prenait chez les autres et qu’il gardait au lieu de le verser aux caisses de l’Empire romain.  Et plus il était riche, plus les gens voulaient l’éviter, lui, le voleur.  Alors il était seul, tout seul, parce que personne ne l’aimait.

« Oui, mais, disait-il, ce n’est pas de ma faute, c’est parce que je suis tout petit.  Je suis trop petit pour travailler à la ferme ou dans le bâtiment.  Avec mes petites jambes, je peux tout juste rester assis au bureau et collecter les impôts » - « Oui, d’accord, mais ce n’est pas une raison pour voler les autres.  On peut très bien collecter les impôts sans se servir au passage et on peut même parfois aider les gens qui ont des difficultés à payer leurs impôts ».  On ne vit jamais dans une situation idéale.  Il y a toujours quelque chose qui ne marche pas et qui ne marchera jamais.  Mais c’est là toute la différence entre un homme, un vrai, et un autre.  Il y en a qui se plaindront et ils auront raison.  Et il y a ceux qui transformeront leur situation difficile en quelque chose de positif et de rayonnant.  Parce qu’ils ont été malades, ils sont capables de comprendre et d’aider ceux qui sont malades.  Parce qu’ils ont connu des problèmes financiers, ils sont capables de comprendre et d’aider ceux qui vivent dans la gêne.

Et c’est cela qui est beau et merveilleux avec Jésus.  Lui, il n’était pas seul. Il vit avec son Père et le Saint-Esprit, mais il est venu parmi nous pour nous arracher à la solitude et au désespoir.  Il est venu tout exprès pour des hommes comme Zachée qui se rendaient malheureux et qui faisaient fuir les autres.  Nous aussi, nous sommes un peu comme Zachée.  Nous sommes tout petits, mais nous aimerions voir Jésus.  Alors on vient à la messe comme Zachée était monté sur son arbre.  Et nous laissons Jésus entrer dans notre vie pour que nous puissions nous aussi donner aux autres ce que nous avons reçu, l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous.