33ème dimanche du temps ordinaire (année C)

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 17/11/19
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2018-2019


Le chef du village était respecté par ses hommes et craint par ses ennemis. Et pourtant, même lui si majestueux, courageux et ombrageux, était atteint d’astrapépophobie, la peur des éclairs, souvent associée à la bronthémophobie, la peur du tonnerre et à la chéimophobie, la peur des orages et des tempêtes.  Ou pour le dire plus simplement, il avait peur que le Ciel ne lui tombe sur la tête alors qu’il était les chef des invincibles Gaulois même si, comme il le disait lui-même « ce n’est pas demain la veille ».  Abraracourcix, héros de la série Astérix, connaissait lui aussi la peur et ce, malgré la potion magique qui n’avait malheureusement pas de pouvoir sur les humeurs des Cieux.

La peur est ainsi un sentiment profondément humain.  Elle a existé en tout temps et dans toutes les cultures.  Elle est aussi vieille que nous.  C’est comme si nous avions peur de ce que nous ne contrôlons pas, de l’imprévu qui surgit au moment où nous nous y attendions le moins et sur lequel nous n’avons aucune prise.  Pire encore, la peur fonctionne de manière bizarre. Elle nous paralyse, nous fait perdre nos moyens, nous laisse sans voix et souvent nous rend complètement statique en nous empêchant d’agir. Dès lors, pour dominer nos peurs, il nous faut oser les affronter, les confronter. Comment ?  Tout d’abord, en les considérant comme un hôte indésirable, dont on va tout faire qu’il n’ait pas envie de prolonger son séjour au cœur de notre être… Pour le dire autrement, il nous faut rendre la vie impossible à nos peurs, sinon ce sont elles qui rendront notre vie impossible.  Osons leur désobéir et cherchons à voir ce que le Christ vient nous dire au cœur de notre propre tempête de Vie.  Il nous propose un message d’une folle espérance : « Mettez-vous donc dans l’esprit, dit-il, que vous n’ayez pas à vous préoccuper de votre défense – pas un cheveu de votre tête ne sera perdu – par votre persévérance vous garderez votre vie ». En ce sens, la peur ne peut pas nous envahir, pire nous anéantir. Jésus nous offre une fois encore des paroles de vie. Face à la détresse de certains situations, face à l’incompréhension de ce qui nous arrive et peut nous paraître tellement injuste, face à des situations qui nous semblent apocalyptiques, le Fils de Dieu nous convie à avancer tout en confiance.  C’est cette dernière qui doit devenir le moteur de nos existences.  Alors que nous pourrions nous sentir démunis, désarmés, vaincus, effondrés, Jésus nous soutient, nous interpelle et surtout nous accompagne sur le chemin de notre destinée en nous rappelant que c’est par notre persévérance que nous garderons notre vie.  Notre persévérance, vécue tout en confiance, est l’attitude par excellence qui nous fait relever la tête, qui nous fait prendre conscience que, à l’instar du chef des habitants du village gaulois, nous ne serons jamais vaincus.  La vie, toujours triomphera.  Nous sommes donc invités à faire face à ce qui nous advient tout en confiance.  Évidemment, me direz-vous, c’est tellement facile à dire quand tout va bien et quand la vie nous sourit. Mais qu’en est-il lorsque la tourmente nous envahit et que notre vie devient un véritable tourbillon d’incompréhension et de souffrances qui vont finir par avoir raison de notre courage et de notre persévérance ?  L’abattement est alors tout proche et nous risquons de nous enfermer dans une spirale de profonde solitude. Nous nous sentons écrasés et notre avenir semble s’apparenter à un néant dépourvu de sens. Cette fois, non seulement, le Ciel nous est tombé sur la tête mais en plus, la terre s’effondre sous nos pas. Toutefois, si nous prenons les paroles du Christ au sérieux, c’est par notre persévérance que nous garderons la vie.  Et c’est à ce moment précis,  qu’il nous faut agir, oser regarder en face ce qui nous arrive.  Oh, certainement pas seul.  Nous n’y arriverions pas.  En fait, notre persévérance se construit et se nourrit en osant nous en remettre à celles et ceux dont nous nous sentons proches.  Qu’il s’agisse de notre Dieu en qui nous pouvons nous confier dans la prière ou de nos familles et amis sur qui nous pouvons compter pour que notre fardeau soit plus léger à porter.  Notre tâche à chacune et chacun d’entre nous est d’être l’Esprit de Dieu à l’œuvre au cœur de notre humanité.  Ce sont nos paroles bienveillantes, nos gestes de solidarité, nos regards attendrissants, notre agir tout en douceur qui vont soutenir la persévérance de celles et ceux blessés par la tourmente de ce qui leur arrive.  Par nos différentes attitudes, nous leur permettons, quelle que soit l’issue, qu’ils obtiennent la vie, voire la vie éternelle.  La persévérance se nourrit ainsi de la confiance, de la bonté, de la générosité, de la tendresse offerte par nous-mêmes ainsi que par notre Dieu. Amen