5ème dimanche ordinaire (année A)

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 9/02/20
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2019-2020
Textes : 5ème dimanche ordinaire

Il y a des personnes qui étouffent et il y a des personnes qui font vivre.  Tous, dans notre entourage, nous connaissons des personnes qui sont tellement bavardes qu’on n’a plus rien à dire.  Il y en a aussi qui sont tellement fortes qu’on ose plus rien dire.  Elles nous écrasent par leurs connaissances, par leur façon de parler haut et fort, parce qu’elles ont toujours raison.  Alors, pour avoir la paix, on se tait et on attend. 

Le problème, c’est que parfois on n’a même plus de place pour vivre.  Pour certains d’entre nous, il n’y a plus que le soir avant de rentrer à la maison, quand on peut boire un verre avec les copains, ou le samedi après-midi quand on va jouer aux cartes au café du coin, qu’on peut encore dire quelque chose.  Après, c’est comme une chape de plomb qui tombe.  On se replie sur soi.  On se tait.  On meurt.

Et c’est pour cela qu’on comprend bien ces histoires de Jésus qui rencontre Pierre au bord du lac ou Matthieu à son bureau.  Ils étaient là, écrasés par une vie morne et triste, et ils ont rencontré quelqu’un qui les a trouvés intéressants.  Oui, il y a des gens comme ça qui, sans rien dire de spécial, vous font confiance et on devient quelqu’un de tout à fait différents.  On découvre l’air frais de la vie, la chaleur de l’amitié.

Et c’est le grand défi qui nous est lancé, non pas de nous plaindre parce que personne ne nous écoute, mais de pouvoir découvrir Jésus autour de nous.  Car, oui, s’il fallait attendre quelqu’un qui nous écoute, cela pourrait durer fort longtemps.  Et puis, on n’a pas grand-chose à dire.  On a simplement à redécouvrir la vie grâce à quelqu’un qui nous regarde avec sympathie.  Car, comme toujours, quand on a besoin de quelque chose, il faut le donner aux autres. 

Quand on a besoin d’un sourire, il faut le donner aux autres.  Quand on a besoin de gentillesse, il faut le donner aux autres.  C’est comme cela qu’on recevra un sourire et de la gentillesse.  Si on veut avoir du sel, du plaisir, de la surprise dans la vie, il faut pouvoir le donner aux autres.

Et, pour cela, il faut pouvoir être capable de faire comme Jésus, de trouver les autres intéressants, être capables de découvrir en eux une étincelle, une lueur, quelque chose de beau et d’admirable, qui existe, mais qui n’est pas toujours évident.

Et c’est là toute la différence entre le sel et la lampe.  Une lampe, cela brille et cela éclaire, et même parfois cela éblouit.  Mais il faut être fort et costaud pour pouvoir être une lampe.  Il ne faut pas avoir peur du vent et de la pluie.  Tandis que le sel, c’est plus discret.  Le sel, cela met en valeur la nourriture et les aliments qui sont devant nous.  Car, et c’est cela le plus important, les aliments ont déjà leur propre saveur, ils ont déjà leur propre goût et leur propre parfum.  Et c’est à nous à mettre en évidence, ce goût et ce parfum.  Si on met trop de sel, cela abîme tout.  Cela n’a plus que le goût du sel et ce n’est pas bon.  De la même façon, quand on parle de trop et qu’on écrase les autres, cela n’a plus de goût, cela devient embêtant.  Mais, quand, par une petite touche de sel, on arrive à ouvrir le cœur de l’autre et on arrive à ce que la lumière de son cœur apparaisse devant nos yeux, alors oui, on a réussi à faire vivre son voisin et sa voisine, et on a découvert la beauté de Jésus-Christ dans sa vie. 

C’est un peu comme cette petite hostie.  Ce n’est pas grand-chose, un petit morceau de pain, mais qui contient tout l’amour de Dieu.  Et c’est à nous avec le sel de notre foi de laisser cet amour infini éclater dans notre vie, dans notre cœur.