Cinquième dimanche de Pâques (année A)

Auteur: Didier Croonenberghs
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2019-2020


Seigneur, nous ne savons pas où tu vas.
Comment pourrions-nous savoir le chemin ?

Ce sont parfois les questions les plus simples, presque naïves, qui amènent les réponses les plus éclairantes… Nous le savons, il n’y a pas de bête question. L’interpellation de Thomas peut donc sembler anodine. Mais la réponse de Jésus, quant à elle, résume son évangile ! Je suis le chemin, la vérité, la vie…

Bien des commentateurs ont essayé de justifier l’ordre de ces trois qualificatifs, insistant sur le fait que la succession des mots avait son importance. En ce sens, le chemin précède la vérité, et une telle vérité conduit à la vie. Mais il est une autre manière de regarder ces trois images que donne Jésus, de manière presque trinitaire… Alors, c’est comme si chaque terme, bien compris, renvoyait aux deux autres…

Qu’est-ce que le chemin ? Sinon le principe d’une vie vraie, authentique véritable.  
Qu’est-ce que la vérité ? Sinon un dévoilement, un révélation dans notre vie, plutôt qu’une certitude ou un principe ?
Qu’est-ce que la vie ? Sinon un chemin de vérité, d’authenticité, d’humilité, de vérité sur soi ? 

Dans un de ses dialogues, Platon évoque les trois tamis de Socrate : autant de conditions préalables à toute prise de parole, pour mettre un frein à sa langue !
Il s’agit de la vérité, de l’utilité, et de la bonté. L’essentiel est bien de conjuguer les trois dimensions en même temps…

Lorsque nous disons la vérité, est-elle utile et bonne ? Lorsque nous essayons d’être bienveillants, sommes-nous pour autant justes et vrai ?

Dans son dernier discours, et l’évangile que nous venons d’entendre, c’est comme si le Christ nous donnait les trois clés, les trois critères indépassables d’une vie selon l’évangile. Lui qui est la porte, il est aussi le chemin, la vérité et la vie. Et comme pour les trois tamis de Socrate, l’essentiel est bien de conjuguer les trois dimensions en même temps…

Ne faut-il donc pas, dans notre existence, conjuguer —avec patience et sagesse—Chemin, vérité et vie ?

Alors, la vérité deviendra pour nous non pas certitude, mais vivante recherche !
Alors la vie deviendra non pas sécurité, mais authentique promesse !
Alors le cheminement personnel ne se fera pas au détriment des enjeux collectifs et de la vie véritable !

Voilà pourquoi —et nous savons que c’est bien difficile— il nous faut plonger toute parole, tout geste, toute activité, avec les trois clés de Celui qui est la porte !

Socrate nous invitait à filtrer toute parole par les critères de bonté, de vérité et d’utilité. Je vous invite à faire l’exercice à ce niveau-là… Mais la parole du Christ va plus loin encore que cet exercice !  
Elle nous convie à conjuguer vie, vérité et chemin… Bien plus qu’un exercice, il s’agit de faire de toute notre existence au quotidien, un chemin de vie véritable.

Pas seulement un chemin de vie, coupé des autres, ni un chemin de vérité sur soi.
Mais un chemin de véritable vie.

« Alors celui qui croit fera les œuvres du Fils…. Il en fera même de plus grandes !»
Amen.