22ème dimanche ordinaire B

Auteur: Jean-Bertrand Madragule
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2020-2021

Chers frères et sœurs !
En février 1994, je me préparais spirituellement en vue de mon ordination sacerdotale. Pendant cette recollection, je lisais la vie de saint Jean-Marie Vianney, connu sous le nom du Curé d’Ars ! Vous souvenez-vous de l’incident qui lui est arrivé dans son Église paroissiale ? Si vous ne vous rappelez pas, ce n’est pas grave ! Voici l’histoire.


Il y avait un homme à Ars qui ne passait jamais devant l’église sans y entrer : le matin quand il allait au travail, le soir quand il en revenait et il restait longtemps en silence devant le Saint-Sacrement pour pratiquer l’adoration eucharistique.
Le Curé d’Ars lui a demandé ce qu’il disait à Notre Seigneur pendant ces longues visites qu’il Lui faisait… Savez-vous ce qu’il a répondu ? Il a dit ceci : « Monsieur le Curé, je Le regarde et Il me regarde. »
Ce monsieur n’a pas dit beaucoup de mots. Il adorait Dieu non pas avec ses lèvres, mais avec son cœur.
La question du cœur est justement au centre de l’Évangile d’aujourd’hui. Les pharisiens et les scribes, venus de Jérusalem, s’indignent du fait que les disciples de Jésus ne se soient pas lavé les mains avant le repas. Ils ont donc des « mains impures ».
Rappelons que dans la tradition juive, les repas étaient des moments importants et parfois solennels. Cette tradition de se laver les mains rappelait le besoin de l’homme d’être en constante purification et avait un sens spirituel profond. Par le lavage des mains, on demandait la guérison de l’âme et c’était un digne moment de partage.
Ce qui est surprenant, c’est la réaction de Jésus. Il cite le prophète Isaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » Jésus ne critique pas le rituel du lavage des mains.
Jésus reproche aux pharisiens et aux scribes d’avoir « le cœur loin de Dieu » et cela en méprisant ou en excluant les autres au nom de la religion.
Jésus ne cesse de s’élever contre toute exclusion ou séparation au nom de la religion. On ne peut pas s’approcher de Dieu en excluant les autres.
Et c’est à propos de la question du rapprochement avec Dieu que Jésus parle de pureté. Au sens biblique, la pureté est l’aptitude à se rapprocher de Dieu.
La véritable pureté est donc une disposition du cœur, c’est la miséricorde, c’est l’amour. L’impureté que Jésus reproche à ses adversaires, c’est « l’endurcissement du cœur » : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »
Le culte rendu à Dieu n’a pas de sens, si le cœur est loin de Dieu. Jésus veut la pureté du cœur, c’est-à-dire que nous devons accorder notre intelligence et notre cœur aux exigences de la sainteté de Dieu. Jésus veut que nous soyons tournés vers lui, pour entrer en relation avec nous.
Jésus veut de nous la prière du cœur, comme ce paysan qui restait si longtemps devant le Saint-Sacrement dans l’Église d’Ars. Le cœur est le siège de l’amour. Bien sûr, nous montrons à Jésus notre amour par nos actes ; mais si nous ne les accomplissons pas avec le cœur, nos actes sont vides de sens.
Nous devons nous poser sans cesse les questions suivantes concernant nos prières et notre participation à la célébration eucharistique : Est-ce que mon cœur y est ? Est-ce que j’essaie vraiment d’être pleinement présent pendant la messe ? Est-ce que je vis ma foi avec mon cœur ou est-elle pour moi un ensemble de pratiques cultuelles à accomplir ?
Je sais que nous ne pouvons pas toujours nous concentrer à 100% lorsque nous prions. Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui est important, c’est la disposition intérieure de notre cœur.
L’Eucharistie est un banquet où l’on est nourri du Corps et du Sang du Christ et où l’on entre en communion avec nos frères et sœurs.
Pour que cette communion soit parfaite, il faut que notre cœur soit un cœur de chair, un cœur pur. C’est pour cette raison qu’au début de la messe, après le signe de la croix et la salutation, le prêtre nous invite à reconnaître nos péchés et à demander pardon à Dieu.
Jésus lui-même nous a demandé de faire cela : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » (Mt 5, 23-24)
Au cœur de nos activités quotidiennes, la page de l’Évangile de ce dimanche nous invite à trouver des moments de recueillement et de méditation pour offrir nos offrandes, problèmes et espoirs au Seigneur.
Ce que Dieu veut, c’est nous-mêmes, notre fidélité, notre cœur. Il veut la réponse de notre amour. Si nous donnons la priorité dans notre vie à une prière du cœur et donc à notre amour pour Dieu et pour notre prochain, en accueillant et en mettant la Parole de Dieu en pratique, alors nous sommes sur la bonne voie. Et alors nos activités quotidiennes deviendront une bénédiction. Demandons au Seigneur de nous donner cette grâce de l’adorer et d’accomplir nos activités quotidiennes avec un cœur de chair. Amen !