22ème dimanche ordinaire B

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 29/08/21
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2020-2021

L’Evangile d’aujourd’hui est d’une cruelle actualité : nous voyons Jésus face à des religieux qui veulent l’application littérale de toutes les petites règles de la Loi et nous voyons à la télévision un grand pays d’Asie passer brutalement aux mains de religieux sévères qui, eux aussi, veulent l’application complète et sans nuance de vieilles lois religieuses, inadaptées aux temps modernes et surtout écrasant les femmes. 

Tout cela énerve certains non-croyants. Ils se révoltent face à ce fanatisme religieux. Ils vont même jusqu’à nous reprocher, nous les chrétiens, d’avoir été et d’être encore des croyants qui veulent enfermer les hommes et les femmes dans des lois étouffantes.  Et pourtant nous ici, tous ensemble, et nous sommes heureux d’être ici, tous ensemble.  Pourquoi ? Qu’est-ce qui fait la différence avec les fanatiques et pourquoi les non-croyants se trompent-ils quand ils nous accusent d’être des sévères et jamais contents.
            Tout d’abord, nous sommes heureux d’être ici, parce que nous retrouvons un ami, bien plus nous retrouvons le Fils de Dieu.  la messe du dimanche est pour moi comme un moment de repos, non pas de repos parce qu’on ne fait rien.  Nous ne sommes pas à la messe comme devant un feuilleton à la télévision.  Au contraire, nous ne sommes pas seuls devant notre poste, nous rencontrons quelqu’un.  Et c’est cela le plus important.  Nous rencontrons quelqu’un qui nous veut du bien, et qui l’a prouvé.  La première chose que nous devons faire dans ce cas, c’est nous asseoir, laisser de côté tous nos soucis et simplement nous remplir de la douceur de la présence de Jésus-Christ.

            Mais cela, nous ne le faisons pas seuls, nous le faisons ensemble.  Et cela est aussi important.   Nous l’avons bien vu pendant le confinement.  La messe à la télé, c’est bien.  Vivre la messe ensemble, c’est mieux.  Et pourtant, les chants sont parfois plus beaux à la télé, et l’homélie est souvent mieux faite à la télé, mais il n’y a pas cette grâce de la prière commune.  C’est pour cela que les moines vivent ensemble, c’est pour prier ensemble, car Jésus l’a dit lui-même : « quand vous serez deux ou trois en train de prier ensemble, je serai là avec vous, au milieu de vous ».  Et Dieu est là avec nous, au milieu de nous.

            C’est pour cela que, lorsqu’on nous accuse d’être des chrétiens étouffants, je dis non, nous sommes des hommes libres et épanouis parce que Dieu nous aime et nous a libérés de la peur de la vie.  Alors certains me diront : « oui, mais vous avez les lois de l’Eglise qui interdisant l’avortement et l’euthanasie ».  Et, moi, je dis : « oui, vous avez raison, et moi en plus je dis que j’ai les lois des dominicains et l’autorité de mon supérieur, ici, au couvent à Liège, et pourtant je ne me sens pas prisonnier d’un carcan, tout cela m’aide à être libre d’aimer plus encore ».  Et vous le savez aussi bien que moi : pour pouvoir aimer sa femme, il faut quitter ses copains et ses amis et, au lieu de passer toutes les soirées au café avec eux, il faut passer la soirée en famille avec sa femme et ses enfants.  Alors de deux choses l’une : ou bien on le fait à contrecœur, comme une corvée, ou bien on le fait par amour et cela augmente l’amour dans le couple.  Comme le dit Jésus dans l’évangile : c’est au-dedans de notre cœur qu’il faut enlever tout ce qui nous distrait de l’essentiel : vivre avec ceux que l’on aime, vivre avec Celui qui nous aime, Jésus-Christ.  Et, comme le dit le Deutéronome, dans la première lecture, alors Dieu n’est pas quelqu’un de l’extérieur qui nous impose des choses difficiles, il devient quelqu’un de proche, qui à l’intérieur de notre cœur, nous dit : « viens, je t’apporte tout mon amour ».