25ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 19/09/21
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2020-2021

Vraiment, parfois, Jésus a envie de s’asseoir et de se mettre à pleurer. Il vient d’expliquer à ses apôtres qu’il va bientôt être livré à la mort, et voilà que ses apôtres discutent de postes politiques : qui sera le plus grand dans le nouveau gouvernement de Jésus ? Qui sera échevin des sports ou de la culture ? Qui sera ministre des affaires étrangères ou des affaires sociales ? Tous sont intéressés par le profit immédiat.  Aucun ne réfléchit plus loin que le bout de son nez.  Et c’est vrai que c’est parfois difficile de faire des plans à longue échéance.  On l’a vu récemment.  Les inondations on frappé tant de gens, de commerçants et de petites entreprises.  Tout ce qui avait été prévu, la réparation du toit, la rénovation d’un magasin, l’achat d’une nouvelle machine-outil, tout cela a été balayé par les inondations.  Face à toutes ces incertitudes, face à toutes ces catastrophes qui nous menacent, on a besoin de force et de stabilité.  Comment faire ? Et même tout simplement que faire ?

            C’est pour cela que j’aimerais pouvoir vous raconter ce qu’a fait un pape qui venait d’être élu alors que Rome était dévasté par la peste et par la famine.  C’est Grégoire le Grand.  Il a été élu pape en 590. Après une longue période de sécheresse, la pluie s’est abattue avec tant de violences que le fleuve, le Tibre, a tout emporté avec lui, même les greniers à blé.  Par la suite, les eaux se sont retirées et elles ont laissé le cadavre d’hommes et de bêtes sur le lit de la rivière.  Arriva ce qui devait arriver : ce fut alors la peste et le choléra qui se répandirent dans la ville, tuant hommes, femmes et enfants.  Que fit Grégoire quand il fut élu pape ? Deux choses : il organisa de grandes processions de prière depuis les sept collines de la Ville jusqu’à l’église de Sainte-Marie-Majeure et il commanda du blé, plusieurs bateaux de blé qu’il fit venir de Sicile.  Vous le voyez : deux choses, l’une pratique, l’autre spirituelle. 

            C’est pour cela que ce n’est pas si bête que cela de vouloir devenir échevin des sports ou ministre de la santé ou sacristain, mais pas pour faire n’importe quoi et surtout pas par ambition personnelle, mais pour le faire de manière chrétienne.  Car il n’y a pas de bon système politique et il n’y a pas de société chrétienne, mais il y a une façon de chrétienne de vivre dans la société.  Et vous le sentez tout de suite : cela consisterait à faire de la place à la personne humaine dans la société, à lui rendre sa dignité, à prendre son temps pour nous laisser vivre.  Et cela peut se faire dans un bureau, dans un magasin, dans une usine, à la maison. 

            Mais beaucoup demanderont : comment peut-on le faire concrètement ? La première chose à faire pour pouvoir répondre à cette question est de se demander ce que Jésus a fait dans une telle situation.  Il y a pour cela les évangiles qui peuvent nous renseigner, mais nous sommes confrontés à des situations que Jésus n’a pas connues.  Il faut alors se renseigner auprès des saints, des hommes et des femmes qui concrètement dans leur vie quotidienne ont essayé de vivre chrétiennement leur situation, leurs difficultés, comme Grégoire le Grand pendant la peste de 590.  Ils ne nous donnent pas des recettes à appliquer directement et sans réfléchir, mais ils nous donnent une orientation, un dynamisme et aussi une créativité pour transformer une situation désastreuse en une situation de résurrection.

            Oui, Jésus aurait pu se mettre pleurer en voyant ses disciples se disputer pour avoir les plus belles places.  Mais il nous connaît : il sait que nous sommes capables du meilleur, comme du pire.  Regardez saint Pierre : il a tout d’abord trahi Jésus pour partir à Antioche puis à Rome pour annoncer la Bonne Nouvelle.  Nous aussi, soyons ambitieux : soyons les échevins de la miséricorde et les ministres de l’amour pour construire ici, aujourd’hui le Royaume de Dieu.